vendredi 11 septembre 2015

GO! FIGHT! GO! FIGHT! WIN!

Soleil couchant, contre-jour laissant deviner une équipe de cheerleaders devant un terrain de foot US.


Je comptais bien partager mon article sur Austin aujourd'hui, et puis finalement, non. Hier soir, nous avons assisté à un match de football de l'équipe de l'école de Harwood Junior High. "Junior High", c'est le niveau collège en France.
Je vais donc te parler de football, mais attention! 
En Amérique, quand tu joues au foot et que tu te plains en te contorsionnant au sol, c'est que tu ne te relèveras plus jamais. Ou presque. Sinon, en boitant. Pour toujours.

Donc, tu vas voir un match un peu comme les Romains allaient aux jeux du cirque. Sauf, que les perdants ne sont pas achevés à la fin. Mais sinon, c'est tout pareil, on crie, on mange, on regarde nos tablettes.
Pour mon grand soulagement, mon fils ne joue pas. Je ne le supporterais pas: je ne connais pas ces gamins qui courent sur le terrain mais je crois bien être la seule à faire des grimaces de douleur à chaque fois qu'il y a un plaquage un peu sauvage. En plus, avec leur carapace, tu as les bruitages, c'est terrible, tu ne sais pas si ce sont les gars qui s'entrechoquent, des os qui craquent, ou mes dents qui claquent de terreur.

Les américains comparent la violence du rugby et le football américain et affirment que le rugby est pire. Je ne sais pas en tout cas le spectacle est incroyable dans les deux cas. 
Hier soir, deux joueurs de l'équipe adverse se sont retrouvés au sol, de longues minutes. J'imaginais l'angoisse de leur maman, dans un stade silencieux, où l'on honore ceux qui tombent dans un silence de plomb. Les joueurs et les Cheerleaders des deux équipes mettent un genou à terre, la Band se tait et l'on attend de voir où le gamin a mal. Quand il se lève, c'est sous un torrent d'applaudissement qu'il est raccompagné sur le banc. Comme je te l'ai dit, un joueur de football au sol, c'est un mec qui souffre. Ce n'est pas du soccer, notre bon vieux foot européen, pour lequel les joueurs sont aussi bons joueurs qu'acteurs, c'est dire...

Non, mon fils joue dans la Band, et je te le dis comme je le sens: je suis super fière. 
Au cas où on ne se connaîtrait pas personnellement et que donc, cet été je ne t'ai pas saoulé avec la Band, je le fais maintenant.

La Band est à l'équipe de foot ce que le croissant est à la baguette. Tu viens pour la baguette, mais le croissant c'est le truc en plus auquel tu ne résistes pas. La baguette est essentielle à ton repas, le croissant, c'est le plaisir en plus. 

Au Texas, il y a deux choses importantes: la religion et le football. 
Chaque collège, lycée, et université a son équipe de foot. Et chaque équipe de foot a sa Band. Survole en avion le Texas un Vendredi soir et il y a de fortes chances que le ciel soit éclairé par tous les terrains de l'état et vibre au son des Bands déchaînées. Le niveau des Bands au Texas est reconnu et notre district est classé dans la liste des meilleurs programmes musicaux au niveau national. 

Dans notre ville, l'équipe de foot de Trinity High School, le lycée, a été classée numéro un au niveau national et a même fait la première page du Wall Street Journal. Ils ont participé à une pub Gatorade, diffusée au niveau national. Leur petit truc en plus, outre leur talent, c'est le Sipi Tau. 

"Quézaco?" t'entends-je murmurer. 
Et bien, c'est une sorte de Haka pour simplifier. Sauf qu'en réalité ce sont des danses de guerre des Iles Tonga. Il y a en effet une grande communauté Polynésienne dans notre comté. Ils ont un tempérament de feu, et font le spectacle. Regarde:



Hier soir, certains joueurs de la Band de Trinity avaient rejoint notre Band pour le plaisir, puisque nous jouions sur leur terrain. Ensemble, ils jouent plusieurs airs, chantent, se lèvent et crient. Ils mettent une ambiance de feu! Ils ne sont pas encore une marching Band, ils sont assis dans les gradins. Voici l'air joué lorsque l'équipe marque un touchdown: 



Nous avons aussi appris la version US de chansons du type, "C'est à babord, qu'on chante qu'on chante, c'est à babord, qu'on chante le plus fort!" et la tablée de tribord répond en beuglant plus fort.
Déclinable à volonté, sur tous les tons et avec le vocabulaire adéquat. Comme quoi, un mari breton, ça sert.
Donc, la version US: "We've got spirit. Do you? Do you?" hurlée par la Band, et les spectateurs doivent surenchérir plus fort, jusqu'à épuisement...

