mardi 21 avril 2015

On dirait le Sud...



Le Texas n'est pas dans l'inconscient collectif la destination la plus sexy d'Amérique. Il suffit de comparer le nombre de guides existants sur New York, San Francisco, les grands parcs de l'Ouest ou encore la Louisiane avec ceux sur le Texas.

Lorsque nous avons appris que notre expat était acceptée, à la question "et vous allez où alors?" les réponses n'étaient pas aussi emballées que si on avait répondu Los Angeles.
J'en ai entendu des blagues sur Dallas et son univers impitoyable, Sue Ellen et son apéro, mais c'est de bonne guerre. Finalement, si on se fie seulement à ce que l'on voit à la télé, et c'est bien connu la télé c'est comme internet, ça ne raconte que des vérités, le Texas ne gagne pas vraiment à être connu.

La peine de mort, le port d'armes, les milices anti avortement, les intégristes religieux et dans une moindre mesure, l'hostilité de la météo, et "la concentration de ploucs arriérés"... je ne l'invente pas, je l'ai entendu!

Je vais tenter de te convaincre que la réalité à laquelle je suis confrontée quotidiennement est différente.

Pour commencer, j'applique une règle qui m'est très précieuse, quand je suis reçue chez quelqu'un, j'évite de faire un esclandre et de donner mon avis alors que je ne connais encore rien de la culture ou de l'histoire de mon hôte. J'ai des opinions, je les garde pour moi, je les laisse évoluer au fil du temps et j'essaye de comprendre le point de vue de l'autre. 
Ça m'a bien servi quand nous avons visité l'Israel. Tu évites de ramener ta grande bouche de français qui vit au chaud et à l'abri pour donner des leçons de morale à des gens qui vivent avec un abri anti-aérien coincé entre la cuisine et la buanderie.
Ici, c'est pareil, j'aurais eu l'air ridicule de crier à tous les vents "c'est quoi ces gens qui tirent dans tous les sens avec leur gros calibre?" alors que je suis secrètement convaincue d'être la réincarnation de Calamity Jane.

Pour ce qui est de la religion, priez pour nous pauvres pêcheurs, nous ne sommes pas nombreux à ne pas nous rendre à une des paroisses du coin le week-end.
Ma voisine, l'année dernière, m'a proposé de nous emmener les enfants et moi à la messe de Pâques de sa paroisse, elle savait que j'étais seule, mon mari en déplacement, j'ai poliment refusé.
Et puis quoi encore? On y va QUE pour faire plaisir à ma belle-soeur, et elle, elle nous autorise à sortir boire un coup au café d'en face au bout d'une heure de messe pour nous récompenser.

De même, une de mes plus proches amies ici, est très "spirituelle":  en français, ça ne sonne pas bien, on croirait que j'ironise, mais c'est le mot qu'elle emploie pour parler de son attachement à la religion. Elle passe beaucoup de temps à sa paroisse et parle beaucoup de l'influence de Dieu dans sa vie.
Je ne pensais pas que nous pourrions être amie la première fois que je l'ai vu, elle m'impressionnait un peu et quand j'ai tenté de faire de l'humour en lui expliquant ce qu'était une grenouille de bénitier, elle n'a pas ri.
Je me suis aperçue qu'elle a un humour très pince sans rire et elle est, comme ils disent ici, "non judgmental", elle ne juge pas, est très sereine, très amusante et j'apprécie les moments passés avec elle.

Nos enfants ont eux, eu affaire à des coriaces. Dans la classe de la plus jeune, les élèves ont du former des équipes, "Team Jesus" a été proposé par un des gamins. Ce à quoi ma fille a répondu: "Hors de question, je ne veux pas être dans la Team Jesus!"
Quand je lui ai demandé quelle était sa raison, elle a dit qu'elle voulait être "les Fantastic Five".
Mon fils a lui aussi été questionné sur ses croyances et sa paroisse: "Je ne crois pas en Dieu", le gamin n'a pas accepté sa réponse et lui opposa un imparable "Qui est-ce qui t'a fait alors?"

