vendredi 30 septembre 2016

L'école américaine partie 4






Comme je te l’ai déjà dit à plusieurs reprises, la vie scolaire américaine est plus divertissante et plus ludique qu’en France. Ici, la vie s’écoule tranquillement au rythme de toutes les activités que l’école propose. Les sports ont la part belle évidemment. Mais, il y a aussi la chorale, les clubs. Et toutes les semaines sont émaillées de petites célébrations en tous genres comme la journée en rose pour le fundraiser (levée de fonds) pour la lutte contre le cancer du sein, College shirt (au cours de laquelle tu dois porter le tee shirt de la fac de tes parents), la journée des crazy socks (porter des chaussettes excentriques et/ou dépareillées), la journée des twins (deux élèves qui s’habillent pareil), la journée déguisée de Halloween), et aussi toutes les fêtes qui viennent se greffer sur la vie scolaire: le Fall festival, le talent show, les courses, je ne te parle même pas des concerts de la Band, les concours de Whiz Quiz (concours de culture générale inter-écoles) et si vraiment t’es branchée religion, les cours de Bible tous les Lundis. 
Ajoute à ça les pep rallys qui reviennent régulièrement, les matchs de foot du Lycée (auxquels toute la ville se rend) et les soirées.  

La semaine dernière, dans la Junior High de mon fils a eu lieu Homecoming.
La première fois que j’ai entendu parler de Homecoming, j’ai cru qu’il s’agissait de la fameuse soirée où les garçons offrent une fleur qui se porte au poignet, à l’élue de leur coeur.
Alors, là, je te corrige tout de suite, c’est pas Homecoming, c’est Prom night. Homecoming a lieu en Automne alors que Prom est une soirée de printemps. Mais là, je ne peux rien dévoiler à ce sujet, n’oublie pas, comme toi, j’ai fréquenté un ennuyeux lycée français dont le bal en avait été banni quelques années auparavant.

Pour info, Homecoming est une fête traditionnelle qui célèbre le retour des élèves à l’école, généralement le lycée. Cette année, l’école de mon fils (oui-oui, celui qui est en Band) qui est en niveau 3è français mais niveau 9th grade ici, y a participé. C’est normal: son école, une Junior High, accueille les élèves de 7th grade jusqu’en 9th grade. Mais la plupart des Junior High s’arrête au 8th grade, ce qui fait donc de mon fils un « freshman », c’est à dire qu’il est en première année de lycée, virtuellement.

Si tu suis toujours, je t’en félicite. Ne t’inquiète pas, l’histoire va décoller d’une minute à l’autre.
Sache que je vais maintenant te raconter quelque chose qui n’existe nulle part ailleurs en Amérique, seulement au Texas, et ça tombe bien car je suis aux premières loges.

Homecoming a donc été célébré Jeudi dernier par les 9th graders enamourés. Façon poétique de te causer de ceux qui ont les hormones en ébullition. 
Au début de l’automne, chaque année, a lieu un pep rally un peu particulier, (si tu ne sais pas ce qu’est un pep-rally, je ne peux que te vilipender, cher lecteur, et t’enjoindre de relire mes derniers articles sur l’école américaine) suivi du Homecoming game (match de foot) puis du bal, Homecoming Dance. 
Cette tradition qui voulait à l’origine que l’amoureux demande à sa cavalière de l’accompagner au bal de Homecoming en lui offrant une fleur à attacher à son corsage, s’est transformée en un défilé de « Homecoming mums » plus énormes et plus fantaisistes les unes que les autres. Et le Texas, fidèle à l’adage qui veut que tout soit plus gros ici (« everything is bigger in Texas »), a bien fait évoluer les choses.
A première écoute, je me suis demandée pourquoi on mêlait les mamans aux rencontres lubriques d’après-bal. Il s’avère, lecteur avisé, que les mums sont aussi des fleurs,  les chrysanthèmes.
Pour en revenir à notre amoureux qui compte bien aller au minimum en troisième base ce soir, il a donc deux choix qui s’offrent à lui concernant l’acquisition de la mum: 
-il demande à Maman de la faire. 
-il demande à Maman de l’acheter. Et la maman de se tourner vers une professionnelle de la Mum. Car oui, c’est un métier. 

Sache que le garçon peut lui aussi recevoir une mum qui s’appellera une « garter », une jarretière qu’il porte à son bras et qui est généralement assortie à la mum de sa date (à prononcer « dèïte » et se traduit par « son rencard »).

Venons-en maintenant au prix de la guirlande: de 60 à 300$.
Imagine toi, une décoration composée de rubans aux couleurs de l’école, qui est suspendue autour du cou de la gente demoiselle, et qui comporte des leds (oui, leds, comme dans un magasin de luminaires, il n’y a pas d’erreur) des ours en peluches, des noeuds plus ou moins conséquents (plutôt plus), des enceintes pour le son et à l’occasion des clochettes.  L’évolution de cette tradition est réellement « out of control » (hors de contrôle) d’après les dires de mes indics texanes...



Je te sens dubitatif, je comprends. 
Que ce soit clair, il ne s’agit pas d’une tradition confidentielle, qui n’aurait cours que dans un lointain et obscur coin du Texas. Il s’agit bel et bien de quelque chose d’important et de très suivi. 

