mercredi 5 février 2014

Différence culturelle n°2


Le Texan est poli, genre vraiment poli.
Il n'est pas rare que des gens que je ne connais pas s'adressent à moi dans la rue ou dans les supermarchés, pour échanger 2 mots sur la météo, me complimenter sur mon achat de poireaux (c'est arrivé hier et "qu'est que vous allez en faire?", "euh", vite, une idée, je suis française donc dans l'inconscient collectif  américain,un cordon bleu, "une soupe!" pfffff...), mon parfum même, une fois, et on s'excuse de se demander pardon, on se fait des courbettes, on se sourit, c'est bonne ambiance, quoi!

A la caisse des supermarchés, on me demande invariablement si j'ai trouvé ce que je cherchais. A ce sujet, ne répond jamais "non". Jamais.
J'ai essayé une fois, c'était Loïs à la caisse de Kroger. Loïs a 82ans. Minimum. Loïs s'obstine à me parler comme si c'était la première fois qu'elle me voyait. P'têt qu'elle a Alzheimer et fait ma connaissance tous les jours. Je sais pas. A mes "débuts", Loïs m'a demandé si j'avais trouvé mon bonheur, j'ai dit "Non, je n'ai pas trouvé le "parchment paper". (papier sulfurisé)
Loïs a paniqué grave. Loïs ne savait pas ce qu'était du parchment paper, j'ai expliqué, elle savait toujours pas. C'était "sorry par ci", "sorry par là".
Je crois surtout que Loïs n'a jamais fait cuire de cookies de sa vie OU elle a un silicone Demarle, ça va faire plaisir à ma copine qui me demande 3 fois par semaine: "T'as un silicone Demarle? C'est top!" Elle doit avoir des actions, ou alors je suis entourée de gens qui ne se souviennent pas de nos conversations et là, c'est plus inquiétant, mes conversations sont-elles insipides à ce point?
Donc, on a interpelé la caissière d'à côté mais je savais qu'elle saurait pas, parce que c'était un caissier, et j'ai beau ne pas être sexiste, si une mamie ne fait pas de cookies, c'est pas un jeunot qui va savoir.
Du coup, on a fait un appel au micro. C'te honte, tout ça pour faire cuire mes cookies sur mon silicone Demarle, que je ne me souvenais plus avoir acheté...

Tout ça, pour te dire que les gens sont super prévenants et polis.

L'été dernier, alors que nous "fêtions" notre 1ere année américaine, je me suis surprise à ne plus supporter tous ces "sorry" intempestifs...
Va faire tes courses dans mon supermarché "du coin de ma rue", et il y a de fortes chances que tu n'entendes pas moins de 4 "sorry" sur une sortie de 15 minutes. Généralement le point chaud se situe au niveau des yaourts. Oui, c'est surprenant, mais ça s'explique:
Je me refuse à acheter des yaourts contenant -pectine, colorants, arômes artificiels, ogm, antibiotiques, hormones, sirop de maïs, gélatine...
Du coup je traine, je tourne et je vire et les autres clients entament généralement leur chorégraphie du "sorry" autour de moi... MEME si tu ne les gènes pas mais qu'ils estiment qu'eux te dérangent dans ta profonde réflexion, ils s'excusent sans fin.
Je dois dire qu'au début, t'admires, au bout d'un an, tu mords!
Je craquais littéralement!
Tu rentres de tes courses, tu manges ton yaourt à rien devant la tv et là, tu tombes sur le quaterback de l'équipe des Dallas Cowboys.
Pour bien visualiser l'affaire, le gars est LOIN d'être une fillette, il a un cou large comme mes 2 cuisses, il a des grosses mains et des gros bras et des grosses cuisses. Il court 40 yards en 4 secondes, il te demande le ballon, tu lui donnes, et tu lui fais une bise aussi, et puis tu t'excuses accessoirement!
Bref, ce gars, tout en virilité et puissance est en pleine conférence de presse, et le nez dans le micro, il S'EXCUSE!!
"Je suis "sorry", je suis une grosse "shit", j'ai pas cassé des jambes aux méchants, j'avais les mains moites, ..."
Le gars est au bord de la dépression derrière son micro, je me suis dit tweetons-lui de gagner la France au plus vite! Ce garçon a besoin d'un remontant! Vite! Un stage avec nos footeux et la politesse ne sera jamais plus un obstacle pour lui.

En parlant de prostituées, je vais te raconter une théorie que j'ai entendu à plusieurs reprises. Je m'écarte un peu du sujet mais cette information (je ne sais pas trop comment l'appeler) m'amuse beaucoup.
Sais-tu qu'en Amérique, il vaut mieux éviter de donner à sa fille le nom d'une pierre précieuse ou d'une épice. Disons que sa voie est toute tracée. Qu'elle n'aura pas besoin de faire de longues études... 
Par écrit c'est plus difficile de faire des clins d'oeil égrillards.
Bon, exemple:
"-Sorry Ruby de te déranger, tu peux me rappeler le métier de ta soeur Ginger?
-Strip teaseuse."
Rien ne vaut une mise en situation finalement.

