vendredi 6 octobre 2017

L'impatriation is a bitch (suite)




Comme tu le sais sans doute, je suis de retour dans la mère patrie. Et comme tu l’as sans doute compris, je n’étais pas vraiment pressée de rentrer. J’en profite pour dire à ceux qui sont allés trouver mes parents suite à mon article «  Sophie 2.0 » pour leur dire ( je cite) «  votre fille n’a pas l’air pressée de vous retrouver », de balayer devant leur porte, ils y trouveront peut-être ce que l’on appelle communément la bienveillance.

Comme bon nombre d’expats, j’ai découvert que l’on en apprend beaucoup sur soi dans le départ mais aussi dans le retour. C’est donc intentionnellement que je me suis effacée depuis quelques mois, attendant que ma colère et ma frustration baissent pour te relater l’aventure sans fin et sans joie qu’est l’impatriation pour moi.
J’ai entendu des récits de retours heureux et faciles. Admirative mais envieuse, je me nourris d’articles expliquant que le secret d’un retour réussi c’est de s’y préparer, et je me gausse. Un retour réussi, c’est un retour choisi. Point.

Quoiqu’il en soit, bel expat sur le retour, ne m’accuse pas de doucher ton enthousiasme, de toute façon, si je ne le fais pas quelqu’un d’autre s’en chargera. Sache que l’administration, où que tu te caches, saura toujours te débusquer pour te fournir ce dont tu as le plus besoin: un sas de dépression. 
Dans notre cas, c’est le Consulat qui s’est dévoué et nous a préparé avec joie et bonheur aux retrouvailles avec l’administration française.
Mais commençons par le commencement:

Très rapidement au printemps dernier, nous avons du planifier un voyage d’une semaine en France pour la première semaine de Mai pour permettre à Miss N. de passer des tests d’entrée en 6è internationale. 
Ce qui est fort pratique c’est qu’une école à vocation internationale demande à ses jeunes postulants de venir du bout du monde pour passer un test sur place. Sachant qu’à l’autre bout du monde, il y a des cours, des examens de fin d’année et des cérémonies de remise de diplômes. 

C’est donc la gueule enfarinée par le décalage horaire que Miss N. a passé les tests de son école actuelle pour laquelle on a compris qu’il vaut mieux être un « international local ». Vingt heures d’avion pour deux heures de test, c’est cher et fatigant mais surtout audacieux.
Sachant que le lycée de notre fils teste les enfants dans leur école du bout du monde et sur skype, je crois être en droit de me poser cette question sensée: « What the fuck? »

C’est bien avant le départ, en Mars, que l’Homme a découvert la date d’expiration des passeports de notre descendance. Et oui, sache expat au coeur pur, que ta progéniture a un passeport à la date de péremption plus courte que la tienne, parce qu’à la différence de tes enfants, tu ne grandis plus, tu vieillis.

On a pénétré dans le sas de dépression le jour où l’on a téléphoné au Consulat, un peu inquiets, car le vol de Mai était déjà réservé. C’est avec la plus grande bienveillance qu’une employée de notre Consulat s’est empressée de nous rassurer: «  Nous avons des élections à organiser, nous avons d’autres choses plus urgentes à nous occuper! » 

On a donc eu recours à des solutions dites « parallèles » pour accélérer la demande et déposer les dossiers un matin à 7 heures, à quatre heures de route de Fort Worth.
J’avais les mains moites et le coeur battant quand on s’est pointé au Consulat, mais ce n’était rien à côté du jour où l’on a appris qu’il faudrait retourner à Houston pour récupérer les passeports, en présence des enfants deux jours avant le départ. Nous avons eu beau demander si l’on pouvait passer à un autre moment, c’était impossible. Notre fils, le joueur de trompette, a donc raté son examen de sciences pour aller au Consulat. Huit heures de route pour trois minutes de rendez-vous. Trois minutes pour se voir délivrer le sésame. 


Trois minutes.
Trois minutes qui lui ont fait raté un examen de quatre heures qu’il a du repasser le lendemain, date du concours entre les Bands de la région, pour lequel il jouait un solo. Pas d’examen, pas de band, la politique est très claire. Mais quand tu as quinze ans et que tu estimes que ton seul truc en plus, c’est ton talent musical, c’est dur à avaler. 