Evidemment, en tant que française, je suis horrifiée par ce que je vois ou entends parfois, certaines lois, certains faits divers. Mais je crois qu'avant de claironner mes opinions auprès des Texans, je vais commencer par balayer devant ma porte.
Y a-t-il plus énervant que d'entendre des étrangers nous donner des leçons quand ils débarquent en France?
J'ai exprimé mon point de vue publiquement une seule fois depuis que nous sommes ici en signant une pétition concernant le background check (se pencher sur les dossiers criminels, financiers, etc...) des personnes achetant des armes à feu. C'était après la tuerie de l'école Sandy Hook. Je confie mes enfants tous les jours à l'école du District, même si je ne vote pas et ne suis pas une citoyenne américaine, j'ai ressenti le besoin de m'exprimer.

Il m'arrive d'intervenir sur certains forums pour répondre aux questions de futurs expats à Dallas. Je suis désespérée par la diarrhée verbale affligeante de certains intervenants habitant d'autres états, du genre:

"Le Texas c'est la religion protestante, accompagnée de sa mosaique de sectes protestantes diverses poussée a son extrême, mais c'est aussi les armes, le climat tropical, les immensités, le pétrole, les vaches, les exploitations agricoles gigantesques, les tornades.
Sinon il y des beaux coins a visiter. En général, les Européens qui y vont ni restent jamais très longtemps"

Après avoir décrypté le message du gars, j'ai compris qu'apparemment toute la première partie de la phrase est ce qui doit faire peur, donc, la religion protestante c'est comme les armes. Sans parler du climat "tropical", on se demande pourquoi les gens se payent des voyages sous les Tropiques; l'immensité, oui, ça craint, j'ai horreur de ça:


Les vaches.
Sérieux? 
Tout ça, classé, tiens toi bien avec les tornades. Je crois qu'on peut définitivement affirmer que Moise, son pharaon et ses sauterelles, c'était du pipeau à côté du Texas ET ses protestants ET ses vaches.
Et les Européens qui ne restent pas longtemps. Il n'a visiblement jamais foutu les pieds ici. 

Pour finir, je ne vais pas t'expliquer ce qui est bien ici, je vais juste te donner des indices:

-Si les gens continuent à s'installer dans l'état qui a le plus grand nombre de tornades par an, 153 en moyenne, c'est que ça vaut vraiment le coup d'oeil.

Port Aransas et Mustang Island au sud et ses éclosions de tortue,


l'ouest et son relief désertique tourmenté,


 le Palo Duro au Nord, le deuxième plus grand canyon des Etats Unis


et le Caddo Lake à l'est, le seul lac naturel du Texas qui est en plus un bayou...


-Que le Texas au printemps c'est un tapis de fleurs sauvages.


-Qu'au cours d'une balade à 5 minutes de chez moi, j'ai vu un tatou, un coyote, un joli raton laveur et un moccasin d'eau.

-Que tu peux admirer des Texas Longhorns, la seule race de vaches qui grâce à ses longues pattes a été capable d'endurer des marches de milliers de kilomètres, la rigueur de l'hiver Texan, la chaleur de l'été Texan, le manque de verdure et d'affronter des coyotes...

.
-Que la maire de Houston, réélue 3 fois, est ouvertement homosexuelle et vient de se marier à celle qui partage sa vie depuis 23 ans.

-En France, vous avez entendu parler de Ted Cruz sénateur du Texas, et de ses opinions, euh, tranchées... Oui, le Texas est républicain. On t'a dit que Houston, Austin et Dallas sont des villes démocrates?

-Et que pas moins de 6 nations ont planté leur drapeau au Texas, dont la France... et que le Texas est le seul état qui peut se targuer d'avoir été indépendant pendant près de dix ans.

