Pour bien commencer un article, il faut un titre accrocheur et une jolie photo.
Sinon, comment donner envie au lecteur de se plonger dans des aventures dans un coin du monde où il n'a pas particulièrement prévu de mettre les pieds, pour lire un article complètement subjectif, qui va relater un moment qu'il n'a pas partagé?
J'ai donc choisi successivement plusieurs titres et plusieurs photos et je me suis rendue à l'évidence: Difficile de choisir UNE photo de Savannah... et de ne pas donner son nom à l'article... Savannah, prononce-le à haute voix, et c'est déjà tout un programme...
Savannah, c'est d'abord une sensation. Descendre de voiture et sentir la moiteur de la ville te saisir. 95% d'humidité par 30 °C.
Tu comprends enfin pourquoi dans les films tournés dans le Sud, les héros ont la chemise collée à la peau, transpirent abondamment et les flics ont toujours l'air un peu débraillés et lymphatiques.
Tu comprends aussi, pourquoi les maisons ont des terrasses et des patios meublés de balançoire où les héros prennent le frais à la nuit tombée...
Et surtout tu bénis le bon général Oglethorpe, qui a créé la ville selon un plan militaire rigoureux: géométriques, symétriques, des rues qui se coupent en angles droits et à chaque intersection, des parcs arborés, avec tout le tralala habituel: statues, gazon et moustiques, mais surtout des bancs...
C'est simple, on a squatté tous les bancs de la ville, dégoulinant de sueur, à la recherche du moindre courant d'air. Le seul que nous n'ayons pas trouvé, c'est le banc de Forrest Gump, normal, "la vie c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber". Ton banc, Forrest, n'est plus dans Chippewa Square; il a été enfermé dans le musée de la ville après que des petits rigolos ont décidé de le dépiauter pour en faire des souvenirs.
Chippewa Square, et l'emplacement du banc de Forrest, cerclé d'une chaîne. |
"I beg to present to you, as a Christmas gift, the city of Savannah with one hundred and fifty guns and plenty of ammunition, also about twenty-five thousand bales of cotton."
Il remettait la ville à Lincoln en cadeau de Noël avec ses canons, ses munitions et son coton!
Sherman y est resté un mois et a repris sa marche vers Columbia qui, elle, a été entièrement brûlée.
Aujourd'hui, on peut donc toujours y admirer le charme et l'opulence du Vieux Sud, ses maisons à colonnades, ses balustres en fer forgé et ses jardins...
Des magnolias à profusion, des recoins ombragés et des palmiers dans tous les jardins... |
Le balcon de la Armstrong House qui vaut le coup d'oeil |
Joli, non? Petit bas relief d'inspiration romaine sur le mur... |
Ces maisons se trouvent dans Jones Street, la plus belle rue des Etats Unis d'après les infos du Routard... |
Comment évoquer Savannah sans parler du livre de John Berendt, "Minuit dans le Jardin du Bien et du Mal", dont l'adaptation au cinéma de Clint Eastwood met en scène la ville et sa réputation d'une ville de réjouissances.
Berendt explique d'ailleurs que cette ville prospère était aux mains de riches hommes d'affaires, toujours grâce au commerce du coton et que les soirées se succédaient les unes après les autres au centre de Savannah.
"Si tu vas à Atlanta, la première question qu'on va te poser est: Tu travailles dans quoi? Si tu vas à Macon "A quelle église tu vas? A Augusta, le nom de jeune fille de ta grand-mère, mais ici à Savannah, la première question que l'on te pose, c'est : Qu'est ce que tu bois?"
Le bouquin relate le procès qui a eu lieu dans les années 80, lorsqu'un collectionneur d'art, Jim Williams, qui
occupe alors la Villa Mercer, assassine son jeune amant et se voit finalement acquitté au terme de plusieurs procès.
L'action se déroule essentiellement ici. Certaines se souviennent peut-être, non sans émotion de l'apparition d'un Jude Law débraillé (et transpirant), devant cette maison, les mains dans le cambouis, plongé dans le capot de sa voiture...
Nous nous souvenions de quelques belles scènes tournées dans le Bonaventure Cemetery, le cimetière où tout le gratin de Savannah est enterré, nous y avons donc fait une balade. Une balade en voiture... parce qu'après 15 min de marche, nous étions sur les rotules et limite déshydratés.
Inutile de chercher la Bird Girl, la statue emblématique du film ET du livre, elle fait chambre commune avec le banc de Forrest.
Les tombes sont envahies de mousse espagnole et de végétation, et les statues sont de vraies oeuvres d'art.
On a rencontré pas mal de calèches bourrées de touristes qui proposaient de faire des visites nocturnes des rues de la ville avec pour thème, les fantômes et les maisons hantées. On ne s'est pas laissé tenter!
Le quartier du port vaut le coup d'oeil aussi, il a été réhabilité, et le résultat est plutôt réussi. Et, il y a des bancs...
Une vue sur la Savannah River et le fameux port de commerce:
"Nous avons été volés au continent africain, achetés et vendus ensemble. Nous sommes montés sur les navires négriers ensemble. Nous nous sommes allongés dos contre ventre dans les cales des navires dans nos excréments et notre urine ensemble. Quelquefois nous mourrions ensemble et nos corps sans vie étaient jetés par dessus bord ensemble. Aujourd'hui, nous sommes debout ensemble. Avec foi et même joie."
Quelles magnifiques photos accompagnées d'un très beau texte, merci pour cette visite... pour moi Savannah bay, c'est une citation de Marguerite Duras... le lieu où se trouve Lol V. Stein si mes souvenirs lointains de classe prépa sont bons.
RépondreSupprimerMerci pour le voyage....
This was a lovelyy blog post
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