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lundi 26 septembre 2016

Once upon a time in Texas


 
Hico, Texas. Figée dans le temps.


La première fois que j’ai atterri sur le territoire américain, j’avais les larmes aux yeux, excitée de toucher du doigt un rêve, triste de réaliser que j’allais m’éloigner de ceux que j’aimais pour un moment. 
La tête dévissée pour tenter d’apercevoir des champs, des vaches ou des puits de pétrole par le hublot, je n’ai vu que le sol d’une platitude sidérante, recouvert de villes symétriques, de maisons identiques et d’autoroutes enchevêtrées. 
L’avion s’est posé et même si on était là juste pour un « touch and go » d’une semaine, je savais déjà que j’allais aimer ça. 

Aujourd’hui, je te raconte notre arrivée au Texas.

La société de l'Homme, grâce à laquelle nous sommes arrivés là, a fait les choses en grand. Elle ne nous a pas lâché dans la nature somme toute inhospitalière du Texas du jour au lendemain. C’est ainsi que nous avons débarqués un beau matin de Juin, à l’occasion de notre « Look and see trip », (à traduire par « va voir si ça te plait avant de couter un bras à la boite en déménagement-container transatlantique-emménagement ») en terre texane. 
Nous avons passé la majeure partie de la semaine à somnoler dans le truck de Barry. Barry, c’était l’agent immobilier chargé par la société de l’Homme de nous faire visiter un maximum de maisons en un minimum de temps. C’était la mi-Juin, il faisait chaud, les routes du coin étaient en travaux et on était en plein jet-lag.

Je passe sur le nombre de fois que l’un d’entre nous s’est endormi dans le gros truck cinq places de Barry, dodelinant de la tête, la bave aux lèvres, pour se réveiller en nage, dans les embouteillages, au son de la voix de Barry qui pestait contre son GPS et les légendaires bouchons de la Highway entre Fort Worth et Dallas. Barry était super cool. « Born and raised in Texas » (né et élevé au Texas), il avait un accent texan à couper au couteau et aimait bien faire des jeux de mots. Imagine le challenge. Assise à l’avant, luttant avec le sommeil et le vocabulaire nébuleux du Texan je ne comprenais jamais rien. Ce qui l’incita vers le milieu de la semaine à déclarer qu’il faisait sa dernière blague vu le manque de réactivité de l’audience.
Il a quand même trouvé le temps de me lâcher un « man’s got to do what a man’s got to do » (un homme doit faire ce qu’il a à faire) très John Wayne, en m’expliquant sa rencontre avec sa femme…

Ah, on en a vu des maisons. On en a vu dans un peu tous les genres, dans tous les coins du comté. Des petites avec des versets de la Bible imprimés au pochoir sur les murs du salon, des surprenantes avec piscine, salle de billard et salle de ciné, des moches disponibles et des grandes réservées. Pourtant, on n’était pas particulièrement difficile. On voulait une maison où poser nos valises, reconstruire un nid, où l’on pourrait être heureux. 
De préférence, de plain-pied. Point. 

Photo volée par Mimie, 9ans.


L’influence de l’altitude je suppose, on planait toujours à 10000. C’est Barry qui s’est chargé de nous rappeler qu’il y avait un critère imparable à prendre en compte: 
La qualité du district scolaire.

