Affichage des articles dont le libellé est port d'arme. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est port d'arme. Afficher tous les articles

dimanche 20 août 2017

Faites des bêtises, mais faites-les avec enthousiasme! (attribué à Colette)





Août touche à sa fin. Le mistral va se lever, refroidissant irrémédiablement l’air et la mer. Les vacanciers vont rentrer chez eux. Les cahiers à gros carreaux  vont remplacer les sorbets dans les caddies. La seule chose qu’il te restera bientôt de l’été 2017, c’est les peaux mortes que tu vas trouver dans ton lit, le matin, avant d’aller bosser, quand tu vas te mettre à peler. 

Mais ne pleure pas, je suis là pour te faire vivre un peu de ma vie exaltante par procuration. 


Quelque part  près de Fort Worth, Texas. 

Juillet 2017, 40C à l’ombre. 

Je porte un chemisier sans manche en soie bleu. Je ne sais pas ce qui a pu me passer par la tête. Enfin si je le sais, je voulais ressembler à tout sauf à une psychopathe. Ou à une supporter de la NRA. 
Je suis dans un shooting range et je m’apprête à tirer avec quelque chose de plus lourd et plus bruyant qu’un Beretta 9mm.(voir ici)
Je ne sais pas si je vais devoir m’allonger par terre dans la poussière alors, j’ai prévu de faire classe, non psychopathe et d’éviter de cochonner un tee shirt blanc.
Les gars autour de moi sont en camo, (camouflage) avec casquette de chasse ou de vétéran. 
Je fais moyennement couleur locale. 
Pas grave. Je suis avec un collègue de l’Homme, sapé pour aller au boulot, qui pendant que je jette un oeil autour de moi, sort un fusil de son coffre de voiture. 
C’est un Remington. Ça ressemble à un de ces fusils de sniper avec lesquels tu tires dans les jeux videos. 
J’en ai vraiment envie. C’est dans ma bucket list personnelle. 

Je croyais bien ne jamais avoir l’occasion de tirer avec un truc comme ça et maintenant que j’en ai l’opportunité, je suis ravie!
J’appréhende le recul, je sais que ça peut être violent mais l’excitation de la nouveauté prend le pas sur le reste.
Moi qui m’angoisse au sujet de tout, qui bégaye devant les profs de mes enfants et qui ai les mains moites quand j’emmène Charlie le Cat chez le véto, je suis exceptionnellement calme. Je me surprends à essuyer mon front d’un revers de la main parce qu’il fait une chaleur de dingue sous l’auvent en métal où nous nous installons. Mais mes mains ne sont pas moites. Je réalise alors que mon coeur bat très calmement et je n’ai pas peur du tout. 
Je sursaute de temps à autre malgré les bouchons d’oreille quand le gars d’à côté tire avec son énorme fusil.
Je suis bien. Je me demande alors si je n’ai pas raté la possibilité de faire les JO d’hiver, gagner une médaille d’or et faire des « high five" avec les frères Fourcade. Je me rends compte que mon moniteur pour la journée me parle. Il m’explique le déroulement de l’expérience. Je tends l’oreille et réalise que de toute façon, j’ai horreur d’avoir froid et du ski.  
Je m’assois. Finalement, j’aurais pu éviter le chemisier en soie bleu. J’ai la pression parce que je sais pertinemment que les collègues de l’Homme vont demander si j’ai aimé la séance de tir. 
Je mets un temps infini à tirer la première balle, je pense à la cible. Je pense au recul. Je me dis de cesser de penser au recul. Je retiens mon souffle et appuie. La course du doigt est courte, bien plus courte que sur un pistolet. 
Pas de recul ou si peu. 
Je me recule, souris et re-regarde dans le viseur. Je crois voir l’impact au centre de la cible un peu à gauche.
Je me relève et cherche l’approbation dans les yeux de mon moniteur.
A cause des bouchons d’oreille, je lis sur ses lèvres, « Alors tu l’as eu? »
Je lui réponds « regarde ». Il se penche et me dit « pas mal ». 
« Tu veux continuer? »
J’ai continué et j’ai adoré. 