Certaines de mes amies texanes m’ont fait part de leurs doutes concernant le bon goût et l’utilité de la chose. Un peu embarrassées, certaines d’entre elles ont même suggéré que ça ne risquait pas d’arriver en France. Pour ma part, si on me promet des matchs de foot, des graduations, des pep-rallys, des bals et des quaterbacks, je veux bien refaire tout le lycée avec tout le merdier suspendu autour du cou, pendant trois ans sans problèmes. 

Le point vocabulaire

Je vais saisir l’occasion de ce billet concernant la période délicieuse et ingrate qu’est l’adolescence pour te donner quelques infos précieuses de vocabulaire au cas où, lecteur, tu aurais:
1/moins de vingt ans 
2/serais parent d'un "moins de vingt ans"
3/ ou aurais prévu de te réincarner en teenager américain dans ta prochaine vie. 

Si on te pose la question « Did you french her ? »
Sache que l’on ne parle pas manucure. Il y a de fortes chances que ton interlocuteur fasse référence au french kiss. 
A traduire par « t’as mis la langue? » 
Question posée à répétition au lendemain de Homecoming, j’ai mes sources. Note que le Français a donc un verbe pour l'honorer sur la question technique du « comment aller en première base? » et ça ravit notre orgueil de Latin Lover.

C’est avec une grande délicatesse que je vais traiter maintenant de la question du Zoum zoum zang.
Si on te pose la question  «  Did you go to first/second/third base yesterday? »(t’es allé en première/seconde/troisième base hier?)
Cette référence sportive, plus précisément de base ball, n’a aucun rapport avec un quelconque loto sportif. Il s’agit de la zone géographique où se sont focalisées les attentions de l’amoureux transi qui t’a offert une Homecoming mum de compétition et qui s’attend à ce que tu lui prouves ta reconnaissance à l’arrière de la Mustang. 
Je laisse à ton imagination fertile le soin de t’indiquer à quoi correspondent les bases, sachant qu’en première base, comme au base ball, les coups en-dessous de la ceinture ne sont pas tolérés…





lundi 26 septembre 2016

Once upon a time in Texas


 
Hico, Texas. Figée dans le temps.


La première fois que j’ai atterri sur le territoire américain, j’avais les larmes aux yeux, excitée de toucher du doigt un rêve, triste de réaliser que j’allais m’éloigner de ceux que j’aimais pour un moment. 
La tête dévissée pour tenter d’apercevoir des champs, des vaches ou des puits de pétrole par le hublot, je n’ai vu que le sol d’une platitude sidérante, recouvert de villes symétriques, de maisons identiques et d’autoroutes enchevêtrées. 
L’avion s’est posé et même si on était là juste pour un « touch and go » d’une semaine, je savais déjà que j’allais aimer ça. 

Aujourd’hui, je te raconte notre arrivée au Texas.

La société de l'Homme, grâce à laquelle nous sommes arrivés là, a fait les choses en grand. Elle ne nous a pas lâché dans la nature somme toute inhospitalière du Texas du jour au lendemain. C’est ainsi que nous avons débarqués un beau matin de Juin, à l’occasion de notre « Look and see trip », (à traduire par « va voir si ça te plait avant de couter un bras à la boite en déménagement-container transatlantique-emménagement ») en terre texane. 
Nous avons passé la majeure partie de la semaine à somnoler dans le truck de Barry. Barry, c’était l’agent immobilier chargé par la société de l’Homme de nous faire visiter un maximum de maisons en un minimum de temps. C’était la mi-Juin, il faisait chaud, les routes du coin étaient en travaux et on était en plein jet-lag.

Je passe sur le nombre de fois que l’un d’entre nous s’est endormi dans le gros truck cinq places de Barry, dodelinant de la tête, la bave aux lèvres, pour se réveiller en nage, dans les embouteillages, au son de la voix de Barry qui pestait contre son GPS et les légendaires bouchons de la Highway entre Fort Worth et Dallas. Barry était super cool. « Born and raised in Texas » (né et élevé au Texas), il avait un accent texan à couper au couteau et aimait bien faire des jeux de mots. Imagine le challenge. Assise à l’avant, luttant avec le sommeil et le vocabulaire nébuleux du Texan je ne comprenais jamais rien. Ce qui l’incita vers le milieu de la semaine à déclarer qu’il faisait sa dernière blague vu le manque de réactivité de l’audience.
Il a quand même trouvé le temps de me lâcher un « man’s got to do what a man’s got to do » (un homme doit faire ce qu’il a à faire) très John Wayne, en m’expliquant sa rencontre avec sa femme…

Ah, on en a vu des maisons. On en a vu dans un peu tous les genres, dans tous les coins du comté. Des petites avec des versets de la Bible imprimés au pochoir sur les murs du salon, des surprenantes avec piscine, salle de billard et salle de ciné, des moches disponibles et des grandes réservées. Pourtant, on n’était pas particulièrement difficile. On voulait une maison où poser nos valises, reconstruire un nid, où l’on pourrait être heureux. 
De préférence, de plain-pied. Point. 

Photo volée par Mimie, 9ans.


