jeudi 6 novembre 2014

Beaufort et Hunting Island



Après Savannah, nous avions prévu de planter la tente à Charleston, en Caroline du Sud. 175 kms séparent les deux villes. Mais au dernier moment, j'ai voulu faire un crochet par Beaufort, la ville étape "idéale" selon le Routard. C'est surtout la ville de Pat Conroy et je tenais à la visiter pour imprimer dans mon esprit tous les décors qui inspirent ses livres.
Bonne pioche, non seulement, c'est beau (l'Homme en parle comme de son étape préférée pour ce roadtrip, c'est dire...) mais en plus, c'est bon, et oui, une fois n'est pas coutume, je vais parler gastronomie.

La spécialité du coin: les crevettes!
Comme l'énumère Bubba dans Forrest Gump, les crevettes s'accommodent un peu à toutes les sauces dans le Sud:

"Anyway, like I was sayin', shrimp is the fruit of the sea. You can barbecue it, boil it, broil it, bake it, saute it. Dey's uh, shrimp-kabobs, shrimp creole, shrimp gumbo. Pan fried, deep fried, stir-fried. There's pineapple shrimp, lemon shrimp, coconut shrimp, pepper shrimp, shrimp soup, shrimp stew, shrimp salad, shrimp and potatoes, shrimp burger, shrimp sandwich. That- that's about it".

Nous avons mangé des crevettes préparées selon la méthode locale, shrimps and grit: des crevettes en sauce servies sur une polenta moelleuse.
Nous avons tellement apprécié que nous avons mangé des crevettes quasi tous les jours. Même dans les bouges les plus improbables; notamment au Crab Shack de Chimney Creek!
Des tables en bois sur une terrasse au dessus des marais, les crevettiers qui accostent sur le quai en face, des guirlandes dans les arbres, des ventilos dans tous les coins pour éviter de mourir étouffé dans la torpeur ambiante, un parc pour bébés alligators à l'entrée, des chats ventrus qui les observent d'un oeil blasé, un gros trou au centre de la table, la poubelle, et un robinet d'eau au milieu de la terrasse pour se laver les mains à l'aide d'une mixture à la pulpe de coco ...
Nous avons adoré!



L'objectif de la journée étant quand même de visiter la patrie de Pat, nous sommes allés à la pêche aux renseignements. A la libraire du port de Beaufort, Pat n'était pas là, mais ses bouquins dédicacés, si. J'ai donc acheté le dernier avec émotion, sachant que Pat l'avait tenu dans ses mains, puis j'ai prié que le talent soit un truc viral et que je l'attrape sur un postillon qu'il aurait envoyé sur la couverture.




Comme j'étais malgré tout un peu frustrée, j'ai suivi les conseils de la libraire et nous nous sommes rendus dans le quartier des vieilles demeures de Beaufort où les Conroy auraient une maison. Sauf que, détail gênant, elle n'a pas voulu me donner l'adresse exacte, même quand j'ai sous-entendu que je venais de France pour les voir (Pat et sa maison).
Un arrêt au visitor center et une contravention plus tard, je n'avais toujours pas plus d'informations sur la maison Conroy, mais j'avais une carte des demeures historiques...












Evidemment, il faut aimer la mousse espagnole et les grosses maisons à colonnades...


Difficile de s'imaginer le paysage de la Caroline du Sud avant d'y avoir mis les pieds. Il s'agit d'une région appelée "Lowlands"( les Basses Terres). Entre marécages et océan, les nombreuses rivières courent entre les villes et les domaines, et il est très difficile de distinguer où se trouve la terre ferme. Chaque maison possède sa jetée en bois au bout de laquelle attend un bateau à moteur. Souvent, on aperçoit une échelle, un plongeoir, un banc, un drapeau.





Lorsque nous nous sommes promenés au bord de ces "marais", on entendait l'eau qui se retirait à cause de la marée basse et des bruits un peu plus inquiétants, qui témoignaient de la vie intense qui grouille au milieu de la végétation. Personnellement, je n'aurais jamais mis un pied dans l'herbe ni sauté dans la rivière au bout du quai.

Avant le départ, j'avais noté le nom d'une île en face de Beaufort, accessible par la route, Hunting Island. C'est un parc d'état, où l'on peut passer la nuit, si on a pris soin de réserver une place de camping, environ 2 ans auparavant. Ici, les places sont rares car les gens se déplacent dans leur RV, des camping cars géants, restent plusieurs semaines au même endroit et y reviennent d'une année sur l'autre.
Je n'avais évidemment trouvé aucun emplacement disponible avant le départ, mais pris d'une inspiration soudaine, nous avons décidé de pousser la balade jusqu'à l'entrée du parc.
La fée des campeurs devait nous avoir à l'oeil, car miracle! Une place venait de se libérer...
Nous avons donc décidé de modifier tout notre planning et de passer une nuit dans cet endroit.
Pour visualiser le paysage, souviens-toi de Forrest Gump au Vietnam. Les scènes ont été tournées ici, dans cette végétation incroyable.




