mercredi 14 novembre 2018

Home sweet home 3


A saisir: domaine en bord de mer



A chaque nouvelle visite, je garde l’espoir que la maison que je suis sur le point de visiter est LA maison. La maison où je vais enfin ouvrir mes cartons texans et où je vais jeter les sacs de graines achetés avec amour à la ferme des fleurs sauvages de Fredricksburg.  
J’attends donc un signe du dieu de l’immobilier, ou d’un de ses envoyés sur Terre, n’importe quel signe.

- J’avais eu un super bon feeling avec B. un agent immobilier très sympa qui m’avait laissé un message involontairement hilarant un matin à 8h24. Il avait une crève terrible, un nez bouché digne d’une sinusite surinfectée et après s’être dûment présenté, il avait été interrompu par un éternuement brutal mais surtout humide. Coupé dans son élan, il avait, j’imagine, raccroché précipitamment et cherché à effacer son message sans succès. Il m’avait donc laissé un deuxième message, les muqueuses toujours aussi encombrées, comme « si de rien n’était », ne revenant pas sur ses expectorations accidentelles.
J’ai beaucoup ri à l’écoute de son message qui a ravivé un souvenir qui date de quelques semaines après notre arrivée au Texas.
Un beau matin de septembre 2012, notre banquière texane m’appelle et me demande si je vais bien. Je suis stupéfaite, j’ouvre la bouche pour la remercier et là, m’étouffe littéralement. Impossible de parler, j’ai avalé ma salive de travers. Je tousse, essaye de reprendre ma respiration, m’étouffe de plus belle, tente de boire une gorgée d’eau au robinet, panique en l’entendant parler dans le combiné, et en pleine détresse respiratoire, je lui raccroche au nez. Quand enfin, j’ai repris mes esprits, j’ai eu envie de me cacher sous un meuble et d’y attendre patiemment le retour en France.
J’étais sûre que ce départ surprenant était un signe.

Mais j’ai tendance à voir beaucoup de signes dernièrement:
- Si la route est encombrée et que l’on arrive très en retard, si un lapin détale devant les roues de ma voiture, si il y a un portillon qui ouvre sur la forêt dans le jardin, si il y a un ruisseau au fond du jardin, si il y a une sauge du Texas dans le jardin, si le proprio a un oeil au beurre noir, si il y a des travaux, si il n’y en a pas, si il y a une tortue dans le jardin, si l’agent immobilier a un enfant dans la même école que Miss N., si l’agent immobilier divorce d’une femme américaine, si…
Bref, tu l’as compris, je suis arrivée à un tel stade de mysticisme qu’à défaut de trouver une maison, je vais me retrouver à Pierrefeu, (expression de cours d’école varoises, se référant à ce que l’on appelait un asile de fous quand le politiquement correct n’existait pas encore), ou me faire embarquer par une secte.

- J’ai cru bon de préciser à notre dernier agent, appelons-le L. (il a visité Dallas, c’est définitivement un signe), que je suis désespérée mais que je préférerais une maison dans laquelle personne n’est mort. Soyons honnêtes, on y pense tous, non! Non?
Tant qu’à être hantée, je souhaiterais que ça soit par de la famille proche et non pas d’obscurs défunts frustrés. Il m’a rassuré, en m’expliquant que 60% des maisons sont mises en vente à la suite de divorce mais qu’en cas de décès dans la maison, que je ne m’inquiète pas, il se devait de nous le dire. Ça peut en effet faire baisser le prix de la maison. 
Par exemple, une maison du voisinage s’est vendu 100 000 euros de moins à cause d’un meurtre dans une villa. Ce à quoi l’Homme a répondu en riant que lui, ça ne le dérangerait pas si on a une ristourne. L. s’est tourné vers nous et nous a dit:  « Ce que je ne vous ai pas dit c’est qu’ils sont cinq à y être passés ». 


Et ça, c’est un signe.







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