L’influence de l’altitude je suppose, on planait toujours à 10000. C’est Barry qui s’est chargé de nous rappeler qu’il y avait un critère imparable à prendre en compte: 
La qualité du district scolaire.

On a donc d’abord tourné autour de la Dallas International School, au nord de Dallas, où l’on retrouverait pas mal de la communauté française. Pour plusieurs raisons qui nous sont personnelles, (mais pas secrètes, suffit de demander) nous avons finalement décidé de ne pas y inscrire les enfants. 
On trouvait une immersion totale chez les autochtones tellement plus excitante. Rendez-vous en terre inconnue au Texas, une plongée au milieu des stades géants, des églises de toutes confessions, des ranchs, des prairies, et des longhorns sur la route du supermarché.
On a donc continué nos visites.
Et il y a eu celle pour laquelle j’aurais tout donné. 
L’annonce disait « animaux domestiques interdits, chevaux acceptés »
Je te parlerais bien du jardin sauf qu’il s’agissait pas d’un jardin, c’était une prairie. Et puis, il ne s’agissait pas d’une maison, c’était un ranch. 
On est resté un long moment à l’intérieur, je me projetais à mort. J’en étais mentalement à choisir la couleur des rideaux quand on est sorti admirer la prairie où iraient s’ébattre nos hypothétiques mustangs.
C’est là qu’un avion est passé, le train d’atterrissage a brossé la cime des arbres, la petite a eu peur, nos cerveaux ont fondu dans le bruit, on a attendu cinq minutes avant de pouvoir s’entendre dire, « finalement, c’est non ».
On a donc repris la recherche. 
On casait les visites immobilières entre le rodéo, les dégustations de brisket, les cadeaux à ramener à la famille et aux copains, la traversée de Dallas, la visite de Fort Worth. On en prenait plein les yeux. On commençait à comprendre que malgré nos doutes et nos appréhensions, on pourrait passer un moment agréable dans les parages.

La semaine s’est finalement achevée sur un sentiment d’échec. On repartait en France bredouille. Barry nous a encouragé à envoyer  notre dossier pour une jolie maison qui nous plaisait bien, à mi-chemin entre Dallas et Fort Worth, chouettes écoles, résidences proprettes et calmes. On n'y croyait pas vraiment, nous étions sur liste d’attente. 
Mais c’était sans compter sur l’étonnante M., celle qui est aujourd’hui notre proprio. 

C'est nous qu'elle a choisi. Les français. Et nous répète à chacun de nos échanges qu'elle ne l'a jamais regretté.






vendredi 16 septembre 2016

L'école américaine partie 3


Je ne comptais pas vraiment te donner des nouvelles de moi aujourd’hui, mais il semblerait que ce soit la semaine des célébrations dans les écoles. 

Ce matin, j’ai mis la main dans un nid de « fire ants » (indice: ce n’est pas un hasard si elles s’appellent les « fourmis de feu ») par miracle je venais d’enfiler des gants. Je vais donc célébrer le fait d’avoir encore mes deux mains valides en te tapotant le déroulement de notre semaine scolaire texane.


Aujourd’hui, outre le week end, c’est Citizenship Day. 
Les enfants sont donc invités à porter du bleu- blanc -rouge. Les drapeaux, noeuds ou écharpes aux couleurs du drapeau étant aussi les bienvenus. La Band des Junior High d’à côté va jouer pour mon plus grand plaisir mais aussi accompagner la chorale  de l'élémentaire au moment de l’hymne américain, the National Anthem (et devine quoi: ma fille est dans la chorale et mon fils dans la Band je sais plus si je l’ai précisé les douze dernières fois que j’ai abordé le sujet).
La prof de musique a briefé la chorale hier en leur expliquant que la Band a la fâcheuse habitude de jouer l’hymne trop vite. Ce que ma fille a répété à son frère, ce qui n’a pas manqué de provoquer un échange assez houleux, chacun prêchant pour sa paroisse. « C’est les gens du showbiz qui le joue doucement  pour faire des vocalises, mais c’est pas comme ça que ça se joue à la base j’te dis » d’après l’opinion du clan des musicos.

Les Scouts du coin sont là aussi pour procéder à la levée des couleurs, drapeau américain et drapeau texan, suivi du Pledge of Allegiance, le serment d’allégeance au drapeau des Etats Unis suivi du serment d’allégeance au drapeau du Texas. Les enfants et les adultes se tournent alors vers les drapeaux, main sur le coeur et récitent:

« I pledge allegiance to the Flag of the United States of America, and to the Republic for which it stands, one Nation under God, indivisible, with liberty and justice for all. »
« Honor the Texas flag; I pledge allegiance to thee, Texas, one state under God, one and indivisible. »

Une dame dont j’ignore l’identité leur a ensuite fait un long discours improvisé sur ce qu’est la citoyenneté et surtout être un bon citoyen.  C’est là qu’elle a parlé d’un gars qui sortait ses poubelles ce matin puis de son chien qui était un citoyen de sa maison, mais je crois qu’elle avait déjà perdu la moitié de l’audience au moment des poubelles. Du coup, certains gamins ont raté son explication sur le fait que tu n’es pas que le citoyen de ta ville mais tu es aussi un citoyen du monde. Dommage ils auraient pu expliquer à certains de leurs parents que non-non, il y a bien d'autres pays autour du globe.  
La célébration a pris fin au son de la Band, en musique, sur de bonnes paroles et de beaux sentiments. 