Pour en revenir à ce qui nous préoccupe, je pense qu'il s'agit d'un truc qui ne se propage pas la politesse. Ca s'arrête aux limites de l'état.
Mes amies texanes m'ont affirmé que les new yorkais sont des sauvages et d'ailleurs l'une d'entre elles, m'a expliqué que depuis que sa soeur habite Brooklyn c'est devenu une vraie "bitch". Je ne cautionne pas ces propos, je les rapporte simplement, que ce soit clair.
D'ailleurs je n'ai jamais mis les pieds dans cette ville, les gens sont exécrables.

JE PLAISANTE!

En Floride, par contre, pendant nos humides vacances, c'est pas compliqué, j'ai fait mes courses, au rayon yaourt, (tu suis, c'est bien), et j'ai vécu une totale agression de mon espace vital.
Bing! le coup de coude dans le nez de la petite. Bang! un coup de panier dans le dos du grand et si tu as le malheur d'hésiter sur tes 300 Lbs de viande hâchée, ta voisine te regarde avec une telle hargne dans l'oeil, c'est pas difficile, j'ai cru qu'on était rentré en France!!


vendredi 31 janvier 2014

De la mesure en toute chose


Je papote, je papote, et je me rends compte que je ne t'ai pas raconté ce qui nous étonne et nous réjouit quotidiennement.
Honnêtement, même si on n'est pas au bout du monde, dans la jungle, à se nourrir de fourmis grillées, il y a quand même matière à raconter!

Sors tes anabacs et ta calculette, aujourd'hui, on fait des maths:

Yards, inchs,° F, Miles, Lbs, oz, GAL, ...

Il semblerait que non content de se débarrasser des anglais et du thé potable, puis de racheter les rataillons de Napo, les américains ont aussi décidé de couper définitivement avec le système métrique.
Pas compliqué:
Ils ont changé TOUTES les unités de mesure que le monde entier utilise.

Toi qui ricanes, tu sais commander ta viande hachée en Lbs?
Heureusement que votre serviteur (moi donc) a fait une fantastique carrière de vendeuse de fruits et légumes sur le marché dans sa jeunesse (une période enrichissante où j'ai brillé dans le choix des melons "Rhoooo, il est beau celui-là, tenez, soupesez, et puis le péquoui, il s'en va tout seul, il est mûr, Madame Martin" pour me faire insulter le lendemain "Une vraie merde le melon que vous m'avez vendu hier, de la soupe, IMMANGEABLE!!" tout en gardant la tête haute) et sait que 1 Lbs correspond à 500g, parce que mes visites chez le boucher s'en sont trouvées simplifiées.
Je ne dis pas que cet infame traître de Juan Guerrero, un mexicain dont les ancêtres, eux, devaient s'y connaître en grammes, et qui me vend ma viande, ne soupire pas d'un air excédé dès qu'il me voit rappliquer. Je lui demande invariablement 1/2Lbs et ensuite on augmente à tatons... et ça a le don de nous énerver tous les 2.

Et le GPS qui te lance un inquiétant "Tourner à gauche dans 200yards".
C'est quand qu'on atteint 200yards de distance quand on roule à 40miles per hour???
Ah oui, et puis les miles per hour, le code de la route.
Quand tu vois la voiture du sheriff faire demi-tour dans le rétro et tu ne te dis pas que non, c'est pas pour toi, et tu ne continues pas à rouler calmement. Quand le sheriff croit que tu as décidé de ne pas obtempérer, il enclenche la sirène, les gyrophares et te colle au train...
L'impression d'être dans un film, quand il débarque à la fenêtre après avoir dûment vérifier sur son ordinateur de bord si tu es une multirécidiviste armée, folle, une Bonnie Parker en Kia?! et là tu te mets à prier pour que son bastringue ne bug pas... et surtout NE BOUGE PAS LES MAINS DU VOLANT!
"Madame, vous allez trop vite, vous roulez à 43mph".
Et là, sa tête quand je lui tends mes papiers en tremblotant et en expliquant que je ne sais pas à combien la portion est limitée avant le panneau.
"Vous êtes d'où?"
Ah, l'accent français, "so cute" (si mignon) que je voudrais tant abandonner, a le don de faire naître un sourire sur le plus menaçant des hommes.
"Un avertissement verbal pour cette fois, allez et faites attention à vous!"