Je pourrais te parler des couchers de soleil sur les plaines, du désert, des ranchs, des Dallas Cowboys, de l'accueil des Texans, du BBQ, sois patient, ça viendra...





jeudi 16 avril 2015

Liebster Awards

Nomination aux Liebster Awards



De quoi s'agit-il ? C'est une récompense virtuelle pour permettre de faire connaître des blogs nouveaux ou qui mériteraient d'être connus (et qui ne le sont pas assez !) autour de soi. Pour moi c'est la première fois et c'est Séverine du blog Expatriation and more, qui m'a gentiment invité à répondre à ses questions.

Il faut donc procéder ainsi :
- Écrire 11 choses sur soi
- Répondre aux 11 questions qu'a posé la personne qui vous a nommée
- Taguer 11 blogs et leur poser 11 questions (11?! ça c'est pas gagné!)
- Mettre le lien vers leur blog sur l'article
- Les tenir au courant de leur nomination
- Informer la personne qui vous a nominée que vous avez relevé le challenge !

11 choses à savoir sur moi :

1- J'aime cuisiner 
2- J'ai appris à tirer au 9mm depuis que j'habite au Texas
3- Je suis terrorisée par les serpents et les tornades
4- J'aime prendre des fleurs en photo et chercher leurs noms, pendant des jours si il le faut
5- J'adore lire
6- J'adore les grands espaces américains
7- J'aime regarder des séries 
8- Et reconnaître des endroits où nous sommes allés
9- Je déteste Scandal, je ne supporte pas l'héroine et son verre de gros rouge qui tache dès qu'elle est triste, ses collègues qui la vénèrent, et ce président qui ne pense pas beaucoup avec sa tête et qui picole trop.
10- J'aime la Country, et je suis la première surprise 
11- J'aime vivre au Texas mais mon coeur est en France

Les 11 questions de Séverine :

1- Pourquoi écris-tu un blog ?
Comme tous les blogueurs, je suppose: envie de partager, aimer écrire, garder une trace

2- Pourquoi ce nom pour ton blog ?
Ce sont des paroles d'Aznavour dans" Emmenez-moi": "Ils viennent du bout du monde apportant avec eux des idées vagabondes aux reflets de ciel bleu, de mirage"

3- Quel est ton parfum préféré ?
Le parfum de la garrigue en été

4- Quelle est ta plus belle qualité ?
Je crois que je suis tolérante

5- Quel est ton pire défaut ?
Je suis pessimiste 

6- Quel est ton sport préféré ?
Le baseball depuis que mon fils y joue! 

7- Quel pays voudrais-tu visiter ?
Norvège, Maroc, Grèce, Egypte, Italie encore et toujours!

8- Quelle est ta couleur préférée ?
Fuschia

9- Quelle est ton endroit préféré en France ?
La Mer Méditerranée

10- Vin blanc, rosé ou rouge ?
Blanc, liquoreux, français...

11- Salé ou sucré ?
Peu importe mais sans cannelle, ça changerait!

Les blogs que je nomine:


Les 11 questions que je leur pose, aidé du questionnaire de Pivot repris par James Lipton à l'Actor's Studio: (j'adore)

1- Quel est ton mot préféré?
2- Le mot que tu détestes le plus?
3- Qu'est ce qui te séduit artistiquement?
4- Qu'est ce qui te rebute artistiquement?
5- Ton gros mot favori?
6- Quel bruit ou son adores-tu?
7- Quel bruit ou son détestes-tu?
8- Quelle profession aurais-tu aimé exercer autre que la tienne?
9- Quelle profession refuserais-tu d'exercer?
10- Si le Paradis existe, que souhaiterais-tu que Dieu te dise à ton arrivée?


Je sais que vous risquez d'avoir déjà été sollicités, j'espère que vous serez malgré tout motivés pour répondre comme les stars chez James! Bon courage


mercredi 8 avril 2015

Tornado season, la saison des tornades


Il y a déjà 2 ans de ça, je te faisais part de mon inquiétude après avoir reçu un courrier de la principale de l'école. Elle nous expliquait les risques et les procédures en cas de tornades. A l'époque, je n'en menais pas large.
Je pourrais te dire que ces trois années m'ont permis de m'endurcir et que je relativise à mort (passe-moi l'expression). Je mentirais.
En vrai, cette année, le courrier a été émis par le " District Safety and Crisis Management".
Ça m'inquiète un peu.

