mercredi 5 février 2014

Différence culturelle n°2


Le Texan est poli, genre vraiment poli.
Il n'est pas rare que des gens que je ne connais pas s'adressent à moi dans la rue ou dans les supermarchés, pour échanger 2 mots sur la météo, me complimenter sur mon achat de poireaux (c'est arrivé hier et "qu'est que vous allez en faire?", "euh", vite, une idée, je suis française donc dans l'inconscient collectif  américain,un cordon bleu, "une soupe!" pfffff...), mon parfum même, une fois, et on s'excuse de se demander pardon, on se fait des courbettes, on se sourit, c'est bonne ambiance, quoi!

A la caisse des supermarchés, on me demande invariablement si j'ai trouvé ce que je cherchais. A ce sujet, ne répond jamais "non". Jamais.
J'ai essayé une fois, c'était Loïs à la caisse de Kroger. Loïs a 82ans. Minimum. Loïs s'obstine à me parler comme si c'était la première fois qu'elle me voyait. P'têt qu'elle a Alzheimer et fait ma connaissance tous les jours. Je sais pas. A mes "débuts", Loïs m'a demandé si j'avais trouvé mon bonheur, j'ai dit "Non, je n'ai pas trouvé le "parchment paper". (papier sulfurisé)
Loïs a paniqué grave. Loïs ne savait pas ce qu'était du parchment paper, j'ai expliqué, elle savait toujours pas. C'était "sorry par ci", "sorry par là".
Je crois surtout que Loïs n'a jamais fait cuire de cookies de sa vie OU elle a un silicone Demarle, ça va faire plaisir à ma copine qui me demande 3 fois par semaine: "T'as un silicone Demarle? C'est top!" Elle doit avoir des actions, ou alors je suis entourée de gens qui ne se souviennent pas de nos conversations et là, c'est plus inquiétant, mes conversations sont-elles insipides à ce point?
Donc, on a interpelé la caissière d'à côté mais je savais qu'elle saurait pas, parce que c'était un caissier, et j'ai beau ne pas être sexiste, si une mamie ne fait pas de cookies, c'est pas un jeunot qui va savoir.
Du coup, on a fait un appel au micro. C'te honte, tout ça pour faire cuire mes cookies sur mon silicone Demarle, que je ne me souvenais plus avoir acheté...

Tout ça, pour te dire que les gens sont super prévenants et polis.

L'été dernier, alors que nous "fêtions" notre 1ere année américaine, je me suis surprise à ne plus supporter tous ces "sorry" intempestifs...
Va faire tes courses dans mon supermarché "du coin de ma rue", et il y a de fortes chances que tu n'entendes pas moins de 4 "sorry" sur une sortie de 15 minutes. Généralement le point chaud se situe au niveau des yaourts. Oui, c'est surprenant, mais ça s'explique:
Je me refuse à acheter des yaourts contenant -pectine, colorants, arômes artificiels, ogm, antibiotiques, hormones, sirop de maïs, gélatine...
Du coup je traine, je tourne et je vire et les autres clients entament généralement leur chorégraphie du "sorry" autour de moi... MEME si tu ne les gènes pas mais qu'ils estiment qu'eux te dérangent dans ta profonde réflexion, ils s'excusent sans fin.
Je dois dire qu'au début, t'admires, au bout d'un an, tu mords!
Je craquais littéralement!
Tu rentres de tes courses, tu manges ton yaourt à rien devant la tv et là, tu tombes sur le quaterback de l'équipe des Dallas Cowboys.
Pour bien visualiser l'affaire, le gars est LOIN d'être une fillette, il a un cou large comme mes 2 cuisses, il a des grosses mains et des gros bras et des grosses cuisses. Il court 40 yards en 4 secondes, il te demande le ballon, tu lui donnes, et tu lui fais une bise aussi, et puis tu t'excuses accessoirement!
Bref, ce gars, tout en virilité et puissance est en pleine conférence de presse, et le nez dans le micro, il S'EXCUSE!!
"Je suis "sorry", je suis une grosse "shit", j'ai pas cassé des jambes aux méchants, j'avais les mains moites, ..."
Le gars est au bord de la dépression derrière son micro, je me suis dit tweetons-lui de gagner la France au plus vite! Ce garçon a besoin d'un remontant! Vite! Un stage avec nos footeux et la politesse ne sera jamais plus un obstacle pour lui.

En parlant de prostituées, je vais te raconter une théorie que j'ai entendu à plusieurs reprises. Je m'écarte un peu du sujet mais cette information (je ne sais pas trop comment l'appeler) m'amuse beaucoup.
Sais-tu qu'en Amérique, il vaut mieux éviter de donner à sa fille le nom d'une pierre précieuse ou d'une épice. Disons que sa voie est toute tracée. Qu'elle n'aura pas besoin de faire de longues études... 
Par écrit c'est plus difficile de faire des clins d'oeil égrillards.
Bon, exemple:
"-Sorry Ruby de te déranger, tu peux me rappeler le métier de ta soeur Ginger?
-Strip teaseuse."
Rien ne vaut une mise en situation finalement.

Pour en revenir à ce qui nous préoccupe, je pense qu'il s'agit d'un truc qui ne se propage pas la politesse. Ca s'arrête aux limites de l'état.
Mes amies texanes m'ont affirmé que les new yorkais sont des sauvages et d'ailleurs l'une d'entre elles, m'a expliqué que depuis que sa soeur habite Brooklyn c'est devenu une vraie "bitch". Je ne cautionne pas ces propos, je les rapporte simplement, que ce soit clair.
D'ailleurs je n'ai jamais mis les pieds dans cette ville, les gens sont exécrables.

JE PLAISANTE!

En Floride, par contre, pendant nos humides vacances, c'est pas compliqué, j'ai fait mes courses, au rayon yaourt, (tu suis, c'est bien), et j'ai vécu une totale agression de mon espace vital.
Bing! le coup de coude dans le nez de la petite. Bang! un coup de panier dans le dos du grand et si tu as le malheur d'hésiter sur tes 300 Lbs de viande hâchée, ta voisine te regarde avec une telle hargne dans l'oeil, c'est pas difficile, j'ai cru qu'on était rentré en France!!