Ça m’a fait penser à la parade de samedi dernier, au cours de laquelle la Band de Trinity, le lycée du coin, a arpenté les rues de notre ville à pied, pendant plus de cinq heures en jouant de la « pep music ». J'ai dit pep, non pas pop, note bien. Les habitants pouvaient commander un air en particulier et la Band s’arrêtait devant chez eux et jouait pour eux! 
Nous, les parents, suivions en voiture, escortés par la police qui ouvrait la route; notre rôle étant de saluer les gens sur les bords de route, trop fiers de nos rejetons, qui finissaient  ravis mais cuits (au propre comme au figuré) leur tour de ville. 
Il s’agissait d’une première pour mon trompettiste favori qui n’est pas encore Marching Band, puisqu’il n’est pas encore au lycée mais était toutefois invité à participer. Les habitants se sont prêtés au jeu avec un grand plaisir et mon fils a trouvé génial de jouer dans la rue en marchant. Il m’a même raconté qu’ils avaient joué « Happy birthday » à une vieille dame qui en a pleuré de bonheur.

Et puis Jeudi matin, il y a eu un Pep rallye à Harwood Junior High. A cette occasion, toute l’école se rassemble dans le gymnase, la Band joue, les gymnastes et les cheerleaders font des démonstrations de leurs prouesses et un prof joue le maitre de cérémonie au micro. Le but de ses rassemblements: exciter ou raviver l’enthousiasme des élèves pour leur école et leurs athlètes. C’était le premier pep rally de l’année, les prochains seront moins timides. Le maitre de cérémonie a du s’y reprendre à deux fois pour que les 7th graders (niveau cinquième) participent au concours de bruit. 
On croit rêver.



















vendredi 26 août 2016

L'Ane et l'Eléphant, une fable ou du cirque?


L'Ane Démocrate et l'Eléphant Républicain

Il en est de ce blog comme des repas dominicaux, on s’abstient d’y discuter de sujets qui fâchent genre politique et religion, pour éviter les drames de fin de repas. Inutile de jouer à la vierge effarouchée, je ne connais personne qui n’ait jamais subi les tirades fascistes d’un arrière grand oncle aviné ou les envolées trotskistes d’un cousin énervé à l’occasion d’un banquet familial.

Mais, depuis que les élections ont pointé le bout de leur nez, j’observe ce qui se passe autour de moi et crois-moi, il y a matière à réfléchir.
J’habite donc au Texas qui est un état notoirement républicain. Malgré tout, comme je te l’ai déjà expliqué, dans les grandes villes telles que Dallas, Austin et Houston, la population vote généralement démocrate. 
Au début de l’année, les Texans croyaient très fort en la candidature du gars du pays, Ted Cruz (né au Canada, mais ne chipotons pas). Même si tu ne t’intéresses que de très loin aux élections américaines, tu as déjà entendu parler de lui. 
Cruz est sénateur du Texas, avec quelques accointances du côté du Tea Party, Sarah Palin et les Evangélistes. Son nom a défrayé la chronique lorsque le délicat Donald Trump a entre autres, accusé  le père de Cruz d’avoir trempé dans l’assassinat de JFK. Le papa de Ted, Cubain,  apparaitrait selon Trump sur une photo floue près d’Oswald. Puis il a attaqué la femme du texan sur son physique (il a clairement sous-entendu qu’Heidi Cruz est moche) après que des supporters de Cruz aient publié une photo de Melania Trump, en avion, nonchalamment allongée sur une peau de bête, la raie à l’air et non, je ne parle pas de ses cheveux.
 « Voici votre nouvelle première dame, ou sinon votez Cruz mardi » tel était le sous-titre. Je suis à peu près sûre que l'affiche a été efficace dans les deux sens, certains fantasmant déjà sur les vols longs courriers d’Air Force One.
Même si ça me fait bien rire, inutile de pérorer. En France on a eu notre lot d’épouses, concubines et maitresses en tout genre qui ont fait marrer la Terre entière. 

La déconvenue de Ted Cruz a été un coup pour certains de mes amis texans qui reconnaissaient ne plus savoir pour qui voter puisque leur poulain était déjà hors course après le premier virage. Ils ne soutiennent ni Hillary, une menteuse et un escroc d’après eux, ni Trump dans lequel ils ne se reconnaissent pas du tout. 
Ils ont donc une sacrée épine dans le pied, et crois-moi, les réseaux sociaux ont été le lieu de disputes épiques et discussions venimeuses ces derniers mois. Les articles s’y sont succédés me mettant au bord de l’overdose, à la limite de bloquer certains amis du coin qui avaient tendance à oublier que Facebook n’est pas une tribune politique. L’amertume augmentant proportionnellement avec la gravité de l'enjeu.

Petit flash-back sur les faits.

Quelques semaines avant le Super Tuesday, les panneaux se sont mis à fleurir dans les jardins claironnant pour qui l’heureux propriétaire allait voter. On a donc découvert que nos voisins étaient des fervents soutiens de Trump n’hésitant pas à placer un autocollant sur leurs voitures, et planter un panneau « Make America great again » dans les hortensias. 
Au plus le temps passait, au plus la position des panneaux s’affermissait et leur nombre croissait. Une propriété cossue du coin allant jusqu’à compter 8 panneaux  "Trump" dans son carré de pelouse au moment de la Convention de Cleveland.