On ne peut pas parler de football et de Band sans parler des Cheerleaders. Les Cheerleaders des Dallas Cowboys, la grosse équipe du Texas qui a déjà gagné le Super Bowl plusieurs fois, a des Cheerleaders tellement réputées qu'elles ont une émission de télé-réalité. 
Nos Cheerleaders de Harwood sont charmantes et leur enthousiasme est communicatif, elles portent évidemment une tenue aux couleurs de l'équipe de Harwood, les Blackhawks, en orange et noir.
Elles se trémoussent en chantant et en agitant des pompons, et lorsque l'équipe marque, elles filent en courant dans un coin du terrain, faire des pompes. Autant te dire qu'hier soir, elles ont du rentrer fatiguées: il faisait plus de 30 degrés Celsius à 21 heures et on a gagné, 42-12.

Hier soir, la petite cerise sur le gâteau, les deux équipes de Cheerleaders se sont regroupés, ça a donné ça: 







jeudi 3 septembre 2015

Caddo Lake, de l'écologie et des araignées velues

Photo du Caddo Lake, au Texas, des cyprès les pieds dans l' eau.


Vivons chaque année d'expat comme si c'était la dernière, c'est devenu notre slogan. C'est récent. Bon, en fait ça date du jour de la rentrée. J'aurais du travailler dans le marketing ou la pub, peu importe, t'as compris l'idée.
Les photos de serial bloggeurs en goguette sur les routes américaines nous ayant sérieusement motivé, nous avons donc mis le cap à l'Est, ce week end, du côté de la frontière avec la Louisiane.
Depuis trois ans que nous remettions ce voyage à plus tard, il devenait urgent d'aller voir là-bas ce qu'il s'y passait.

A Caddo Lake, on a du mal à croire que nous nous trouvons toujours au Texas, à l'arrivée au Visitor Center. L'air embaume le pin, on se croirait dans une pub Vicks. On décide de faire une visite guidée accompagné d'un Park Ranger, qui doit nous expliquer la faune et la flore de cet écosystème unique dans l'état, dont les espèces endémiques sont menacées par la prolifération des barrages en amont et par l'expansion des populations, toujours plus nombreuses à venir s'installer dans cet eldorado que représente le Texas pour beaucoup.
Ça, c'était "ma phrase percutante Nicolas Hulot".

Je pourrais dire que je vais m'arrêter là, mais en fait, ce speech un peu écolo se fait rare autour de nous. Le mot écologie n'existe pas vraiment dans le discours quotidien. Le Texas a fait face à des inondations impressionnantes au printemps et plus d'une fois les routes ont été coupées autour de nous, des rivières bouillonnantes remplaçant les habituels petits gués où se prélassent tortues et hérons tout au long de l'année.
On a accusé EL Nino de passage cette année. On accuse le réchauffement climatique.
Le Texas va-t-il se réveiller tardivement? Ou ne pas se réveiller du tout?  Tout comme ce bon Ted Cruz qui met en doute un quelconque réchauffement climatique... et se compare à Galilée face aux "flat earthers", (ceux soutenant la théorie que la Terre est plate). Le sénateur Ted Cruz a l'air d'être un aussi brillant historien que cuisinier, tout ça me laisse songeuse.

Les nappes phréatiques sont donc pleines, les lacs et les rivières sont à leur niveau maximum, et le Texas a pu souffler un soupir de soulagement, après des années de restriction d'eau.
Depuis que nous sommes arrivés, i.e. 3ans pour les deux du fond qui ne suivent pas, nous n'avions le droit d'arroser notre jardin que deux jours dans la semaine entre 8h du soir et 10h du matin.
Ce que tout notre voisinage s'empressait de faire, deux fois par jour pendant plus d'un quart d'heure à chaque fois et même sous la pluie.