Contrairement au courrier d'il y a 2 ans, il est écrit que lorsque la sirène aura retenti, on ne pourra plus pénétrer dans l'école, et qu'il faudra attendre la fin de l'alerte pour récupérer les enfants.
Juste pour mémoire, il y a 2 ans, une tornade de niveau 5, le niveau le plus élevé avait frappé la ville de Moore en Oklahoma. Elle avait rasé un hôpital et une école ainsi que des résidences avec des vents à 338km/h.
Au lendemain de ce jour noir, la région où nous vivons a été balayée par un mur d'orage en début d'après-midi. A midi, une de mes amies, originaire du Texas, (oui, c'est important: que moi, petite varoise je panique littéralement à la vue du premier grêlon s'explique et peut faire rire, qu'une texane "born and raised in Texas" qui a connu orages et tornades toute sa vie, panique et ME téléphone ça a son importance...) "qu'est ce que tu fais? Moi, je vais chercher les enfants, si ça dégénère je préfère être chez moi, on se mettra dans la baignoire".
Avant le coup de fil, j'essayais d'être calme et décontractée, tout en gardant un oeil sur la chaîne météo et l'autre sur mon téléphone, les oreilles aux aguets, au cas où la sirène retentirait. Mais ça, c'était avant.

Ce n'est pas compliqué, j'ai déjà eu des moments de gros stress auparavant, mais là...
J'ai donc suivi les recommandations des divers sites dédiés aux tornades.
J'ai pris une boîte résistante (c'est à dire "qui a vue de nez pourrait résister à un vol de quelques minutes à très haute altitude avec atterrissage forcé violent") et empiler nos passeports dedans et je l'ai mise dans le placard à manteaux, oui-oui, toujours le même et j'ai pris la direction de l'école.
Au cas où tu t'interrogerais sur l'intérêt de la boîte, j'ai lu sur le site du gouvernement pour les expats qu'il est judicieux d'agir ainsi, ça aide un peu quand, primo, on n'a plus rien, à part un empilement de planches dans "ce qui était autrefois ton jardin" et deuxio ça aide à savoir qui vivait dans le coin si y'a plus de voisins pour le dire...

C'est bien simple, mon coeur n'a jamais battu aussi fort aussi longtemps.
Quand je suis arrivée à l'école, c'était la panique. Les parents se bousculaient pour récupérer leurs enfants et s'enfuyaient à toute vitesse sous un ciel de plomb.
Là, j'ai rencontré une autre copine, qui elle, superzen m'a expliqué par A+B que l'on ne craignait absolument rien:
1- On vit au Nord de la Highway.
2- Bedford n'est pas plat et les tornades détestent ça (tu notes la personnification de la tornade, genre ce truc malfaisant a des sentiments).
3- Son mari pilote a pris la météo .
4- Au pire, et là, elle a baissé la voix et d'un air de conspiratrice m'a dit "ceux qui s'en sont sortis hier, ce sont ceux qui étaient accrochés sous la cuvette des toilettes avec les enfants dans les bras, la plomberie a tenu".

Là, j'étais un peu dépassée par les événements, alors je me suis assise dans le couloir devant le bureau de l'administration. Je devais faire une drôle de tête parce que la sous-directrice m'a emmené dans son bureau pour me demander si je voulais discuter.
Comme il était trop tard pour juger du bien-fondé de cette expat, j'ai dit oui.
Elle m'a expliqué qu'elle était de Chicago et qu'elle comprenait ce que je devais ressentir. Elle m'a aussi dit qu'à choisir entre être à la maison et être dans l'école, y'avait pas photo: le mur porteur de l'école est en béton, "vous avez vu comment sont construites les maisons ici?"