A la bibliothèque de ma ville, impossible de sortir de ma voiture sans être assaillie par une foule de militants, prospectus en main, qui espéraient influencer les indécis. Ainsi je lisais une profonde déception dans leurs yeux à chacun de mes passages, lorsqu’ils me demandaient :
« Vous êtes venus  voter? 
-Non
-Demain alors?
-Non plus 
-Mais vous savez pour qui vous allez voter?
-J'vous le dirai pas. » 
Quelle blagueuse je fais.

Amusant aussi de constater que seuls deux malheureux panneaux Bernie Sanders étaient visibles dans ma ville: sur le tacot le plus modeste que tu puisses trouver dans le coin, et au 2è étage d’une villa, sur une fenêtre. Un peu comme si un des gamins de la maison avait voulu faire une bonne blague à ses parents.


Rififi chez les Eléphants.

Mais la Convention réservait aussi bien des surprises, notamment le malicieux Ted Cruz qui devait lors de son speech, faire allégeance à Trump. Après les querelles, insultes et coup bas qui avaient émaillés la campagne au printemps, il fallait faire table rase et réunir le camp Républicain et surtout que le Sénateur du Texas montre la voie à ses ouailles. 
C’est là que la scène devient croustillante, Ted regarde ostensiblement vers 2020 en prononçant ses mots: « Vote your conscience » sans prononcer le nom de Trump. Il  lui refuse sciemment son soutien. Cruz sort sous les huées du public mais souriant. Trump enrage mais pour ne pas perdre la face, tweete qu’il connaissait le discours à l’avance et l’a laissé faire. 
Dans le magazine Texas Monthly, les envoyés spéciaux rapportent avoir entendu dans la foule « Il a des couilles le Texan » ou autre « Si je pouvais, je l’adopterais ». 

Vengeance pour son père, vengeance pour sa femme Heidi. Ici, on a salué de toutes parts le baroud d'honneur de Cruz: «  Au Texas, la famille c’est sacré. » 







mercredi 27 juillet 2016

Des animaux et des hommes



Comme tu le sais, j’habite au Texas. Et comme tu l’as peut-être remarqué, je ne suis pas la plus grande courageuse du monde quand il s’agit de bêtes à quatre, six, huit ou mille pattes.
J’adore camper. Sereinement. 
J’aime la nature, le vent dans les arbres, les pieds dans l’herbe, le regard perdu dans le lointain. Déjà à l’époque où nous vivions en France, je rabâchais aux enfants de ne pas soulever de pierres dans les bois et d’éviter de mettre les doigts dans les trous en forêt. Alors au Texas, on est passé à la vitesse supérieure. On regarde où on met les pieds, on écoute un hypothétique chant de crotale aux aguets, on met du spray anti-moustiques et on ne fout plus les pieds à Joe Pool Lake jusqu’à l’hiver prochain.

Un voisin a tué un copperhead (une vipère cuivrée) dans son jardin il y a quelques jours. Apparemment, il y a une recrudescence cette année. Ces serpents sont attirés par les cigales qui chantent la nuit et non pas aux heures les plus chaudes du jour comme par chez nous, en France. Elles ont une taille imposante et font un snack de choix pour les copperheads la nuit venue. D’où l’article de ce journal texan, la semaine dernière qui conseillait: « si vous faites une petite balade nocturne, regardez où vous mettez les pieds ».

En vacances, je ne lâche pas l’affaire. La première année, dans les grands parcs de l’Ouest, j’ai donné pour consigne de fermer la porte de la voiture des qu’on s’en éloignait. J’imagine le serpent vicieux capable d’établir son campement sous un fauteuil douillet en attendant son potentiel repas. La faute à la maitresse de CM1: Je pense que si je n’avais pas lu Riki Tiki Tavi à neuf ans je ne serais pas aussi traumatisée. Le coup du cobra lové sous la cuvette des toilettes m’a choqué à jamais.
Puis, il y a eu les trois nuits de camping de Charleston au bord du lac, dans lequel flottait un bébé alligator. La gérante du camping à qui je demandais si on avait aperçu ses parents récemment m’a répondu: « ils vivent dans un autre lac, plus loin ». Rétrospectivement, je pense qu’elle se foutait de moi. Bref, trois nuits à tenir les enfants éloignés des bords de la tente au cas où le bébé aurait eu besoin d’un encas nocturne. 
Puis, l’arrivée à Nashville et l’épisode des punaises de lit.
Suivi de Memphis, son camping, ses posters « attention aux tiques », « attention aux serpents » tout ça pour écouter des coyotes s’interpeler toute la nuit à la sortie de la tente et finalement se faire piquer par des mouches microscopiques au petit matin. 