Le plus étonnant est quand même la drôle de relation qui existe entre le thermomètre et le texan.
Le thermomètre a beau chuter, le texan ne se couvre pas. C'est une curiosité dont on ne se lasse pas: les gamins en short et en tongues en plein mois de janvier, alors que la température frôle le zéro!
Autant dire que quand on descend en dessous de 30°F, on atteint le négatif en Celsius et on se gèle.
Sans déc, le Texas, c'est pas un pays chaud?
Alors, comment expliquer la vision de tous ces gens en tee shirt, ces gamines en robes d'été à bretelles (pas plus tard qu'hier et il faisait 2°C à 15h, d'ailleurs ici on dit 3:00pm) ou encore ces ados qui sortent de la piscine, à 7pm, par 24°F, maillot mouillé, cheveux dégoulinants et pieds nus pour rejoindre le parking!
Par contre, les parents garent leur voiture sur le parking, la laissent là, seule, avec le moteur qui tourne, pendant de loooongues minutes, le temps d'aller attraper leur gazouillante progéniture, pour que le chauffage reste en marche.
Qu'est ce qui est le plus étonnant? Le manque de conscience écologique, "écoquoi??!", l'absence de voleurs, ou le faible taux d'absentéisme à la piscine?

Allez, je t'épargne les oz de thé en vrac, le prix de l'essence au gallon et les cups pour pâtisser.

Je te veux l'esprit clair et ouvert, demain, pour te raconter, LA différence essentielle entre les texans et les français.



mardi 28 janvier 2014




 
L'été dernier, je me suis empressée de te faire un fascinant compte rendu de mes idylliques vacances dans l'Ouest américain, film à l'appui, et personnellement je ne me lasse pas de le regarder et de le reregarder, je suis sûre que toi non plus... je comprends... peut-être te demandes-tu pourquoi je n'ai pas fait de même après mes vacances de Noêl... pour te faire vivre un peu de mon écoeurant bonheur par procuration...

Et bien, voila: mes vacances floridiennes n'ont pas tenu leurs promesses.

Peut-être en lecteur averti, vas-tu t'imaginer que ma trop longue exposition au soleil Méditerranéen m'a laissé des séquelles... que je suis un peu blasée et difficile à satisfaire, que le sable fin et doré des criques de la Côte Bleue, les roches rouges de l'Estérel, les presqu'îles des Alpes Maritimes et les plages de sable de mon bien-aimé Var ont définitivement détraqué mon échelle des valeurs...
Et tu aurais raison.

Deux semaines de route, quelques 7000kms en voiture, Pensacola, Clearwater, Naples, les Everglades, les Keys, Miami et Orlando ne nous laisseront pas les souvenirs grandioses de la Louisiane et de l'Ouest...
Du brouillard à la pluie, pour finir dans la mousson, en apothéose, à Orlando, chez Mickey ...

Quelques photos:


 Le Pier de Naples, (et oui, crois moi, le pire est à venir vu ce qui est tombé 1h après la photo...)

La famille Oukilé à la plage...





Quelques heures de soleil à Naples, appelée ainsi par son fondateur qui trouvait qu'elle était aussi belle que la baie de Naples en Italie.




 Burt Reynolds, et oui, ce genre de petite bête de 2m de long, vit en totale liberté au bord de la route...



Quelques panneaux surprenants:


Nous avons en effet appris qu'au pays d'Horatio, il n'y a pas que des alligators et des crocos (le 1er vit dans l'eau douce, le second dans l'eau salée et est beaucoup moins timide...), il y a aussi des ours, des panthères, des bambis en liberté sur l'île de Big Pine Key:



des monstrueux iguanes bicolores avec des grosses griffes menaçantes,


des gros serpents noirs absolument PARTOUT:



et des jeunes blondes de 36ans tétanisées...






 Le superbe hôtel Biltmore, il date de 1926, dans le quartier de Coral Gables, à Miami: je dois reconnaître que Miami nous a vraiment séduit...




South Beach et ses lifeguards, Ocean Drive, le boulevard qui longe l'océan, et ses hôtels, architecture Art Deco...




 













 Chez Disney, photos intitulées "Plus jamais", pour la faire courte, au moment de partir, quelques 10h après notre arrivée, alors que la tension était à son comble, tous trempés, certains plus que d'autres... ceux notamment qui affirmaient qu'"une petite pluie ne leur faisait pas peur", alors que dans le train qui nous ramenait à la voiture les regards se faisaient fuyants, #hotelducultourné, l'Homme m'a déclaré: "C'est l'une des pires journées de ma vie."
Moi: "Ouh la! Dans pires journées, y'a quand même l'orteil coupé en 2!"
Lui: "Oui, je sais."



mercredi 4 décembre 2013

Heritage Night


Cette annee, l'ecole des enfants a organise une soiree baptisee Heritage Night. Le concept, plutot sympa etait de partager un peu de sa culture, gastronomique ou autre, avec les autres familles.
Les enfants ont donc dessine le drapeau francais, explique 2-3 curiosites concernant notre culture, (genre, oui, en France, on ne se fait pas des hugs mais des bisous, et y'a meme des endroits un peu recules avec des droles de pratiques ou on se fait 5 bises. Ca marche a tous les coups, ca oscille entre "beurk" et "rhooo, sont cochons ces francais"...) et c'est le moment opportun pour degainer tes 3 biscuits faits maison, quand ils ont des doutes sur l'hygiene d'une nation ou les echanges salivaires sont si communs et repetitifs...