On a donc d’abord tourné autour de la Dallas International School, au nord de Dallas, où l’on retrouverait pas mal de la communauté française. Pour plusieurs raisons qui nous sont personnelles, (mais pas secrètes, suffit de demander) nous avons finalement décidé de ne pas y inscrire les enfants. 
On trouvait une immersion totale chez les autochtones tellement plus excitante. Rendez-vous en terre inconnue au Texas, une plongée au milieu des stades géants, des églises de toutes confessions, des ranchs, des prairies, et des longhorns sur la route du supermarché.
On a donc continué nos visites.
Et il y a eu celle pour laquelle j’aurais tout donné. 
L’annonce disait « animaux domestiques interdits, chevaux acceptés »
Je te parlerais bien du jardin sauf qu’il s’agissait pas d’un jardin, c’était une prairie. Et puis, il ne s’agissait pas d’une maison, c’était un ranch. 
On est resté un long moment à l’intérieur, je me projetais à mort. J’en étais mentalement à choisir la couleur des rideaux quand on est sorti admirer la prairie où iraient s’ébattre nos hypothétiques mustangs.
C’est là qu’un avion est passé, le train d’atterrissage a brossé la cime des arbres, la petite a eu peur, nos cerveaux ont fondu dans le bruit, on a attendu cinq minutes avant de pouvoir s’entendre dire, « finalement, c’est non ».
On a donc repris la recherche. 
On casait les visites immobilières entre le rodéo, les dégustations de brisket, les cadeaux à ramener à la famille et aux copains, la traversée de Dallas, la visite de Fort Worth. On en prenait plein les yeux. On commençait à comprendre que malgré nos doutes et nos appréhensions, on pourrait passer un moment agréable dans les parages.

La semaine s’est finalement achevée sur un sentiment d’échec. On repartait en France bredouille. Barry nous a encouragé à envoyer  notre dossier pour une jolie maison qui nous plaisait bien, à mi-chemin entre Dallas et Fort Worth, chouettes écoles, résidences proprettes et calmes. On n'y croyait pas vraiment, nous étions sur liste d’attente. 
Mais c’était sans compter sur l’étonnante M., celle qui est aujourd’hui notre proprio. 

C'est nous qu'elle a choisi. Les français. Et nous répète à chacun de nos échanges qu'elle ne l'a jamais regretté.






samedi 20 juin 2015

Un peu d'histoire (suite)


C'est en visitant l'Ouest que l'histoire du Texas nous a sauté aux yeux. Certaines villes et certains paysages sont fixés dans le temps.

Le diner de Fort Davis, très années 50.

La banque de Fort Davis, sur la rue principale.

Un moulin à vent ici, une vieille banque là, on a visité un vieux fort, le Fort Davis, dont il ne reste pratiquement rien aujourd'hui, mais on a appris l'origine des Buffalo Soldiers, et oui, ceux que célébrait Bob Marley!
Il s'agit des régiments uniquement composés de Noirs qui construisaient les forts, les avant-postes, les routes, utilisés par les familles qui partaient vers l'Ouest.
Suite à la guerre de Sécession, le gouvernement autorise la création de régiments, uniquement composés d'Afro-Américains, des régiments de cavalerie et d'infanterie.
Ce surnom leur a été donné par les indiens en rapport avec leur chevelure noire comme la fourrure des bisons mais aussi pour leur courage et leur ténacité dans la bataille. Souvent menés par des officiers blancs, ils ont gagné leur liberté en combattant pendant les guerres indiennes...
Quelle époque délicieuse!
Quand je te disais que l'Histoire du Texas valait bien la sauvagerie de notre propre Histoire.



Puis on a visité des maisons où vivaient des familles de pionniers, qui quittaient l'Est du pays et décidaient de gagner ces terres où ils avaient l'impression que tout était  possible.
En plein désert de rocailles aux pieds des Guadalupe Mountains, je me suis demandée plus d'une fois comment les femmes survivaient: elles élevaient leurs enfants loin de tout, dans des températures extrêmes, loin de la ville, sans eau courante, sans voisinage.
Pas de place pour la faiblesse.
Dans ce décor, une famille s'y est établie et une fois par semaine, les parents et les enfants cheminaient toute la nuit pour aller vendre leurs produits sur le marché.


Evidemment, on peut se dire qu'en France, certains paysans en faisaient tout autant.
La grosse différence, ce sont les températures texanes, le danger de rencontrer serpents, renards et coyotes et/ou indiens agressifs.
Perso, je n'aurais pas tenu une minute.T'as gagné, Darwin! Je n'aurais pas survécu là-bas: Un bébé malade en plein centre ville et je paniquais, alors au fin fond du Texas...