Cette année, la destination était le Colorado. 
Première nuit étape à Roswell. Avant de partir, j’avais choisi le Bottomless Lakes State Park pour planter la tente. Mais ça, c’était avant. Avant d’ouvrir la portière et poser le pied à côté d’une mygale morte et de constater que la température était de 44C. L’eau du lac à 34C. Un four sous pyrolyse avec des cancrelats.
On a dormi au motel du coin.
Deux jours plus tard, on a visité le Black Canyon de Gunnison au coeur du Colorado. C’est là qu’on l’a aperçu pour la première fois. 
Il nous a ignoré magistralement. Il se baladait sur la rive opposée de la rivière, nonchalamment. Il a lapé quelques gorgées comme un gros chat douillet, s’est éloigné, puis s’est assis dans l’eau fraiche quelques minutes avant de repartir pour de bon. 
C’était une apparition. C’était le « wow effect » du voyage. La puissance et la beauté de cette énorme bête nous ont laissé sans voix. On était content, on trouvait que la nature était belle. On avait vu LA bête sauvage. L’Ours.
C’est là que j’ai réfléchi finalement à ce dont j’avais vraiment peur. Une sorte de hiérarchie parmi les bestioles qui me foutent vraiment la trouille. Les serpents, l’alligator, les araignées, relégués finalement plus bas.

Puis, on est remonté à la surface, sorti de ce profond canyon, les barres du réseau sont réapparues sur nos téléphones. L’orage menaçait autour des montagnes et promettait d’être violent. On ne savait pas qu’il s’était déjà abattu sur Nice. C’est le texto de ma copine texane, K. qui m’a alerté. « Tu regardes les infos? Appelle tes parents ».

Depuis, j’ai revu ma pyramide des animaux dangereux. 
Le seul qui soit vraiment dangereux, il est sur deux pattes, il est vicieux et tue par plaisir. Mon prof de philo, en terminale, nous a répété plusieurs fois il y a des années de ça « L’homme est un loup pour l’homme ». J’avais pas vraiment saisi l’idée à l’époque et puis, pour être honnête, je m’en foutais un peu. J’étais insouciante comme la plupart des ados de mon âge. Comme ma copine C. que je trouvais super jolie. Elle avait un beau visage et je pensais que si les garçons la regardaient c’est parce qu’elle avait une jolie bouche peinte en rouge, des yeux malicieux et était drôle. Elle souriait tout le temps. 
On avait 17ans. Et on ne savait pas ce que la vie nous réservait. 
Aujourd’hui, C. ne sourit plus. Comme ceux qui ont perdu des êtres chers, elle va égrener les jours et compter des anniversaires fantômes. Elle va assister au spectacle des fêtes de famille chez les voisins et les copains. Elle va imaginer l’avenir de ceux qui ne grandiront pas et ne vieilliront plus. 

Je pense à elle tous les jours et je garde espoir qu’un jour, peut-être, elle sourie à nouveau.








jeudi 9 juin 2016

Le Lauréat



A la fin de l’année scolaire, c’est à dire le 25 Mai, dans notre district scolaire ont eu lieu les « Graduations »: la remise des prix pour les élèves de lycée qui ont glorieusement fini l’année. Si tu me lis régulièrement tu sais que nous sommes outrageusement jeunes surtout moi et donc absolument pas concernés par des enfants en âge d’aller au lycée. 
Cette expérience risquait donc de nous passer sous le nez, si l’une de nos amies n’avait pas eu la géniale idée de nous inviter à la Graduation de son fils. 
Autant te dire que, comme d’habitude, en Amérique, tout est réglé au millimètre près et que nous n’avons pas été déçus. 
Tout a commencé par une jolie carte d’invitation reçue au courrier. Le diplômé en question, beau gosse, ne sourit pas sur les photos qui ornent l’invitation et «  gives it all to the camera », (« donne tout à l’appareil ») comme nous l’explique sa mère en riant. Il a 17 ans mais quand il sourit, il ressemble au petit garçon de 8 ans que j’ai aperçu sur des photos. 
La cérémonie va se dérouler dans le Convention center de Fort Worth.
Il pleut depuis des jours et le matin de la cérémonie ne déroge pas à la règle, il pleut des trombes d’eau, on patauge dans le parking, le Texas est sous l’eau.  

Convention Center de Fort Worth avant l'arrivée des Seniors


En entrant dans le Convention Center, on comprend qu’ici la Graduation, c’est du sérieux. 


On devrait peut-être s’en inspirer en France. 
Tous les ans, au mois de Juin, Jean-Pierre Pernaut et ses collègues, visionnaires, te présentent les révisions du bac selon les cancres et les cracks qu’ils auront dégottés. 
Comme tous les ans, tu rencontreras ainsi le plus jeune élève puis le plus vieux à se présenter à l’examen. 
Le jour J, on va pénétrer à l’aube dans la cuisine de la famille Machin pour partager le petit déjeuner de vainqueur préparé avec amour par les parents Machin super stressés, pour leur progéniture ensommeillée. 
On filme même les jeunes en retard, les premiers à sortir, et quelques semaines après, les larmes et les cris de joie des reçus, le désespoir de ceux qui vont à l’oral, etc… 
Tout ça généralement sur fond de polémique annuelle, la fameuse polémique du « bac qui a perdu sa valeur » à coup de pourcentages sur les réussites et les échecs de nos lycéens, des lycées privés, publics, selon les académies, l’influence de la météo sur les révisions, le blabla insipide habituel. 
Tout le monde va y aller de sa petite critique et finalement ceux qui ont le bac vont affirmer à ceux qui le passent que l’on ne peut rien faire sans, et ceux qui le passent vont se demander pourquoi se casser le train à le passer si ça ne veut plus rien dire. T’avoueras que c’est moyennement motivant d’entendre que le bac c’était plus difficile y’a 20 ans, surtout qu’il y a 20 ans, quand on révisait, on révisait. On n’était pas partagé entre la 2è Guerre Mondiale, Instagram et Snapchat. Et je te ferais aussi remarquer que les jeunes d’aujourd’hui ont quand même 2o ans d’histoire en plus à se coltiner, par rapport à y’a 20 ans. CQFD.
Tu vois, tu peux éteindre ta télé, je viens de te faire gagner un temps fou, je viens de te raconter les infos nationales du prochain mois. 