Les lumières sont interdites sur la plage à la nuit tombée pour ne pas perturber les tortues qui viendraient pondre sur le rivage. Nous avons donc fait un tour les pieds dans le sable blanc et fin, dans la nuit noire et profonde, sans Lune, et profité du moment. Nous avons également rencontré un monsieur avec qui nous avons discuté, et nous aurions été bien en peine de le saluer au petit matin, impossible de distinguer quoique ce soit cette nuit-là!

Nous nous croyions au Paradis jusqu'au moment de nous allonger dans la tente...
Nous avons compris pourquoi il y a tant de RV dans les campings aux Etats-Unis, et si peu de tente:
l'américain SAIT que sans air conditionné, tu ne dors pas. Ou alors achète une tente moustiquaire.
Nous n'avons pas du dormir plus de deux heures cette nuit-là. Il faisait tellement chaud et humide, on avait l'impression que nous n'arrêterions jamais de transpirer... nous avons dormi dans une moiteur intenable, les matelas s'étant transformés en piscine de sueur...


Nous avons définitivement quitté Beaufort et ses îles dans l'après-midi, direction Charleston, sa baie, ses forts, et ses plantations...




lundi 27 octobre 2014

Savannah






Pour bien commencer un article, il faut un titre accrocheur et une jolie photo.
Sinon, comment donner envie au lecteur de se plonger dans des aventures dans un coin du monde où il n'a pas particulièrement prévu de mettre les pieds, pour lire un article complètement subjectif, qui va relater un moment qu'il n'a pas partagé?

J'ai donc choisi successivement plusieurs titres et plusieurs photos et je me suis rendue à l'évidence: Difficile de choisir UNE photo de Savannah... et de ne pas donner son nom à l'article... Savannah, prononce-le à haute voix, et c'est déjà tout un programme...

Savannah, c'est d'abord une sensation. Descendre de voiture et sentir la moiteur de la ville te saisir. 95% d'humidité par 30 °C.
Tu comprends enfin pourquoi dans les films tournés dans le Sud, les héros ont la chemise collée à la peau, transpirent abondamment et les flics ont toujours l'air un peu débraillés et lymphatiques.
Tu comprends aussi, pourquoi les maisons ont des terrasses et des patios meublés de balançoire où les héros prennent le frais à la nuit tombée...
Et surtout tu bénis le bon général Oglethorpe, qui a créé la ville selon un plan militaire rigoureux: géométriques, symétriques, des rues qui se coupent en angles droits et à chaque intersection, des parcs arborés, avec tout le tralala habituel: statues, gazon et moustiques, mais surtout des bancs...

C'est simple, on a squatté tous les bancs de la ville, dégoulinant de sueur, à la recherche du moindre courant d'air. Le seul que nous n'ayons pas trouvé, c'est le banc de Forrest Gump, normal, "la vie c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber". Ton banc, Forrest, n'est plus dans Chippewa Square; il a été enfermé dans le musée de la ville après que des petits rigolos ont décidé de le dépiauter pour en faire des souvenirs.

Chippewa Square, et l'emplacement du banc de Forrest, cerclé d'une chaîne.
La belle Savannah aurait pu être détruite comme tant d'autres villes du Sud pendant la guerre de Sécession. Mais cette ville est un bijou dans son écrin de verdure. En 1864, lorsque les troupes de Sherman se sont retrouvées aux portes de la ville, le maire de Savannah a mené une délégation à sa rencontre et lui a offert la reddition de la ville si il ne la brûlait pas. Accord accepté, voici le télégramme envoyé au Président Lincoln par Sherman:

"I beg to present to you, as a Christmas gift, the city of Savannah with one hundred and fifty guns and plenty of ammunition, also about twenty-five thousand bales of cotton."

Il remettait la ville à Lincoln en cadeau de Noël avec ses canons, ses munitions et son coton!
Sherman y est resté un mois et a repris sa marche vers Columbia qui, elle, a été entièrement brûlée.

Aujourd'hui, on peut donc toujours y admirer le charme et l'opulence du Vieux Sud, ses maisons à colonnades, ses balustres en fer forgé et ses jardins...

Des magnolias à profusion, des recoins ombragés et des palmiers dans tous les jardins...


Le balcon de la Armstrong House qui vaut le coup d'oeil


Joli, non? Petit bas relief d'inspiration romaine sur le mur...

Ces maisons se trouvent dans Jones Street, la plus belle rue des Etats Unis d'après les infos du Routard...