Le manque d'eau est aussi un problème dans ces contrées reculées. On a souvent croisé ces petits moulins à vent:

Ils sont appelés "windmills", donc la traduction littérale de nos bons vieux moulins à vent, sauf qu'ici, ils sont petits, sont pourvus d'une "tail", le petit gouvernail qui s'oriente selon le vent, et surtout ils servent à pomper l'eau du sous-sol. Un bon moyen d'irriguer son champ et de créer des abreuvoirs pour son troupeau qui se promène sur des hectares de terre.

D'ailleurs, ces grosses bêtes profitent de l'espace qui leur est offert et ont tendance à se mélanger avec les vaches du voisin...
C'est à cette époque que le fil de fer barbelé fait son apparition, permettant aux ranchers de délimiter leurs terres, de protéger leurs bêtes, de protéger leurs champs.
Facile à installer, efficace: inventé en 1867, il révolutionne l'Ouest.

Un ranch à quelques minutes de Bedford

Encore aujourd'hui, lorsqu'on visite le Texas, on découvre ses ranchs immenses, protégés par du barbelé, des champs à perte de vue et des entrées de ranchs imposantes.










mercredi 17 juin 2015

Un peu d'histoire...

Coucher de Soleil sur l'Ouest du Texas entre Alpine et Marfa...

Il fait chaud dehors, la clim et le chat ronronnent, c'est une bonne journée pour discuter un peu. Je vais essayer d'être claire et concise. Je vais essayer de suivre le conseil de John Wayne:  "Talk low, talk slow and don't say too much". (parle bas, parle doucement et n'en dis pas trop)

En 7ème grade, la 5ème en France, le cours d'histoire porte intégralement sur l'Histoire du Texas. Au début, évidemment, franchouillarde, j'ai râlé, trouvant que c'était un peu restrictif.
Comment ça? Les enfants vont se voir épargner les longues listes de rois sadiques et sournois dont les règnes ont jalonné l'histoire de France?
Et bien, finalement, le Texas a aussi son lot de joyeusetés historiques, massacres et trahisons, tu seras ravi de l'apprendre.

Tout a commencé au Texas dans ces immenses plaines où les couchers de soleil te révèlent chaque soir une nouvelle nuance de pourpre...
Les bisons y vivaient, bonnards, sur une chouette superficie qui ferait baver d'envie quelques agents immobiliers, qui s'étendait du Canada au Sud du Texas. Principale source de subsistance des tribus indiennes, ce petit monde se trouva bouleverser quand l'Homme blanc, notre ancêtre à tous, décida de faire main basse sur ces terres.
D'abord en chassant les bisons... jusqu'à l'extinction.

Un bon chasseur pouvait tuer plus de 60 bêtes en 2 heures.
Le gouvernement encourageait le massacre des bisons, persuadé que si la nourriture principale des indiens venaient à manquer, ces derniers finiraient par rejoindre les réserves. Le choix était simple, résister et mourir de faim ou plier et rejoindre les réserves...
Inutile de préciser qu'en quelques années, le "problème indien" a été réglé et les bisons sont devenus une espèce en voie de disparition.

Une fois, la menace indienne écartée, la place était faite pour que les nouveaux arrivants viennent s'installer et commencent l'élevage des vaches.
Pourquoi les vaches précisément vas-tu me dire?

Parce que le terrain s'y prêtait bien.
Le climat et la géographie du Texas étaient propices à l'élevage, et les pâturages semblaient s'étendre à l'infini.
Les ranchers Texans ont subi 2 influences, d'abord les ranchers venant des Etats Unis ont apporté avec eux les techniques des anglais: des troupeaux plus petits, derrière des barrières, et des gars à pied.
Petits joueurs les British...
Puis, influence espagnole en passant par le Mexique: des ranchers à cheval, qui travaillent avec des troupeaux en liberté, et des lassos...

Les Texans ont allié le meilleur des deux et créé leur style propre... le style sexy.