J'ai donc attendu la fin de l'alerte dans l'école avec les enfants, en me demandant pourquoi il n'y a pas de p... de caves dans ce pays.
Alors, si ça t'intéresse, sache que le sous-sol de cette partie du Texas est en grande partie constituée d'argile et que creuser des caves sous les maisons reviendrait très cher.
En Oklahoma, le maire de Moore affirmait vouloir faire voter une loi pour rendre les abris obligatoires. Jusqu'à présent, ces abris, qui coûtent quelques milliers de dollars ne sont pas obligatoires et 2000$ sont attribués aux propriétaires sur listes d'attente par système de loterie.

Je vais éviter de te décrire l'état post-panique dans lequel je me suis trouvée ce soir-là, quand le soleil est revenu. Mon corps a vraisemblablement fait une overdose d'adrénaline. Migraine, vomissements, tremblements...C'était pas joli-joli.

Qu'est ce qui a changé depuis ce jour-là et qui pourrait m'aider à positiver?
J'habite toujours au Nord de Bedford, et j'ai 3 salles de bains; j'ai toujours la boîte à passeports; j'ai un chat, il est pas bien gros, il tiendra dans la boîte; on a résilié notre abonnement à la chaîne météo; les enfants sont dans 2 écoles différentes, augmentant mes chances de trouver un pilier en béton dans un cabèche vide...

Sinon, le Texas, au printemps, c'est vraiment joli.


mardi 24 mars 2015

White Sands National Monument, Nouveau Mexique



White Sands National Monument se trouve au Nouveau Mexique, au nord-ouest des Guadalupe Mountains. La ville la plus proche est Alamogordo à 24 Kms. 
Une base "White Sands Missile Range" est installée tout près et il arrive que le parc soit fermé aux visiteurs lors des tirs de missile. La première bombe atomique a été testée ici en 1945. 
Mis à part ce léger inconvénient... nous avons eu un coup de coeur pour ce parc et il est en bonne place dans le top 5 des plus beaux endroits visités depuis trois ans.
Nous y sommes arrivés en milieu d'après-midi, en même temps qu'un orage très menaçant qui descendait des montagnes tout autour. 
En effet, White Sands est placé stratégiquement dans une cuvette, Tularosa Basin, et les dunes de sable blanc étincelant sont formées par le gypse des montagnes environnantes. Lors des pluies, le gypse descend dans les lacs ou l'érosion fait son travail et produit ce sable fin et blanc, qui s'envole et crée ces dunes étonnantes qui peuvent mesurer jusqu'à 18 mètres de haut, avec une superficie d'environ 71 hectares.

Plantes et animaux ont trouvé le moyen de s'adapter au milieu plutôt inhospitalier

La Sierra Blanca, couverte de neige, surplombe White Sands

Les nuages se sont amoncelés très rapidement au dessus de White Sands, à notre arrivée

L'orage a été de très courte durée

Le soleil est revenu très vite



Les Rangers offrent une visite au coucher du soleil, tous les soirs, pour expliquer aux visiteurs curieux la vie nocturne du parc. La faune et la flore se sont très bien adaptées au milieu, notamment les yuccas qui poussent vite, fleurissent vite et sont donc capables de survivre au déplacement des dunes, ou encore les lézards et les souris qui ont adoptés un camouflage blanc. 

Au petit matin, sous un ciel pur, nous sommes retournés dans White Sands et avons pu observer quelques traces:

Les empreintes d'une chenille
D'un lézard

là on sèche... Kit fox peut-être!?


Un petit 360 degrés pour finir...



jeudi 19 mars 2015

Sur la route, pour Springbreak, 1ère étape: les Guadalupe Mountains


J'ai appris ce qu'était Springbreak en regardant Beverly Hills à la tv, et j'ai bien saisi l'ampleur de la chose: 
Tous les étudiants américains migrent vers les plages ensoleillées de Californie pour faire des feux de camp, le soir, en picolant des bières et en se laissant aller à des orgies sur la plage, sauf Donna. 
Comme on a passé l'âge des beuveries en public et que Dylan voulait voir le Big Bend, on a décidé de partir vers l'Ouest du Texas.