Comment évoquer Savannah sans parler du livre de John Berendt, "Minuit dans le Jardin du Bien et du Mal", dont l'adaptation au cinéma de Clint Eastwood met en scène la ville et sa réputation d'une ville de réjouissances.
Berendt explique d'ailleurs que cette ville prospère était aux mains de riches hommes d'affaires, toujours grâce au commerce du coton et que les soirées se succédaient les unes après les autres au centre de Savannah.
"Si tu vas à Atlanta, la première question qu'on va te poser est: Tu travailles dans quoi? Si tu vas à Macon "A quelle église tu vas? A Augusta, le nom de jeune fille de ta grand-mère, mais ici à Savannah, la première question que l'on te pose, c'est : Qu'est ce que tu bois?"

Le bouquin relate le procès qui a eu lieu dans les années 80, lorsqu'un collectionneur d'art, Jim Williams, qui
occupe alors la Villa Mercer, assassine son jeune amant et se voit finalement acquitté au terme de plusieurs procès.


L'action se déroule essentiellement ici. Certaines se souviennent peut-être, non sans émotion de l'apparition d'un Jude Law débraillé (et transpirant), devant cette maison, les mains dans le cambouis, plongé dans le capot de sa voiture...

Nous nous souvenions de quelques belles scènes tournées dans le Bonaventure Cemetery, le cimetière où tout le gratin de Savannah est enterré, nous y avons donc fait une balade. Une balade en voiture... parce qu'après 15 min de marche, nous étions sur les rotules et limite déshydratés.
Inutile de chercher la Bird Girl, la statue emblématique du film ET du livre, elle fait chambre commune avec le banc de Forrest.
Les tombes sont envahies de mousse espagnole et de végétation, et les statues sont de vraies oeuvres d'art.






On a rencontré pas mal de calèches bourrées de touristes qui proposaient de faire des visites nocturnes des rues de la ville avec pour thème, les fantômes et les maisons hantées. On ne s'est pas laissé tenter!

Le quartier du port vaut le coup d'oeil aussi, il a été réhabilité, et le résultat est plutôt réussi.  Et, il y a des bancs...



Une vue sur la Savannah River et le fameux port de commerce:




 C'est justement sur le port que je suis tombée sur cette statue, avec une citation de Maya Angelou,

"We were stolen, sold and bought together from the African continent.
We got on the slave ships together. We lay back to belly in the holds of the slave ships in each others excrement and urine together. Sometimes died together and our lifeless bodies thrown overboard together. Today, we are standing up together. With faith and even some joy."
Maya Angelou



J'ai cherché la traduction officielle que je n'ai pas trouvé. J'ai tenté ma chance. Pardonnez les inexactitudes:
"Nous avons été volés au continent africain, achetés et vendus ensemble. Nous sommes montés sur les navires négriers ensemble. Nous nous sommes allongés dos contre ventre dans les cales des navires dans nos excréments et notre urine ensemble. Quelquefois nous mourrions ensemble et nos corps sans vie étaient jetés par dessus bord ensemble. Aujourd'hui, nous sommes debout ensemble. Avec foi et même joie."



mardi 21 octobre 2014

Le road trip de l'été



Destination:

Le Sud Est des Etats Unis.
Pourquoi là plus qu'ailleurs? Je suis une grande fan des romans de Pat Conroy (je sais que tu sais qui c'est, si je te dis "Le Prince des Marées", tu vois?) et je voulais vraiment découvrir le Sud et surtout Charleston et Savannah.

L'itinéraire:

Natchez, Mississippi
Atlanta, Géorgie
Savannah, Géorgie
Beaufort, Géorgie
Charleston, Caroline du Sud
Asheville, Caroline du Nord
Nashville, Tennessee
Memphis, Tennessee

Rien que de lire ces noms, j'ai envie de repartir!

Première étape: Natchez


Comme une tradition, la pluie tombait sur Bedford quand nous sommes partis. A la différence que la pluie par 34°C, on la vit comme un soulagement. Nous étions super impatients de retrouver l'océan et nous avions même envisager de faire la route jusqu'à Savannah d'une traite.
Difficile de trouver une étape excitante sans s'écarter trop de l'itinéraire entre Dallas et Savannah. Finalement, à force de scruter la carte, j'ai élu Atlanta sans grand enthousiasme. Puis Natchez, qui semblait intéressante pour se dégourdir les jambes après 7h de route.

Natchez a été la révélation du voyage. C'est une ville blottie au bord du Mississippi. Elle a été l'une des villes les plus riches des Etats Unis à la grande époque du commerce du coton. Elle a été alternativement espagnole, française, anglaise et encore espagnole avant de devenir définitivement américaine.
La partie basse de la ville, au pied du quartier historique, se situe au bord du fleuve: emplacement stratégique des bars et bordels de l'époque, où les bâteaux à vapeur chargeaient le coton.
Le quartier des marins, encore appelé Under The Hill, a petit à petit été dévoré par le fleuve et une décision a été prise d'établir la ville sur le plateau surplombant le fleuve: Upper Natchez.