Tir à 100 yards


Je considère le tir comme un sport (même si je ne dévale pas des pistes avec le fourbi sur le dos) et en aucune manière je n’ai eu l’envie de tirer pour relâcher des tensions ou de la haine. 
Je suis plutôt pas mauvaise et les collègues de l’Homme m’ont fabriqué un charm pour ne pas oublier, avec le fond d’une douille de pistolet. 
Ne pas oublier que j’ai fait un truc un peu différent, qui risque de ne pas soulever l’enthousiasme (mais je m’en fous), que j'ai adoré et ne pas oublier que j'ai réussi. 






jeudi 5 février 2015

"Quand on a quelque chose de difficile à faire dire à un personnage, surtout le faire boire". Ernest Hemingway


La semaine dernière, j'ai fait quelque chose dont je voudrais te causer.
Comme tu le sais, si tu suis assidûment mes aventures, j'habite au Texas.
Avant de vivre ici, je croyais que le Texas, c'était aride, chaud été comme hiver, peuplé de gens en bottes et chapeaux, qu'ils faisaient tous du cheval au milieu des vaches et des puits de pétrole, avec leur flingue passé à la ceinture.
Bon, et bien, comment dire, ce n'est pas tout à fait ça...
En vrai, il arrive qu'on se caille sérieusement les miches en hiver.

Alors avant de te raconter les deux événements marquants de ma semaine, pour planter le décor, je vais tenter de rectifier ta vision du Texan, si comme la mienne, elle était erronée.

Alors, oui, les Texans portent des bottes, quelquefois, homme ou femme, avec glamour ou pas, le samedi ou en semaine, et moi, je trouve ça beau.
Note qu'ici, on ne connaît pas le mot "Santiag", des bottes au Texas, ce sont des boots, pas la peine de préciser, on sait tous de quoi on parle.

Pareil pour les chapeaux. Ils ne sont pas réservés à ceux qui font les malins à cheval, ici, tout le monde en porte, parce que l'hiver, ça tient chaud à la tête et l'été, ça aide à garder la tête froide, et ça c'est important, tu vas bientôt comprendre pourquoi...



Au Texas, il n'y a pas que des déserts, c'est aussi verdoyant,


et ça tombe bien parce qu'il y a des vaches à nourrir.




Non, les Texans n'ont pas tous leur arme passée dans la ceinture, parce que d'abord c'est pas confortable, et puis, en plus, au Texas, c'est interdit.
Mis à part pour mon voisin d'en face qui lui a la panoplie complète, boots, chapeau et flingue dans son holster, mais c'est pas pareil, c'est un Texas Ranger, un vrai. Et au cas où on te poserait la question au Trivial Pursuit, c'est Stephen Austin qui a créé cette milice pour protéger les premiers colons du Texas contre les indiens Karankawas.


Même pour une personne détentrice du CHL (Concealed Handgun License), les lieux où il est autorisé de porter une arme CACHEE, sont peu nombreux. Par contre, les personnes possédant une arme mais pas le CHL, peuvent garder leur arme dans leur maison comme dans le vide-poches de leur voiture. Ce qui explique probablement le flegme des conducteurs américains grâce au lien intime entre "chaleur-chapeau-vide-poches" ou encore "klaxon-sourire-vide-poches".