Impossible de faire sécher l'école à notre progéniture, la culpabilité augmentant proportionnellement avec l'âge des enfants.

On a donc du partir en vacances en troupeau.

Le lecteur originaire du Sud de la Vallée du Rhône, commence déjà à soupirer alors que celui du Nord, commence déjà à visualiser un entassement grotesque de voitures, à l'arrêt, en direction au choix, selon la saison, des Alpes ou de la mer. Ou un entassement désespérant de touristes dans la gare ou l'aéroport, après une énième grève des compagnies concernées...

Ici, les départs en vacances, c'est ça:


Le seul inconvénient, c'est qu'il faut penser à faire le plein dès que la jauge baisse et ne pas attendre le dernier moment, parce que tu as beau traverser des champs remplis de derricks cliquetant sans discontinuer, ton jerrican ne te servira pas à grand chose en cas de panne sèche.

Champ de derricks à Odessa, à l'ouest de Dallas. 
Ici, derricks, ça se dit "pump Jack". Sauf si tu veux parler de l'inspecteur allemand qui porte ses paupières sur les genoux, mais tu t'égares, ce n'est pas le propos.
Après avoir wikipédia-iser le mot, il semblerait que ce soit à l'origine le nom d'un anglais, un bourreau, et que son nom se réfère à la forme de gibet de cette tour... 

Première étape du Road trip:  les Guadalupe Mountains.

Etant d'humeur généreuse ce matin, je te mets la petite carte qui va bien pour éviter de parler dans le vide, même si je me doute que tu es un lecteur intéressé et un géographe averti...

Si tu lis attentivement mon blog, et pour ça, je t'aime, lecteur, je n'ai pas besoin de te raconter comment le plateau du Colorado s'est formé. (Ca se passait là
Sinon, sache qu'ici c'est à peu près la même chose: la région était sous les eaux, 250 millions d'années en arrière et que, quand l'eau s'est retirée, hop-hop, plissement, soulèvement, les montagnes sont apparues, créant le point culminant du Texas, le Guadalupe Peak, 2667 mètres et El Capitan, 2464 mètres.

Les Guadalupe Mountains, sublimes, non?

L'entrée du Mc Kittrick Canyon sous l'orage

El Capitan, dans le lointain

L'orage se dissipe...

Les Guadalupe Mountains, il ne manque que Charlton en Moise les tablettes sous le bras...

Toujours les Guadalupe Mountains dans le fond

Salt Flat au pied des Montagnes

Salt Flat, au pied des montagnes est un lac de sel qui a créé bien des tensions dans la région allant jusqu'à une guerre, la El Paso Salt War, et des morts.
Ca nous l'ignorions quand nous avons pris ses photos. Nous pensions qu'il s'agissait de sable fin...
comme à White Sands NM,la  prochaine étape. Lunettes de soleil et chapeau recommandés...



mardi 3 mars 2015

Memphis, TN (la suite)







Impossible de ne pas trouver quelque chose de bon à se mettre sous la dent à Memphis: ici,on mange bon et bien. On se trouve sur un territoire où, comme au Texas, on ne plaisante pas avec le barbecue.
Comme au texas, on ne trouve pas UNE seule sorte de BBQ.
Mais des variantes selon la région d'origine du cuisinier.
Et comme dans le Sud de la France, où l'appelation gastronomie provencale est souvent usurpée par des "cuistos" qui croient qu'il suffit de saupoudrer des pseudo-herbes de Provence sur un plat, le BBQ peut s'avérer une pauvre grillade épicée alors que le barbecue Texan, le vrai, est un Art...

Sur les sites de BBQ, indiquant les dates des prochaines compet' et recommandant les meilleurs endroits où se régaler, on trouve invariablement, le nom de la personne au fourneau, le "pitmaster" et la méthode utilisée: c'est à dire, le bois: mesquite, chêne, ou autre... et le style de cuisson, avec cuisson directe ou indirecte.
Ici, on ne jette pas ses chippos comme des sauvages à l'aveuglette sur la grille, non, môsieur.