Un petit saloon d'époque. Dans le film Huckleberry Finn, avec Elijah Wood (Frodon), ce bar a servi de décor pour la salle de classe.














Le Mississippi et un vieux steamboat, aujourd'hui un casino.









Upper Natchez est un petit bijou. Mais il ne faut pas oublier que derrière les somptueuses demeures "ante bellum", épargnées par la guerre de Sécession, se cache le tragique destin de milliers d'esclaves. Toutes ces énormes plantations de coton demandaient une main d'oeuvre considérable que le commerce des esclaves se chargeait de fournir.
Au cours de la visite de Natchez nous en avons appris beaucoup sur les destins tragiques et torturés.
Tel le prince Abdoul Ramane, pris en otage par une tribu adverse, en Afrique de l'Ouest, il est revendu à des négriers qui le ramènent au Nouveau Monde. Arrivé à Natchez, il devient esclave.  Il se marie et a neuf enfants.
Plus d'une trentaine d'années plus tard, un homme vient en visite à la plantation et le reconnait. Après maintes tractations, il peut retourner dans son pays, mais sans sa famille. A 66ans, après 40 ans d'esclavage, il retrouve l'Afrique mais séparé de sa famille, restée à Natchez. Il mourra sans avoir le temps de retrouver son village.

 

La villa Rosalie est construite à l'emplacement du premier camp français qui a fini dans un bain de sang...





Stanton Hall, construite en 1857, style Greek Revival, j'ai eu un coup de coeur pour le motif du fer forgé, qui se répète tout autour de la maison.




















Dunleith, la maison la plus photographiée de Natchez, elle est située stratégiquement, au bord de la route. Style "Greek Revival", mon petit coeur de midinette n'est pas encore remis!
Certaines scènes du film "Huckleberry Finn" ont aussi été tournées ici.









Après nos traditionnelles trombes d'eau de début de vacances, nous avons repris la route et décidé d'emprunter la Natchez Trace Parkway, la route des premiers pionniers. Elle relie Natchez à Nashville. C'est un endroit paisible, où grouillent Bambis et troupeaux de dindes sauvages sur les bords de route.




Une petite halte à Atlanta... quelques heures de route, encore, et c'est la révélation, l'arrivée à Savannah.


jeudi 2 octobre 2014

Le petit road trip illustré (suite)

Chapitre 2: De l'organisation

Avant toute chose, il faut choisir:

La destination

Dans les entreprises, on rassemble un groupe de personnes, on leur soumet une problématique, et là, ils vont jeter des idées allant dans le sens de la solution, et ça s'appelle un brainstorming.
A la maison, l'Homme dit " On pourrait aller dans le Colorado? ou dans le Big Bend?" et à la fin, on va où j'ai décidé. C'est à dire dans des destinations qui ne requièrent le port d'aucun "skis-casque-cordes", aucun diplôme de sports extrêmes et où les activités se font au mieux en tongs, au pire, en sandales.
Après, il faut décider du mode de transport. Vu que c'est un article qui vante les mérites du road trip, la surprise est relativement limitée. On prend la voiture. Mais attention avant de remplir le Toy jusqu'à la gueule, se pose THE question essentielle.

L'itinéraire

Pour bien cerner le problème, je dois expliquer qu'en tant que texans, on se heurte très vite au problème essentiel: sortir de l'état.
Le Texas a une plus grande superficie que la France, donc quand tu voyages en voiture:

Tu sais que tu es texan quand tu fais un road trip et que la partie la plus longue, c'est sortir de ton propre état.

J'ai visité beaucoup de sites internet, lu pas mal de guides, et généralement, les voyageurs arrivent en avion dans une ville et repartent à la fin du voyage d'une autre ville.
Nous, on part de Dallas pour revenir à Dallas.
Donc, on va loin mais on sait aussi qu'au moment de rebrousser chemin, il va falloir gérer le traumatisme du retour (si-si traumatisme n'est pas un mot trop fort vu la tête de certains participants le jour J) mais aussi la motivation pour conduire de longues heures sur des longues routes droites. Avec un peu de chance, tu n'empruntes pas le même itinéraire qu'à l'aller et tu peux espérer remotiver les troupes avec des cris enthousiastes "oh! un pont" ou "oh! du sable".
Crois-moi, après 15 heures de route, plus personne ne lève les yeux de son bouquin...

Il faut donc essayer d'essaimer le trajet retour de petites curiosités gastronomiques ou autres haltes touristiques. Parce qu'en plus, le Texas, c'est raplapla et même si  c'est super dépaysant au début, sérieux, à la fin, tu meurs d'ennui...