Un foyer américain sur trois possède une arme à feu. Je ne connais pas les chiffres au Texas, mais en parlant avec les gens d'ici, il apparaît que très peu n'ont pas d'arme. En fait, je n'ai rencontré qu'une personne n'ayant pas d'arme chez elle: ma proprio, et elle nous a chaudement recommandé de ne JAMAIS entrer dans la cour d'un voisin à la nuit tombée.
Nos voisins, nos amis ou connaissances déclarent assez facilement posséder une ou plusieurs armes.
Il y a deux ans de cela, un prisonnier a été transporté sur une ligne régulière encadré de deux Marshals, pour être transféré. Son comportement a nécessité un atterrissage d'urgence à Dallas et les deux Marchals ont décidé de finir la route en voiture. A la sortie de l'aéroport, ils se sont arrêtés dans un centre commercial pour acheter des sandwichs. L'un des deux est resté à la voiture avec le prisonnier pendant que l'autre faisait les achats.
Il n'a pas fallu plus de quelques minutes au prisonnier pour arracher les lunettes du Marshal, lui entailler la carotide avec et filer en clopinant, pieds et mains entravés par les chaînes. Le tout filmé par les webcams du parking.
La traque a duré une semaine.
Il a finalement été abattu par la police alors qu'il squattait une maison sur les bords du Grapevine Lake, à quelques minutes de route de chez nous.
Certains de nos amis ont reconnu avoir dormi cette semaine-là avec leur arme près du lit.

C'est le deuxième Amendement de la Constitution qui leur donne ce droit: "Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un Etat libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé".

Evidemment, tout le monde a en tête les tueries innommables qui ont eu lieu aux Etats-Unis.
D'un côté, ceux qui soutiennent que des personnes armées dans les écoles arrêteraient le tueur avant qu'il ne fasse des victimes, d'un autre, ceux qui soutiennent que le pays compte bien trop d'armes.
Il y a aussi tout ce que l'on entend aux infos ici. Une jeune femme qui a eu un accident de voiture l'année dernière et qui est allée taper à la porte de la première maison sur sa route. Le propriétaire a eu peur et a tiré à travers sa porte...
Ou encore, ce gars qui après une fête un peu arrosée dans le centre de Dallas s'est trompé de maison et essayait d'ouvrir une porte qui n'était pas la sienne... Mort aussi.

Mais il y a aussi tous ces gens tout à fait sensés qui détiennent des armes dans des coffres, et qui les utilisent dans des centres de tirs ce que l'on appelle ici des shooting ranges.
Et là, j'en viens à mon occupation de la semaine dernière, et malgré les conseils d' Ernest, j'te raconte tout ça à jeun et sans rougir.

La semaine dernière et pour la deuxième fois, nous sommes allés tirer. Ce qui ne fait pas de moi une folle de la gâchette pour autant. Je n'envisage pas une minute le fait d'utiliser une arme pour me défendre.
Ce qui me plaît?
Toucher une cible le plus précisément et du plus loin possible.
Comment ça se passe?
Tout d'abord, en rentrant tu as une vue plongeante sur les couloirs de tirs dans lesquels tu vas aller t'installer, une fois que tu as, dans l'ordre:
Louer un couloir de tirs, louer une arme si tu n'en as pas, acheter des munitions, donner ta carte d'identité, positionner le casque anti-bruits sur tes oreilles, et attraper une paire de lunettes de protection, parce que les douilles vont voler.


Et là, y'a plus qu'à lâcher ton appareil photo...
J'ai essayé plusieurs calibres et celui avec lequel je me sens la plus à l'aise, c'est le 9mm, moins de recul et moins bruyant.
Il faut que tu saches que l'on tire à balles réelles et que tous les gestes sont précis. On évite par exemple de se retourner vers les copains, en discutant l'arme au poing et en agitant les bras dans tous les sens...
Je ne me débrouille pas trop mal pour le moment, et je compte bien continuer, de temps en temps. Je comprends mieux mon attirance pour le biathlon et pas seulement parce que les frères Fourcade sont mignons.

Tirs à 12m
A la sortie, il est conseillé de se laver les mains avec un savon qui enlève les traces de poudre, tu fais un sourire au groupe de militaires qui rentrent, tu es contente et fière, dans mon cas, et tu te promets de revenir.

En action
Je sais que je risque de choquer ou d'en indigner certains, d'en décevoir peut-être mais j'assume complètement mon choix: oui, je porte un tee-shirt à la gloire de Johnny Hallyday et j'aime ça.