On se lève a l'aube, on enduit, on masse, on frictionne, son morceau de viande avec amour et la sauce élue, on le dépose avec délicatesse dans son fumoir, on le fait cuire, pendant de longues heures et on le surveille tout au long de la journée.

Et 12 heures plus tard:

Pitmaster: Matt
Method: indirect heat pit, mesquite

Thanks to OUR pitmaster, Matt!


La cuisson d'un brisket digne de ce nom prend une douzaine d'heures, un morceau de boeuf, tendre comme une bise que tu ferais a ta grand-tante, et une saveur à se damner...
Oui, tu vois, j'ai percé la réalité de la cuisine texane, je suis convertie et seul l'indélicat non initié peut se permettre de critiquer la cuisine du terroir texan.

L'essentiel du BBQ est le "rub". La sauce, qui peut être "wet" ou "dry" un mélange d'épices et aromates ou une marinade, appliquée au pinceau.
On mange avec les doigts et on s'en met partout mais c'est un vrai plaisir.


Le Rendez-vous et ses ribs 

A Memphis, lorsque l'heure du repas sonne, c'est Le Choix de Sophie: les adresses se bousculent et il faut faire un choix super difficile ... ribs? brisket? wet rub? dry rub?
Nous avons élu en premier Le Rendez-vous, recommandé par le Routard, les ribs sont servies avec haricots et coleslaw, et c'est un dry rub.

La queue devant le resto nous a fait désespérer au début, surtout que la fumée du BBQ ne fume pas que la viande mais aussi toute la rue. Puis, on a fait comme les autochtones, on a bu en attendant notre tour, en contemplant la jeunesse dorée de Memphis s'encanaillant dans ce bouge, habillée de costards et robes de soirée dignes de Prom'night dans Grease. Le resto est immense contrairement à ce que laisse supposer l'entrée.



C'est après le resto que c'est réellement posé le problème: est-ce sage de faire un tour sur Beale Street avec les enfants?
Je ne vais pas te laisser dans ce suspens insoutenable, nous sommes des parents indignes et même si la file de gens qui attendaient de se faire fouiller au barrage de police pour rentrer sur Beale street nous a refroidi au premier abord...
En fait, la culpabilité n'a pas duré et après la file et la fouille, on est rentré sur ce boulevard incroyable.
Si tu as regardé La Firme, tu sais de quoi je parle: tu vois Tom Cruise qui fait des saltos au milieu de la rue?
Ben, voila, c'est Beale St...
Des bars, de la musique, une ambiance incroyable dans la rue, les gens qui dansent et pas mal d'autres en état d'ébriété avancée, mais dans la bonne ambiance, sous l'oeil de la police...



La musique est omniprésente et cette ville mérite le détour.
Sa pyramide, réplique à 60% de celle de Kheops, son pont emblématique sur le Mississippi, ses bars incroyables où les groupes se succèdent, et même une paroisse où le dimanche, c'est le révérend Al Green, le seul et l'unique, qui officie. C'est un peu étonnant, mélange de transes vaudous et de gospels envoûtants, les femmes sous des chapeaux incroyables racontent leurs expériences spirituelles uniques avec une ferveur impressionnante avant d'entonner des chants d'amour et d'espoir.

Un bon nombre de films a été tourné à Memphis, notamment La Firme, avec Tom Cruise et Gene Hackman, et oui, on a réussi à retrouver la maison de Tom et Jeanne Tripplehorn dans le film. Les proprios l'ont repeinte en jaune et on a eu du mal à la reconnaitre!