N'oublie pas non plus que ta voiture va être ta maison pendant quelques semaines. Ce qui me permet de passer à un autre point important.

Le remplissage

On dégaine la liste, rédigée, travaillée et dont la mouture définitive a été tapée dans un tableur par l'Homme cet été. Faut croire que ma version papier-crayon v2.0 n'était pas assez performante. Mais je n'en prends pas ombrage, mon mari est capable de créer un tableur juste pour comparer quel vélo va le plus vite.
Entre l'aspivenin et la cortisone, on glisse la bouteille d'huile d'olive et la réserve d'eau, sans oublier le magnum d'anti moustiques.
Sifflet, je sais plus trop pourquoi j'ai exigé un sifflet au départ du road trip dans l'Ouest, coutelas de Rahan, la glacière XXL dûment vidée-remplie tous les matins du voyage, la tente et les matelas gonflables, les sacs de couchage, ET tout ça même si on prévoit de dormir à l'hôtel.
On charge les cartes, les guides, les gâteaux, les enfants et le thermos de thé.
On est prêt!




mercredi 1 octobre 2014

Le petit road trip illustré.

Chapitre 1: crawl, walk, run



Le road trip est un sport national, que dis-je une institution, aux US. Nous qui pensions prendre l'avion comme on prend le train en France, nous nous sommes clairement trompés.
Quel plaisir de prendre la route, dans une grosse américaine de 8 places, et de découvrir le pays sur ses immenses highways gratuites!
Une voiture confortable, de la musique, une bonne compagnie, et surtout des yeux bien ouverts pour mémoriser ce que cet immense pays nous offre.


En 2012, notre premier périple nous a révélé un peu timides et tâtonnants: un petit week end à San Antonio, à 4h de route, pour trois jours. On a découvert des domaines qui courent sur des kilomètres, où les vaches vivent en totale liberté au milieu des cactus en fleurs et de la rocaille. Des portails immenses qui ouvrent sur des champs plats et des terres infertiles à perte de vue, cernés de barbelés sur des kilomètres.


Puis, l'aventure à Thanksgiving, la Louisiane, avec un stop à Houston, au musée de la NASA...
Une semaine incroyable à s'émerveiller non-stop, de Breaux Bridge, les plantations Oak Alley, Laura, et les bayoux... à La Nouvelle Orléans, sa gastronomie, son mysticisme, sa sensualité et sa musique. 
Neuf petites heures de route pour le trajet retour mais surtout une aventure inoubliable!




Puis, début janvier 2013, pour Martin Luther King Day, nous avons décidé d'aller à la plage. 
Huit heures de macadam pour renifler l'iode.


On a donc filé au sud, traversé l'état, admiré nos premiers derricks,


emprunté un ferry pour rallier l'île de Port Aransas, 


découvert des plaisirs coupables, comme se garer sur la plage, 


et ne pas être piétiné par ses voisins,


pris des photos,



de la faune locale,


et admiré l'architecture insulaire.

Les maisons sont construites sur des pilotis pour anticiper le passage des ouragans et la montée des eaux. Les jardins sont fleuris en plein mois de janvier, les palmiers bruissent doucement dans le vent et la vie est bien agréable, rythmée par les allers retours du ferry qui fait la liaison avec le bruyant continent.

Nous avons très vite pris goût à la route, à la liberté qu'elle nous donne, à l'excitation qu'elle nous procure, nous ne sommes pas partis depuis un mois et demi, et perso, j'ai déjà des fourmis dans le volant.




jeudi 11 septembre 2014

Carie en anglais ça se dit cavity


Depuis deux ans que nous habitons ici, nous n'avons de cesse de nous étonner des dents parfaites des américains. Alignées, blanches, sans défaut, à chaque fois qu'on te décoche un sourire, c'est une pub ultrabrite.
Il y a quelques années, alors que je regardais Les Experts, je me suis étonnée d'une répartie du médecin légiste, penché au dessus du corps d'une macchabée dont l'identité restait à découvrir; il décrétait en effet quelque chose du genre: " au vu de sa dentition, on peut en déduire qu'elle vient d'Europe de l'Ouest"... et s'en suivait une description de la pauvre qualité de ses soins et de ses dents.
Je ne sais pas si je suis la seule à avoir été choquée mais bon, il faut bien avouer que les ventes de brosses à dents en France et de déos ne jouent pas en notre faveur.

Manque de chance, une seule remarque au détour d'une conversation dans l'année, sur un mec qui pue et qui ne prend pas vraisemblablement pas de douches régulières (par 40°C quotidien au Texas, pendant 3 mois, ça ne pardonne pas), et EVIDEMMENT, c'était un français...

De même, alors que je soulevais le problème de cette terrible réputation INFONDEE devant une assemblée de français expats, ils se sont quasi tous mis à rire en disant: "infondée, mouais..."