15 commentaires:

  1. J'adore "le sas de dépression". C'est vrai que mes interactions avec le consulat à Houston sont toujours une piqûre de rappel de ce qu'il y a de moins sympathique avec l'administration française... Courage. Continue de raconter ton impatriation, ça me fait à la fois rire et déprimer en même temps. Au plaisir de te lire chère FLOT

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    1. Et moi je suis toujours ravie de lire tes commentaires enthousiastes! A propos du retour, heureusement qu'on a les copains à l'arrivée, sinon j'aurais sauté dans le premier avion au bout d'une semaine...

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  2. wahou ton article m'a fait mal pour toi. C'est desespérant quand même. J'espère pour toi que toute ton impatriation ne s'est pas passé dans les mêmes conditions. En tout cas je souhaite que ça aille mieux mtn.

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  3. Ah la la le consulat de Houston ! J’en sors avec mes 2 zozos !!! Déjà notre 2eme visite en 5 ans. Et oui avant 15 ans on y retourne souvent. Si ton grand a 15 ans c’est bon il est parti pour 10 ans de passeport ��������en tout cas j’espère que le reste du retour en France se sera mieux passé ??? Pour les tests pour l’école j’en avais jamais entendu parlé qu’il fallait se déplacer ���� ceux que je connais ont passé leur test à Dallas par Skype .... après ça dépend peut être de l’age Des enfants !?

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    1. Hello Charlotte, je suppose que les écoles sont libres de choisir les tests. L'école de ma fille est publique et les tests ne se font pas à distance. Perso, je trouve ça aberrant. Merci pour ton commentaire et bonne continuation dans mon état préféré!

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  4. Super good reading! Ça me donne envie d'écrire la mienne... d'impatriation. Merci

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    1. Et moi je serai curieuse de la connaitre, Anne-Marie! Merci pour ce commentaire

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  5. En effet, je me rappelle comme ça a été compliqué pour vous! Mais j'espere que tu garderas quand même un bon souvenir de Houston (à part tout ça!..)
    Courage pour la suite! Et bonne chance au musicien et à l'ecrivaine en herbe!
    Amitiés,

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    1. Heureusement que tu étais là! Houston n'aurait pas été la même sans toi!

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  6. Bien rigolé, merci et bon courage.
    J'ai moi-même été expat dans une autre vie.
    Je vous ai découverte grâce à Contrepoints org

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  7. Que la vie est dure, oulalala.
    Je m'attendais pas à une mère qui se plaint que son fils a raté son concours de bands de la region a cause du consulat quand je suis tombé sur cet article.
    Sérieusement, oui c'est relou l'administration quand ca s'y met, mais les mésaventures que ça a entraînées me paraissent tellement dérisoires que je ne peux pas m'empêcher de laisser un message.
    En quoi cet examen de sciences était-il indispensable puisque vous partez ??? Et tout ce tracas pour la future ecole des enfants en France ??? Évidemment que c'edtCooool.

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  8. Que la vie est dure, oulalala.
    Je ne m'attendais pas à une mère qui se plaint que son fils a raté son concours de bands de la region a cause du consulat quand je suis tombé sur cet article.
    Sérieusement, oui c'est relou l'administration quand ca s'y met, mais les mésaventures que ça a entraînées me paraissent tellement dérisoires que je ne peux pas m'empêcher de laisser un message.
    En quoi cet examen de sciences était-il indispensable puisque vous partez ??? Pourquoi ne pas sauter l'examen deux fois ? Et tout ce tracas pour la future ecole des enfants en France ??? Évidemment que c'est compliqué de faire des admissions à distance, ça ne pouvait pas attendre d'etre revenu ?
    Cooool relax, tu te compliques la vie pour rien, et en plus de ça tu stresses tes enfants pour rien.
    Ils auront une école quoi qu'il arrive...

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  9. Ah les fonctionnaires, faut il leur rappeller que cette fonction est d'être aux services du citoyen ,qu'ils sont payés pour ça et avec beaucoup d avantages.Alors un peu plus de respect pour le citoyen fût il de base.

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