J'espère pouvoir retourner à Memphis un de ces jours. La visite n'est pas complète. Peut-être te demandes-tu pourquoi Elvis n'a pas fait partie de la visite. Il a fallu faire un choix, Memphis était la dernière étape d'un incroyable voyage de trois semaines et l'entrée de Graceland de 36 à 77$ par adulte était vraiment trop chère.
Pas grave, on a trouvé son QG, l'Arcade,






Et on aura toujours Eddy...



mercredi 18 février 2015

Memphis, TN



Memphis, une étape phare du voyage.
Memphis et la musique, Memphis et sa cuisine mais avant tout Memphis et l'Histoire.

Impossible de passer par Memphis sans visiter le National Civil Rights Museum, installé dans le Lorraine Motel.


Une étape pour essayer de mieux comprendre le pays dans lequel nous vivons. Nous sommes au coeur de l'histoire de la lutte des Noirs pour les droits civiques.
C'est à ce balcon que Martin Luther King a été assassiné le 4 Avril 1968. L'un des rares hôtels de la ville qui accueille les gens de couleur et où MLK est accepté avec son équipe.
Le lieu a été transformé et abrite maintenant un musée fort bien fait dans lequel nous sommes restés des heures, laissant les groupes nous rattraper et nous dépasser.

Extrêmement riches, claires, les salles se succèdent et l'on y croise dans le désordre l'histoire de l'esclavage, le bus dans lequel Rosa Parks a refusé de céder, le dinner de Greensboro dans lequel les Noirs sont interdits mais où le 1er Février 1960, 4 étudiants ont bravé l'interdiction sous les insultes, les crachats puis les violences de la population, ou encore la reconstitution exacte des événements ayant mené aux violences policières sur le célèbre pont Edmond Pettus (du nom d'un général confédéré, grand dragon du KKK) à Selma en Alabama...


On y visite la chambre dans laquelle le révérend King a passé sa dernière nuit où il a chahuté avec son frère et ses proches amis dont le révérend Jesse Jackson.

Il s'était rendu à Memphis dans le but de soutenir la grève des éboueurs Noirs de Memphis. Un salaire moindre, des conditions dangereuses et insalubres, deux travailleurs viennent d'être assassinés, des manifestations non-violentes proclamant "I am a man" éclatent, auxquelles King veut se joindre.



Il va prononcer son dernier discours la veille de sa mort, dans lequel il fait une allusion à sa possible disparition.

"Il m'a permis d'atteindre le sommet de la montagne. J'ai regardé autour de moi. Et j'ai vu la Terre Promise. Il se peut que je n'y pénètre pas avec vous. Mais je veux que vous sachiez ce soir, que notre peuple atteindra la Terre Promise."


Juste quelques chiffres et infos glanées dans ce musée:

Au moment de la ratification de Déclaration d'Indépendance, 20% de la population était en esclavage.

L'auteur de la Déclaration d'Indépendance (oui, là où c'est écrit que les hommes ont été créés égaux)  est Thomas Jefferson, qui a possédé quelques 600 esclaves dans son domaine.

En parlant d'esclaves: quand vous êtes esclave, vous êtes kidnappé, marqué au fer rouge, vous êtes entassé, nu, dans des soutes de bâteaux, pour un voyage de trois mois, nourri selon les réserves, malade de la dysenterie, malaria, scorbut ou autres...
Vous avez une chance sur cinq de mourir avant d'atteindre les Amériques.

Pour finir, l'extrait d'une lettre qu'un de ces jeunes de Greensboro a laissé à ses parents avant de rejoindre ses copains de lycée pour un sit-in.

"Chers Maman et Papa,
Au moment où vous lirez ça, je suppose que vous serez tristes et probablement en colère... Essayer de comprendre que ce que je suis en train de faire est juste.C'est pas comme si j'allais en prison pour vol, meurtre, etc... mais nous le faisons pour le bien de tous les Noirs. Vous devez comprendre que je dois prendre des décisions par moi-même maintenant.. Alors essayez de voir les choses à ma façon et donnez-nous, à la jeune génération, une chance de faire nos preuves, s'il vous plaît. Et surtout, ne vous inquiétez pas et priez pour nous." Clarence Graham, 18ans, 31/01/1961