Tous ça pour en revenir au sujet de mon article:
L'hygiène bucco-dentaire américaine.

Grâce à mon immense dévotion et à mon abnégation et mon courage et la puissance de mon investigation dans la banlieue Dallasite et Bedfordienne, je suis en mesure de te révéler le secret.

Bon, en vrai, j'avais un mal aux dents qui me vrillait la molaire et une trouille à crever d'aller chez le dentiste et j'ai pleuré devant mon téléphone une semaine avant de me décider à prendre rendez-vous chez THE dentiste.

Le truc, c'est qu'après avoir écumé près de 20 dentistes autour de mon lieu de résidence en France et ce, depuis mon plus jeune âge, puis avoir cotoyée une orthodontiste psychopathe pendant 4 ans, (ma copine américaine n'en est toujours pas remise: "Quoi, 4 ans??!!" "oui, et bien sous mon physique de jouvencelle se cache l'âme d'une pionnière de l'orthodontie, et à l'époque c'était 4 ans" "OH MY GOD, you're old!"), je suis un peu traumatisée de la roulette.

Non, je ne donnerai pas de noms mais si tu veux, je vais te faire un petit topo rapide.

Il y a eu le dentiste sadique et pas du tout patient qui s'énervait parce que je n'ouvrais pas la bouche parce que j'étais terrorisée. J'étais petite. Toi, je ne sais pas où tu te terres, mais je te hais.
Il y a eu celui qui écoutait des chants grégoriens en te meulant la molaire et crois-moi, plutôt que de me décontracter, ça avait l'effet inverse, j'avais l'impression qu'il priait intérieurement pour le repos de mes canines.
Celui qui tremblait tellement que mon père disait que lors des anesthésies, il jouait aux fléchettes.
Celui qui avait une barbe et qui des fois, s'enrhumait... et tu savais qu'il était enrhumé au premier coup d'oeil...
Celui qui m'a soigné une carie et m'a fait gonfler la machoire, et pendant une semaine, alors que mon oedème passait du bleu au violet puis au jaune, j'ai du subir les interrogatoires de l'école genre :" Tu as des problèmes à la maison en ce moment?" ou encore mieux "Ton père t'a frappé?"
Bon, là, si tu ne connais pas mon père, c'est sûr, c'est pas drôle. Disons que mon père question éducation, c'est un peu le Dalaï Lama, tu vois?
Celui qui m'a laissé un souvenir plutôt pas mauvais, mais qui est tombé dans les affres de l'incompétence depuis que ma dentiste m'a démontré par A+B, radios à l'appui que son boulot tenait du miracle. Surement grâce aux prières de l'autre.
Puis, le dernier. The last but not the least.
Celui, grâce auquel je me retrouvais là. Qui m'a soutenu il y a un peu plus d'un an, que non, un petit bout de dent ébréché, c'est rien. Qui a baclé ses détartrages comme tous les autres avant, en 1/4 d'heure.

Ah, ben oui, M'sieurs Dames, déjà, ici, un détartrage ça dure plus d'une heure.

Puis, on te fait un check-up, on te fait des radios des points sensibles, on scrute, on te fait une radio de la langue... On te fait remplir des questionnaires, exhaustifs, sissi, concernant ton état général.
GE-NE-RAL!
Quand je dis général, ça va des problèmes cardiaques aux problèmes ORL, en passant par les maladies vénériennes, la tension, l'alcoolisme, la drogue, etc...
Mon mari, qui y est allé après moi, a même cru qu'il était bon pour une coloscopie vu la profondeur de l'investigation.

Une copine française qui a vécu la moitié de sa jeune vie ici m'a déclaré il y a une semaine: "T'as peur d'aller chez le dentiste aux US? Crois-moi, moi, j'ai peur d'aller chez un dentiste français maintenant."
Sur le coup, je me suis dit, elle est dure quand même...
Maintenant, je soutiens et j'abonde!

Le secret

Mon dentiste, pour la première fois, est une femme, quinqua, elle est belle et elle sent bon. Les assistantes sont habillées en jaune fluo, sont maquillées et coiffées, pas compliqué, j'ai cru que j'étais à la Fashion Week. La secrétaire m'a appelé Sweetie et Honey au téléphone, et quand je suis partie, elle m'a dit qu'elle était ravie de m'avoir rencontrée. C'est la première fois que j'ai l'impression de me faire une copine chez le dentiste!
L'eau du robinet est renforcée en Fluor, ça aide, c'est sûr.
Avec les tarifs des dentistes, (crois-moi sur parole) t'as pas envie d'avoir des soins à faire, parce qu'alors pour le coup, si le doigté et la gentillesse du dentiste t'ont séduit, la facture est une dent de sagesse enlevée au burin et au marteau.
Donc, tes gamins, tu les mets à la brosse et au fil dentaire à partir de 2ans, et les "cleaning", ce que nous appelerions détartrage, c'est tous les 6 mois.
Et puis, le détartrage c'est après massage de la gencive à la crème anesthésiante, et port des lunettes oranges, parce que la lumière dans l'oeil c'est agressif, et pour la première fois de ta vie, tu ne vas pas repartir du cabinet du dentiste avec le mascara sur les genoux et l'impression d'avoir pris une douche.