Pendant ce temps, ma copine américaine a créé ses cartons d’invitation, acheté  la cape noire de son fils, le Graduation hat et le tassel, le couvre-chef carré et le pompon qui fait loucher. L’école a retenu le Convention center de Fort Worth de 14 à 16h. La Band a répété sans ses membres habituels. Lorsque nous entrons, elle est déjà installée et constituée des élèves qui ne "graduent" pas, et la salle est pleine comme un oeuf,  remplie de familles et amis, présents pour applaudir les jeunes.

Les seniors, c’est à dire les élèves de Terminale sont tous habillés très classe pour l’occasion: les filles surtout n’hésitent pas à porter des robes de soirée et des stilettos, qui seuls sont visibles sous la cape.

Les Seniors qui se sont distingués cette année prennent place sur la scène avec tout le gratin du Lycée. On a reçu un programme nous expliquant le déroulement de la cérémonie. Je ne sais pas qui a eu la présence d’esprit de nous pondre le livret, mais je le remercie intérieurement. On y trouve l’identité des intervenants, les paroles de la chanson de l’école et surtout à quel moment nous devons nous lever et nous assoir. Je repense à ces moments de solitude les rares fois où je me pointe à l’église en France et je me demande pourquoi c’est pas pareil.

Discours du Valedictorian

Les dix meilleures élèves de la promo sont cités et le valedictorian et salutatorian, major et second de la promo montent au pupitre à tour de rôle et nous lisent leurs discours.
Autant te dire qu’à 18 ans, je ne connais pas grand monde dans mon lycée qui aurait été capable de pondre un truc pareil. Quelle maturité! Quel à propos! J’en suis toute retournée. Je verse même une larmichette quand la salutatorian nous explique qu’elle est ravie d’avoir si bien réussie notamment pour en remontrer à celui qui, quelques années auparavant lui avait prédit qu’elle ne ferait jamais rien pour deux raisons remarquables: « T’es une fille et t’es blonde ».
Elle est aussi très fière de montrer que la moitié des dix meilleurs élèves de Trinity High School sont des filles, à ses côtés, sur l’estrade. Elle nous explique aussi, qu’elle avait secrètement un autre challenge: perdre du poids. Elle pèse donc 20 kg de moins qu’en Août dernier, elle sourit de tout son bonheur et finit son discours par des remerciements. « Ma famille, mes amis, mes professeurs et Jésus-Christ »
Je me retourne vers l'Homme qui reste impassible alors que je glapis dans son oreille: « Jésus Christ? »
Elle a le bac et remercie Jésus Christ? 
Le mari de ma copine se retourne vers moi et me jette un regard réprobateur au moment même où je demande à l'Homme si on est dans une secte. Mes paroles se perdent dans l’ovation que la salle fait à Jésus. 
S’ensuit le discours du major de promo dont le meilleur pote a dit de lui pour l’introduire derrière le micro, « Je le respecte surtout parce qu’il est le mec qui sort avec Anna Smith ». Ce que j’ai trouvé fort drôle. Il est temps d’appeler un par un les élèves pour en faire des diplômés. Le diplôme leur est remis, une photo est prise, ils défilent sur la scène. Les joueurs de foot sont ovationnés par toute la salle. C’est sûr que c’est moins intime que la remise de notre propre diplôme, quelques années en arrière, remis par une secrétaire grincheuse qui regrettait sa matinée à la plage, dans une salle de classe surchauffée, dans laquelle il n’y avait ni photo ni trompette. 
De toute façon, on n’imaginait pas qu’il y avait une autre façon de célébrer le bac : en buvant une sage coupe de champagne avec les parents soulagés avant de se rendre à une Happy Hour titanesque, répétée toute l’année, au son de « Smells like teen Spirit». Et où l’on s’en remettait plus à Nirvana qu’à Jésus pour sûr. 

Il est maintenant l’heure de jouer l’hymne de l’école et on se lève tous comme un seul homme: le drapeau de Trinity High School traverse le carré des diplômés, tout le monde le pointe du doigt en reprenant le refrain, T’S UP!


