Comme je te l’ai déjà dit à plusieurs reprises, la vie scolaire américaine est plus divertissante et plus ludique qu’en France. Ici, la vie s’écoule tranquillement au rythme de toutes les activités que l’école propose. Les sports ont la part belle évidemment. Mais, il y a aussi la chorale, les clubs. Et toutes les semaines sont émaillées de petites célébrations en tous genres comme la journée en rose pour le fundraiser (levée de fonds) pour la lutte contre le cancer du sein, College shirt (au cours de laquelle tu dois porter le tee shirt de la fac de tes parents), la journée des crazy socks (porter des chaussettes excentriques et/ou dépareillées), la journée des twins (deux élèves qui s’habillent pareil), la journée déguisée de Halloween), et aussi toutes les fêtes qui viennent se greffer sur la vie scolaire: le Fall festival, le talent show, les courses, je ne te parle même pas des concerts de la Band, les concours de Whiz Quiz (concours de culture générale inter-écoles) et si vraiment t’es branchée religion, les cours de Bible tous les Lundis.
Ajoute à ça les pep rallys qui reviennent régulièrement, les matchs de foot du Lycée (auxquels toute la ville se rend) et les soirées.
La semaine dernière, dans la Junior High de mon fils a eu lieu Homecoming.
La première fois que j’ai entendu parler de Homecoming, j’ai cru qu’il s’agissait de la fameuse soirée où les garçons offrent une fleur qui se porte au poignet, à l’élue de leur coeur.
Alors, là, je te corrige tout de suite, c’est pas Homecoming, c’est Prom night. Homecoming a lieu en Automne alors que Prom est une soirée de printemps. Mais là, je ne peux rien dévoiler à ce sujet, n’oublie pas, comme toi, j’ai fréquenté un ennuyeux lycée français dont le bal en avait été banni quelques années auparavant.
Pour info, Homecoming est une fête traditionnelle qui célèbre le retour des élèves à l’école, généralement le lycée. Cette année, l’école de mon fils (oui-oui, celui qui est en Band) qui est en niveau 3è français mais niveau 9th grade ici, y a participé. C’est normal: son école, une Junior High, accueille les élèves de 7th grade jusqu’en 9th grade. Mais la plupart des Junior High s’arrête au 8th grade, ce qui fait donc de mon fils un « freshman », c’est à dire qu’il est en première année de lycée, virtuellement.
Si tu suis toujours, je t’en félicite. Ne t’inquiète pas, l’histoire va décoller d’une minute à l’autre.
Sache que je vais maintenant te raconter quelque chose qui n’existe nulle part ailleurs en Amérique, seulement au Texas, et ça tombe bien car je suis aux premières loges.
Homecoming a donc été célébré Jeudi dernier par les 9th graders enamourés. Façon poétique de te causer de ceux qui ont les hormones en ébullition.
Au début de l’automne, chaque année, a lieu un pep rally un peu particulier, (si tu ne sais pas ce qu’est un pep-rally, je ne peux que te vilipender, cher lecteur, et t’enjoindre de relire mes derniers articles sur l’école américaine) suivi du Homecoming game (match de foot) puis du bal, Homecoming Dance.
Cette tradition qui voulait à l’origine que l’amoureux demande à sa cavalière de l’accompagner au bal de Homecoming en lui offrant une fleur à attacher à son corsage, s’est transformée en un défilé de « Homecoming mums » plus énormes et plus fantaisistes les unes que les autres. Et le Texas, fidèle à l’adage qui veut que tout soit plus gros ici (« everything is bigger in Texas »), a bien fait évoluer les choses.
A première écoute, je me suis demandée pourquoi on mêlait les mamans aux rencontres lubriques d’après-bal. Il s’avère, lecteur avisé, que les mums sont aussi des fleurs, les chrysanthèmes.
Pour en revenir à notre amoureux qui compte bien aller au minimum en troisième base ce soir, il a donc deux choix qui s’offrent à lui concernant l’acquisition de la mum:
-il demande à Maman de la faire.