Et après, tel Miley Cyrus, tu pourras exhiber ta cavité buccale avec fierté.









vendredi 5 septembre 2014

L.A.


Au mois de Février, nous sommes allés visiter Los Angeles.
Nous y sommes restés une semaine.
Même les enfants ont apprécié. Il faut dire qu'ils séchaient l'ecole, ça aide. Mais en plus, courir dans le sable et tremper leurs pieds dans le Pacifique pour la première fois de leur vie, les a comblé.


Le problème quand on écrit de façon sporadique dans son blog, c'est qu'on a tendance à oublier. Le point positif c'est que ca permet d'aller à l'essentiel.

Six mois plus tard, qu'est ce qu'on a retenu de cette semaine à Los Angeles?

La plage

Les premiers jours ont été dédiés à la plage et nous, quand on va à la plage on ne lésine pas: direction Santa Monica, comme les stars!
Un peu moins d'une heure de route pour rallier Santa Monica Beach.
L.A., c'est grand.
Sur la route, les enfants bouquinent comme d'hab mais ça n'entame absolument pas mon enthousiasme débordant comme à chaque fois:
"Hé, vous avez vu? Maman conduit à Los Angeles. Jamais je n'aurais cru qu'un jour JE conduirai à L.A. Vous avez vu? JE SUIS A L.AAAAA.!! "


L'aller passe donc relativement rapidement, je hurle littéralement de joie en apercevant le panneau Hollywood de loin, ce qui va se reproduire approximativement 2 fois par jour pendant une semaine.
Surtout que le retour mettant à peu près le triple du temps à cause des embouteillages, le panneau, on l'a bien vu...
(Alors, là, il devrait y avoir une photo. Mais y'en a pas, cherche pas, c'est comme Las Vegas, y'a pas...)

Bref, la météo n'annonce rien de bon pour la deuxième partie du séjour mais aujourd'hui le soleil et la douceur californienne sont au rendez-vous, les places de parking, chères mais disponibles, et l'essentiel s'offre à nous gratuitement: l'océan nous tend les bras...




Le Pier de Santa Monica et sa fête foraine, la plage de sable blanc que j'imagine foulée par toutes les stars et leurs lardons, Muscle Beach et ses sportifs, tout est comme dans les films/magazines/reportages sur L.A.





L'observatoire de LA, dans Griffith Park, à 2 pas d'Hollywood.

L'un de nos meilleurs souvenirs avec la plage est la visite de l'observatoire de LA. Idée génialissime, nous avons pu contempler la ville en prenant de la hauteur et admirer la vue depuis les collines jusqu'à la mer, en plus de la visite du musée, ce qui ne pouvait pas faire de mal à nos neurones en vacances.


"Là où les stars sont les étoiles", slogan de l'observatoire...
Sa construction a été possible grâce au don de M. Griffith, un homme fortuné, qui avait tenté d'assassiner son épouse. Don fort génant s'il en est, la ville de Los Angeles, ne commença la construction qu'à la mort du généreux donateur.
La visite vaut le détour, ne serait-ce que pour la vue et l'édifice, style Art Déco, mais les expos sont aussi très interessantes:
Sismographe, planètes, éruptions solaires, pesanteur, Einstein, tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'espace et la Terre... enfin révélé à vos yeux ébaubis.

Parmi les beaux souvenirs de Los Angeles, le Norton Simon Museum, à Pasadena

J'aime bien les musées, et il faut souvent y traîner les enfants qui préféreraient jouer à la plage toute la journée. Nous, on a un truc imparable: une météo pourrie.
Donc, après la Floride pieds dans l'eau (littéralement), après Washington sous l'orage tropical en plein shutdown, (note la redondance de la poisse),  nous voici en Californie, une semaine de pluie en 10ans, on y était...

Ce qui est bien dans les grandes villes, c'est les visites nocturnes. Ca évite de traîner à l'hôtel en regardant désespérément la télé et la fenêtre, pour contempler le même spectacle désolant.
Et puis bon, faut pas exagérer Los Angeles sous la pluie, c'est toujours plus excitant que Bedford sous la pluie (comme dirait ma mère, "arrête de te plaindre, tu pourrais être otage chez les Farc!)