Si ça parait aberrant, attends de savoir que tous les jours, les repas de la cantine sont distribués dans des couverts et plateaux jetables, sachant que le tout finit bien souvent entièrement à la poubelle, non trié, of course.
Ou encore la toute récente acquisition par la ville de mon domicile de poubelles à roulettes pour le recyclage. Jusqu'à présent, le recyclage se faisait dans des caisses qu'il fallait transporter dans la rue, très pratique pour les personnes âgées ou handicapées...
Des poubelles à roulettes pour le recyclage, sauf que bien souvent, tu aperçois les sacs d'ordures ménagères qui en débordent, même si un énorme autocollant explique le tri sur le rabat de la poubelle.
Y a-t-il plus énervant que ces gens qui s'obstinent à t'expliquer que "Nan, môa, tu vôaa, je ne trie pas de toute façon à l'arrivée, les poubelles vont au même endroit, c'est de la poudre aux yeux tout ça..."

Alors, oui, le discours de certains Park Rangers me touche d'autant plus que la vie quotidienne ne m'a pas encore démontré que l'écologie est importante aux yeux d'une majorité de texans. Et le Texas a beau posséder le deuxième plus grand parc d'éoliennes au monde, je te dirai bien que ça me fait rigoler doucement, si ce n'était pas aussi triste de regarder les photos satellites de certaines régions du Texas où la végétation n'existe plus, brûlée par le "fracking", la recherche du gaz de schiste, mais a laissé la place à des taches régulières au niveau des puits.
Mais comme dirait un type de notre connaissance: "Putain, que j'aime ce pays!" parce qu'il venait de toucher un gros chèque, le fracking ayant lieu sous sa maison.
Ne me lance pas sur la visite d'Obama en Alaska, le seul point positif finalement, c'est qu'il va participer à l'émission de  Bear Grylls!

Aigrette au milieu des cyprès de Caddo Lake


La visite guidée était un bon moment, surtout que la Ranger n'était pas débordée, nous étions seuls avec elle!
Nous avons donc découvert ce qu'est le poison ivy, et comment le reconnaître: branche à trois feuilles et lianes velues.
Nous en avons appris un peu plus sur la création du CCC (Civilian Conservation Corps) créé par Roosevelt pendant le New Deal:  pour remettre les jeunes chômeurs au travail tout en construisant les bâtiments de ce qui sont devenus des State et National Parks à travers les Etats Unis.
Nous avons appris pourquoi Woody Woodpecker est affublé d' un rire hystérique et pourquoi il tape comme un sourd sur les arbres: pour se nourrir et pour délimiter son territoire.

Les canoes de Caddo lake, alignés au bord du lac, prêts pour la balade.

On a ensuite loué un canoé et fait un tour sur le lac. Bon, l'eau n'était pas super engageante, des troncs d'arbre flottassaient nonchalamment à la surface, ça aurait aussi bien pu être des alligators en week end gastronomique. Aux hurlements poussés par un groupe d'étudiantes surexcitées rassemblées sur le rivage, on y a presque cru. Non, je n'ai pas la photo des étudiantes surexcitées, bien que je me rende compte maintenant que ça aurait pu grossir les rangs de mes lecteurs masculins...

Les eaux verdâtres du Caddo Lake et son ponton

Oui-oui, une araignée monstrueuse et velue se cache dans cette photo version "Where is Waldo?" Attends, t'as pas vu la suivante...

Ouaip, un monstre...




Si les photos fournissaient le son, tu m'aurais entendu glapir. Un peu comme la fois où l'Homme a voulu me présenter un iguane, en Floride, avec des griffes aux pattes, longues comme mon bras.
Avec tout ça, la descente du canoé n'en a été que plus rapide, même si nos tongs se sont enfoncées dans l'immonde gadoue, nos pieds aussi, et qu'en tirant sur la tong, la boue est remontée sur nos jambes en faisant un " Ploc" des plus gracieux.
En tout cas, le Caddo Lake mérite le détour et a prouvé une fois de plus que le Texas a une diversité de paysages étonnants.