-il demande à Maman de l’acheter. Et la maman de se tourner vers une professionnelle de la Mum. Car oui, c’est un métier.
Sache que le garçon peut lui aussi recevoir une mum qui s’appellera une « garter », une jarretière qu’il porte à son bras et qui est généralement assortie à la mum de sa date (à prononcer « dèïte » et se traduit par « son rencard »).
Venons-en maintenant au prix de la guirlande: de 60 à 300$.
Imagine toi, une décoration composée de rubans aux couleurs de l’école, qui est suspendue autour du cou de la gente demoiselle, et qui comporte des leds (oui, leds, comme dans un magasin de luminaires, il n’y a pas d’erreur) des ours en peluches, des noeuds plus ou moins conséquents (plutôt plus), des enceintes pour le son et à l’occasion des clochettes. L’évolution de cette tradition est réellement « out of control » (hors de contrôle) d’après les dires de mes indics texanes...
Je te sens dubitatif, je comprends.
Que ce soit clair, il ne s’agit pas d’une tradition confidentielle, qui n’aurait cours que dans un lointain et obscur coin du Texas. Il s’agit bel et bien de quelque chose d’important et de très suivi.
Certaines de mes amies texanes m’ont fait part de leurs doutes concernant le bon goût et l’utilité de la chose. Un peu embarrassées, certaines d’entre elles ont même suggéré que ça ne risquait pas d’arriver en France. Pour ma part, si on me promet des matchs de foot, des graduations, des pep-rallys, des bals et des quaterbacks, je veux bien refaire tout le lycée avec tout le merdier suspendu autour du cou, pendant trois ans sans problèmes.
Le point vocabulaire
Je vais saisir l’occasion de ce billet concernant la période délicieuse et ingrate qu’est l’adolescence pour te donner quelques infos précieuses de vocabulaire au cas où, lecteur, tu aurais:
1/moins de vingt ans
2/serais parent d'un "moins de vingt ans"
3/ ou aurais prévu de te réincarner en teenager américain dans ta prochaine vie.
Si on te pose la question « Did you french her ? »
Sache que l’on ne parle pas manucure. Il y a de fortes chances que ton interlocuteur fasse référence au french kiss.
A traduire par « t’as mis la langue? »
Question posée à répétition au lendemain de Homecoming, j’ai mes sources. Note que le Français a donc un verbe pour l'honorer sur la question technique du « comment aller en première base? » et ça ravit notre orgueil de Latin Lover.
C’est avec une grande délicatesse que je vais traiter maintenant de la question du Zoum zoum zang.
Si on te pose la question « Did you go to first/second/third base yesterday? »(t’es allé en première/seconde/troisième base hier?)
Cette référence sportive, plus précisément de base ball, n’a aucun rapport avec un quelconque loto sportif. Il s’agit de la zone géographique où se sont focalisées les attentions de l’amoureux transi qui t’a offert une Homecoming mum de compétition et qui s’attend à ce que tu lui prouves ta reconnaissance à l’arrière de la Mustang.
Je laisse à ton imagination fertile le soin de t’indiquer à quoi correspondent les bases, sachant qu’en première base, comme au base ball, les coups en-dessous de la ceinture ne sont pas tolérés…
ils ont un grain quand même ces texans!! :-)
RépondreSupprimerOk, je vois ce qui attend ma grande l'année prochaine. Je vais peut-être faire comme une amie Américaine m'a raconté. Le père a promis au garçon qui venait chercher sa fille qu'il lui ferait tout ce qu'il ferait à sa fille... Hihi
RépondreSupprimerTrès très bon ça! A retenir pour plus tard en effet!
SupprimerJ'ai explosé de rire sur le commentaire de ZeCoach ahaha!
RépondreSupprimerMais sinon wow ce récit fait rêver, ils ne rigolent vraiment pas sur les traditions ! Je trouve ça super cool, peut être pas au point de me retaper tout le lycée, mais c'est chouette pour les enfants !
Oui! La menace efficace, je pense, chez ZeCoach!
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