mardi 20 janvier 2015

Chimney Rock: là où Daniel Day Lewis court cheveux au vent et tomahawk à la main, et non pas l'inverse.


En quittant Charleston, on savait que l'on quittait définitivement la mer. Regrets mesurés parce qu'à cause de la chaleur et de l'humidité, les nuits étaient courtes, pénibles et caniculaires... Et puis, dormir à côté d'un alligator ne m'enchantait pas plus que ça. Du coup, on espérait trouver dans les montagnes un peu de fraîcheur et de repos.

Direction Asheville, Caroline du Nord, coincée au pied des Smoky Mountains, l'extrême sud des Appalaches, nous allions prendre de l'altitude.
Chimney Rock est un éperon rocheux qui culmine à  755 mètres et surplombe une rivière et un lac, le Lake Lure. La première surprise en arrivant dans les lacets au pied du lac, c'est le nombre incroyable de marmottes, installées au bord de la route, plutôt dodues les marmottes d'ailleurs, qui regardent passer les voitures.


Le village au bord du lac est une vraie station balnéaire: pédalos, plage de sable, toboggans, et même des canards un peu envahissants, ce qui rend le pique-nique dans l'herbe, euh, salissant. Après avoir fait le tour du Lac, direction le camping. Cette fois, pas de tente, on loue une "cabin": une sorte de bungalow riquiqui-trop-mignon-tout-en-bois.
Une fois de plus, nous avons la possibilité de faire un feu de camp, même installés sous des Hickory, des noyers majestueux, au bord d'un lac qui prend des airs mystérieux au petit matin dans la brume...
Atmosphère extrêmement agréable, à la nuit tombée, tout le monde allume son feu de camp et nos voisins attrapent leurs guitares et entonnent des vieilles chansons country.

Le camping, ça fatigue
Finalement, même si les températures s'annoncent plus clémentes, les bébêtes grossissent au fil du voyage et cette fois, la personne de l'accueil nous a annoncé que des ours auraient été aperçus dans les parages...
J'appréhende un peu l'hypothétique excursion-pipi nocturne. Déjà que je n'en menais pas large à Charleston...
Toi qui te moques, imagine que tu rejoins les toilettes, dans l'obscurité totale, accompagné de ton imagination galopante, sachant qu'au minimum UN alligator nage dans le lac en face.
Même en t'imposant une déshydratation préventive, tu ouvres les yeux à deux heures du matin et tu essayes de faire abstraction de la gorgée d'eau que tu as accidentellement avalée à l'heure du brossage de dents.
Crois-moi, c'est impossible.  Et tu as l'impression que tous les grizzlis du coin sont en faction derrière la porte. Surtout qu'à l'entrée d'un Park du Colorado, j'ai clairement vu un panneau expliquant qu'une portière n'arrête pas un ours... alors une porte en rondins...
Bref, non seulement il faut trouver le courage d'y aller mais en plus, tu réalises soudainement que dehors, il fait vingt degrés de moins que la veille.
Ah, les plaisirs du camping!

Pour en revenir à Chimney Rock, sûrement plus intéressant que des vulgaires problèmes de vessie, c'est là que le film Le Dernier des Mohicans a été tourné. Des chouettes balades nous tendent les bras, avec cascade et vue imprenable sur la région.

Le point culminant est à 2480ft, à peu près 760m



C'est haut et il y a pleins de marches en bois qui grincent pendant l'ascension, mais comme tu ne veux pas passer pour une mémère percluse d'arthrite, tu montes courageusement... et arrivée en haut, à bout de souffle, les articulations en compote, tu te promets d'explorer une nouvelle dimension à la redescente: l'ascenseur creusé dans la montagne.
Quand j'te disais qu'ils sont trop forts ces américains.
S' il avait su ça le copain Mohican de Daniel, il aurait ptêt envisagé une solution moins définitive pour descendre bouder au rez de chaussée.

Immortalisons ce douloureux moment...

Ce qui est sympa aussi, c'est quand tu es juchée sur ton rocher et que tu regardes l'horizon, tu vois ca:


C'est pas formidable le progrès quand même!? Tu peux déranger tes amis au milieu de la nuit, juste pour leur faire coucou, à 7000km de distance. Merci les noctambules!

Nous n'avons fait qu'effleurer la Caroline du Nord, alors, au lieu de rallier très vite Nashville dans le Tennessee, nous avons pris notre temps et nous avons emprunter la Blue Ridge Parkway, itinéraire qui nous avait été conseillé par des copains américains.

Là-bas, au fond, le Tennessee, notre prochaine étape
C'est une route pittoresque qui débute en Virginie, et s'étire sur près de 750km jusqu'en Caroline du Nord à la limite de la réserve Cherokee.



Lys sauvages, forêts à perte de vue et bruissements inquiétants dans les épais bosquets ont fait de cette balade un moment bien agréable, avant de rejoindre la civilisation.

Un pont couvert, on a voulu la jouer Clint et Meryl, sauf que les proprios, sûrement lassés par les touristes indélicats, ont installé une alarme, on a détalé comme des lapins!