Le Norton Simon Museum organise des visites nocturnes ET des concerts. Ce soir-là, concert de guitares espagnoles.
L'Homme a très vite choisi son camp, chez les Ibères, et a eu le bon goût d'emmener les lardons qui ne collaient pas au groupe (moi) et donc faisaient paniquer les gardiens de prison, pardon de salle, qui interdisent aux enfants de s'éloigner de plus de 4 mètres des parents.

Un paradis pour les yeux, ce musée est un bijou. Ne vous demandez plus (parce que je sais que vous vous posez la question) où sont les plus belles sculptures de Degas, elles sont là.
Renoir, Manet, Monet, Picasso, Van Gogh, Gauguin... et des guitares espagnoles... le top!


Aquarium of the Pacific à Long Beach


Le jour suivant, il pleuvait toujours. Les palmiers commençaient à pencher dangeureusement sous les bourrasques de vent et leurs palmes faisaient des épluchures sur la route et sur les pare-brises, alors on s'est réfugié à l'Aquarium du Pacifique.
Ceux qui me connaissent savent que je supporte mal les animaux en captivité et bien qu'ayant vécu de longues années près de Marineland, je n'y ai jamais posé un pied. Je ne juge personne et chacun fait fait fait c'qui lui plaît plaît plaît, mais vraiment, j'ai du mal avec les cirques de village et leurs lions faméliques, les zoos petits comme des mouchoirs de poche et les dompteurs d'otarie et autres...

J'ai donc fait extraction de mes principes (l'extraction étant beaucoup plus douloureuse que l'abstraction), et c'est sous des trombes d'eau que nous avons traversé le quai où est amarré le Queen Mary, et oui, elle est bien là, "la vieille anglaise, échouée si loin de ses falaises, sur un quai de Californie", pour entrer dans ce lieu de perdition pour animaux à branchies et à écailles...

Les enfants ont donc eu l'occasion de caresser des requins, des raies, des méduses et de contempler des aquariums remplis de Némo et de Dory qui, ironie du sort, font mur commun avec des slogans écolos genre prenez soin de l'océan et de ses habitants.
Ouf, les shows genre Sea World était annulés ce qui vous évitera une trop longue litanie de ma part sur les malheurs que nous infligeons au monde animal si vulnérable.


C'est bien joli tes souvenirs de vacances, me direz-vous, mais qu'en est-il de Hollywood Blvd, Rodeo Drive, Beverly Hills, Melrose, les stars, toussa quoi!

Commençons par planter le décor:

Quand on arrive en voiture à L.A., y'a plusieurs possibilités, tu suis le GPS ou tu suis pas le GPS. Nous on est des aventuriers, des vrais, des Indiana Jones de la ville, et des fois, on y va au feeling...
Et à L.A., quand t'y vas au feeling, ben des fois tu tombes sur le côté pile de la ville.
Tu sais que t'as atteint le côté pile quand tu vérifies que tes fenêtres sont fermées, tes portières verrouillées, que tu jettes des coups d'oeil inquiets sur les gens dans la rue en priant pour que le feu passe au vert.
L.A., c'est pas que du strass et des Oscars, mais ça, on a tendance à l'oublier. Moi, j'avais oublié et quel choc de se retrouver nez à nez avec une telle pauvreté. Des rues que tu croies remplies d'ordures et de poubelles, jusqu'à ce que tu réalises que ce sont des habitations et que des gens vivent dedans.
Une sacré claque.

Le côté face, c'est ce que tous les touristes du monde viennent chercher:
Les maisons des stars, LES stars et le bling bling.

Les maisons des stars, en fait, on s'en est lassé assez vite. Je suis incapable d'en décrire une en particulier. On en a vu tellement, et cherché plus encore!
La seule qui m'ait laissé un vague souvenir, c'est la maison de Bugsy Siegel. Elle est habitée et je me pose toujours la question: qui a envie de vivre dans une maison où la cervelle d'un mec a servi à repeindre les murs?

Chez Bugsy
Le Château Marmont dissimulé dans la verdure, et ses fantômes.

Le Château Marmont
Sunset Blvd, à faire de nuit, vraiment... avec tous ses néons et sa faune nocturne.
Melrose Avenue, ses boutiques décalées et ses restos branchés ( et inversement).
Mulholland Drive, visitée de nuit, alors qu'on cherchait la maison de Marlon Brando, un brouillard à couper au couteau, et d'un coup t'es dans un film d'Hitchcok!

On a aussi visité le Natural History Museum, mais je sens que ça va lasser tout le monde, moi-même, j'ai eu du mal à boucler la visite sans ronchonner.
Difficile de garder son enthousiasme intact après le 73 ème fémur de bronchiausore...

J'avoue qu'au départ, Los Angeles n'était pas dans ma bucket list (Rien à voir avec le seau et les glaçons). Et finalement, j'ai apprécié le moment, la ville, l'art de vivre, les gens, complètement différents des texans, et puis la pluie, parce qu'au Texas, la pluie, c'est pas commun.