Le drapeau de Trinity HS traverse la salle sous les ovations

L’émotion est à son comble, les élèves peuvent changer le pompon de côté, ils sont officiellement diplômés. Ils peuvent maintenant jeter leur graduation hat en l’air, j’ai les larmes aux yeux, ma copine aussi. Mais pas pour les mêmes raisons. Elle pleure son premier bébé qui va quitter la maison, je pleure parce que c’est beau comme un film!
Quand on sort du Convention Center, la pluie a cessé, le soleil brille, il fait 39C. 
Class of 2016, que votre avenir soit aussi radieux et aussi heureux que cette journée!







mercredi 1 juin 2016

Naked and Afraid




Je ne sais plus si je t’ai déjà parlé de la télé américaine. 
La triste vérité à son sujet, c’est que quand tu vis ici, tu n’allumes quasi jamais ta télé. La publicité est omniprésente et tellement envahissante qu’il faut user d’une infinie patience et de stratagèmes subtils si tu tiens vraiment à donner sa chance à une émission américaine. Ceci dit, vu la diversité des émissions proposées, il te faut beaucoup de courage et d’abnégation. Nous, c’est pas compliqué, on a opté pour la version américaine de The Voice (parce que j’aime les tatouages) et pour la chaine anglaise PBS, le mercredi soir. 
Il s’agit de l’émission Nature. Une heure de reportage animalier par semaine quand tu as grandi avec Cousteau et les Animaux du Monde le Dimanche après-midi, ça peut avoir l’air d’une revanche d’enfoirés sur tes propres enfants. Mais en fait, on se rend compte que l’hibernation des castors dans le Minnesota ou les hôpitaux pour koalas albinos en Australie donnent une saveur particulièrement apaisante à l’heure du coucher. 
Après ça, tu peux regarder n’importe quelle série peuplée de faux applaudissements et de rires enregistrés et te dire que le scénario mérite un Oscar.
C’est en zappant remplis d’espoir au début de notre séjour que nous avons découvert avec une grande curiosité des émissions genre Ninja Warriors ou encore Naked and Afraid. 
Celle-ci a vraiment ma préférence. Je ne vais quand même pas te raconter Ninja Warriors, avec un peu de chance, la télé française nostalgique des années Guy Lux, te proposera ça cet été, Intervilles version stéroïdes.
Donc, Naked and Afraid. Comme son nom l’indique, il y a des poils et de la trouille. Quel programme! 
Si tu es en quête de nichons et de fesses, sache que tout est flouté, tu vas donc rester sur ta faim. Zappe sur HBO directement.
Le principe est simple, on prend un homme et une femme (qui ne se connaissent pas, c’est plus drôle), on leur confisque leurs sapes et leurs tongs, à la place on leur file un sac avec une carte et l’objet de leur choix chacun, et on les dépose en pleine nature, de préférence hostile, dans laquelle ils doivent survivre 21 jours. 
Ils doivent donc se débrouiller pour trouver de la nourriture, de l’eau, et faire du feu très rapidement. 
On a regardé très peu d’émissions, mais tous les cas de figure se sont présentés. Les deux protagonistes sont poussés dans leurs retranchements par la faim, le froid et la peur. Oui, un peu comme Koh Lanta mais en plus trash, parce que quand même, péter une crise de nerfs en s’agitant dans tous les sens quand tu as les meules à l’air, même flouté, ça a de la gueule. 
Il y a ceux qui se hurlent des insanités, ceux qui s’ignorent, ceux qui deviennent copains comme cochons, ceux qui deviennent cochons tout court et qui te font te demander si tu vas devoir protéger d’une main chaste la vue de tes enfants. 
Il y a ceux qui se débrouillent tellement bien que tu as l’impression de regarder une émission de Bear Grylls version HBO, et qui te pousseraient presque à postuler. Il y a ceux qui crèvent tellement de faim qu’ils finissent très vite par s’engueuler et aller bouder chacun à un bout de la plage et généralement, un des deux a une insolation et sort sur une civière.
Il y a les pudiques qui se cachent derrière leur sac, souvent des nanas d’ailleurs. Arrête, on sait très bien que les hommes adorent exhiber les dimensions de leur intimité. Surtout si en plus, ils ont la possibilité de faire une démonstration de leur habileté à chasser avec une lance ou une sarbacane. 
La dernière fois, un texan, super à l’aise dans son corps, les mains sur les hanches, les jambes galbées, écartées, bien plantées dans le sol, le sac nonchalamment jeté sur l’épaule, attendait de pied ferme la femelle qui allait lui être attribuée. Si-si c’est quand même un peu ça. Quand elle a enfin été larguée sur zone et pour éviter toute fatigue supplémentaire au mâle qui aurait pu impliquer une quelconque parade amoureuse, elle a expliqué directement qu’elle était lesbienne, en couple et pas impressionnée.
Ça a été une des meilleures émissions qu’il m’ait été donné de voir, même si mon référentiel est restreint. Leur complicité et leur humour ont transformé l’aventure: ils ont gagné et c’était beau à voir! 
Enfin, gagné! 
Rien gagné puisque dans cette émission, remporter le défi ne te rapporte qu’un pendentif  miteux.

Passer trois semaines avec des serpents, des tiques et des araignées qui t’empêchent de dormir, quand c’est pas un ours, un inconnu relou qui va s’exhiber à longueur de journée et te proposer la nuit de te réchauffer, la pluie, les orages, pas d’apéro, pas de téléphone, tout ça pour un collier hippie en poils de zébu avec un bout d’os dessus, moi, c’est tout vu, j’y vais pas.