 Prochaine étape, on abandonne la nature et sa sérénité, on va visiter un lieu mythique de la musique américaine: Nashville!


vendredi 16 janvier 2015

"Les Charlestoniens ne transpirent jamais. Il leur arrive de distiller de la rosée comme un massif d'hortensias." Pat Conroy



Il a bien fallu se résigner à quitter la Géorgie.
Alors on a quand même profité d'une dernière baignade, sur la plage déserte, à marée basse, dans une eau à 25°C, puis on a définitivement tourné le dos à Hunting Island avec un regard un peu triste, comme le Bambi qui nous attendait à l'entrée...



Prochaine halte, le camping de Mount Pleasant:


Des familles étaient déjà installées. Leurs voitures immatriculées en Caroline du Nord ou de l'intérieur des terres, elles venaient pour pêcher, au bord du lac du camping, les poissons-chats ou les tortues d'eau qui flottaient nonchalamment en face des tentes.
C'est lorsque la tente a été solidement installée que M. Alligator s'est manifesté...

Dormir allait demander un peu plus que du sommeil!

Comme nous, il allait faire un tour pour manger un bout.

Charleston est située à environ 170 km au nord de Savannah, en Caroline du Sud, sur une péninsule, bordée par la Ashley River d'un côté et la Cooper River de l'autre, elle fait face à l'Océan Atlantique.
Berceau du style de vie sudiste, elle respire la sérénité et l'élégance.


On a pris beaucoup de plaisir à se perdre dans les rues de la ville, découvrant avec émerveillement des maisons majestueuses, des cours intérieures fleuries et secrètes, de nombreuses églises et surtout la Battery, la rue baignée par le Charleston Harbor, où les maisons les plus emblématiques de la ville sont alignées.

Charleston a été fondée par les anglais qui lui ont attribué le nom de leur roi, Charles Town, au 17ème siècle. Il s'agit alors d'un important comptoir qui voit transiter le rhum, le sucre, mais surtout devient l'une des plaques tournantes du commerce des esclaves. Le riz, puis le coton demandent une main d'oeuvre énorme. Les plantations sont immenses, les bras, nécessaires aux cultures.

Magnolia Plantation, où vivait le révérend Drayton, qui allant à l'encontre des lois de Caroline du Sud, éduquait ses esclaves dans une petite école attenante à la maison des maîtres.




La Caroline du Sud est le premier état à faire sécession en 1860, après l'élection de Lincoln qui est opposé à l'esclavage. C'est aussi de Charleston que l'on tire le premier boulet de canon en 1861. La guerre de Sécession éclate suite au bombardement de Fort Sumter, aux mains de l'Union.



Les maisons, dans les rues de Charleston, se présentent de profil. La porte d'entrée est située la plupart du temps dans l'alignement de la terrasse. Cela s'explique par le montant de la taxe d'habitation qui était autrefois calculée sur la largeur de la maison. Mieux valait donc construire en profondeur et non pas face à la rue.

Point de vue des filles sur Charleston:

Le clou de notre visite a sans doute été la balade en bateau dans Charleston Harbor. Une régate avait lieu devant la Battery, on a aperçu des plages de sable blanc désertes, Fort Sumter et Fort Moultrie, et des dauphins qui s'ébattaient dans la baie.

La Battery

Fort Sumter


Point de vue des garçons sur Charleston:

Le clou de notre visite a sans aucun doute été la visite du porte avions USS Yorktown à Patriots Point.





 Dans les deux cas, on a du endurer la chaleur et le soleil et si il y a bien une chose de sûre, c'est qu'on a sacrément distillé ce jour-là et c'était pas de la rosée.


Lors de notre visite dans le marché de Charleston, nous avons découvert une tradition ancestrale, les "sweetgrass baskets" (paniers tressés en jonc, palmes et aiguilles de pin).
Lorsque les habitants d'Afrique de l'Ouest étaient capturés puis arrachés à leur continent, ils n'avaient que leurs traditions et leur cultures comme bagages. Dans les plantations des Lowlands, les Basses Terres de Caroline du Sud, le riz était la culture prédominante avant d'être supplantée par la culture du coton.
Les esclaves originaires d'Afrique de l'Ouest connaissaient la culture du riz et étaient donc recherchés pour leur compétence dans les marchés aux esclaves des Basses Terres.
La plupart se doutait qu'ils ne reverraient plus jamais leur pays, ils emportaient donc avec eux leurs souvenirs et quelquefois, cachés dans leurs vêtements, des petits objets, tels que ces paniers. Objets traditionnels africains de la culture du riz, ils ont donc traversé l'Atlantique et sont apparus à la fin du 17ème siècle en Caroline du Sud.
Les paniers sont tressés en jonc et en palmier, des plantes qui poussent sur les côtes de Caroline du Sud, comme un signe que Dieu leur envoyait, expliquent les descendants de ces esclaves. La dame qui a tissé le nôtre a appris à tisser avec sa grand-mère quand elle était petite, comme la plupart de ces artistes. Il n'y a pas deux paniers identiques. C'est un art qui se transmet de génération en génération et les garçons comme les filles apprennent à tisser les paniers.








On en avait donc fini avec la Caroline du Sud.
Nous allions remonter vers Ashville en Caroline du Nord, direction Chimney Rock et les grandioses paysages du Dernier des Mohicans.