Ma creativite a ete tres rapidement bridee puisque les gourmandises en question devait avoir une "bite size", (le [i] se prononcant [aille]... et la traduction etant: de la taille d'une bouchee), et quand bien meme j'obtemperais, l'organisatrice menaca alors de decouper mes madeleines en 2...
Me promettant de lui faire regretter son geste si elle approchait de mon stand avec un couteau, je me voyais deja en train d'appeler l'ambassade et Cyril Lignac pour reporter un incident diplomatique.
C'est alors que j'ai compris que le plus en danger n'etait pas la culture francaise:

Le jour J, un gars est entre dans la salle, vetu comme un gladiateur, si si, un GLA-DIA-TEUR...
Donc, avec une jupette en cuir sur les fesses et un "tupper" de boulettes de viande a la sauce tomate a la main.
J'ai glousse et lui ai dit: "Vous, vous etes l 'Italie!"

Il a du sentir que j'etais une comique parce qu'apres, c'est pas complique, ca a degenere... assez rapidement...
5 minutes plus tard, Cesar se rapproche de moi et me glisse d'un oeil de velours et dans un anglais parfait: "Vous connaissez l'Italie?"
Moi: Oui, on adore! On a visite Rome, Naples et Pompei il y a 2ans , et la Toscane, il y a quelques annees et un peu la vallee d'Aoste... Et vous, vous etes d'ou alors?
Cesar: Dallas! En fait, je ne suis jamais alle en Italie..." d'ou la jupette probablement...et devant mon air supris: "Mais, mon pere y est ne..."

Bref, digerant l'information, je suis alors accostee par une charmante dame tres blonde avec de jolis yeux bleus et un tee shirt proclamant "Swedish chick" (nana suedoise)! Comme je suis d'un naturel sympa, je lui dis que j'ai garde un fort bon souvenir de Stockholm quoique j'ai bien failli y laisser une oreille givree...
Elle: Je peux pas vous dire, ma grand mere y est nee mais moi, je n'ai jamais mis les pieds en Suede!!

A ce moment-la, une jolie jeune femme debarque en trombe a cote de moi, pose une espece de gratin improbable a cote de mes gateaux, et m'explique en anglais, que sa famille est francaise  d'origine (bien sur et moi je suis Rihanna) et me demande a voix basse: "Et vous avez un accent vous?"
Et ben, cherie, si tu me demandes si j'ai un accent c'est qu'on a clairement jamais cause ensemble!!

Sur ces entrefaits, je me retourne car la pseudo irlandaise dans mon dos se met a sautiller frenetiquement genre Michael Flatley sous acid, les bras le long du corps et les guiboles en l'air...
Et je sens a son air que Cesar va retenter une approche, ca ne rate pas:
"-Comment les femmes francaises font-elles pour etre aussi minces?"
Finalement, il a VRAIMENT des origines italiennes!!
L'Homme n'est pas tres loin, mon gars et si tu veux garder toutes tes jolies dents blanches d'americain, va discuter avec la pseudofrancaise au gratin douteux...

Mais je n'ai pas le temps et la, BAM!, 2eme intervention cruciale de Cesar: "Et sinon, pendant la guerre, le sud de la France a ete occupe?"
Toi, tu sais parler aux femmes, hein?
Du coin de l'oeil, j'apercois ma copine americaine qui leve les yeux au ciel, l'air reellement atterre.
Moi:"Ben, en fait, les italiens ont occupe le sud de la France..."
Je suis carrement hilare, ma copine americaine se tient le visage, consternee...
Et Cesar, super embarrasse:"Euh, je m'excuse alors..."

"Errare humanum est" Asterix

Finalement, soiree fructueuse, qui a demontre que les americains sont tres fiers de leurs origines europeennes, et qu'il n'existe de gueguerre entre le vieux et le nouveau continent que dans les discours des politiques et un peu pour le folklore...


mercredi 11 septembre 2013

Glen Canyon Dam et le Horseshoe Bend


Arrivés de nuit, sains et saufs, à Page, en Arizona, sur les bords du Lake Powell, nous n'avons découvert les lieux qu'au petit matin.

Un pur enchantement:
Des gens marchaient dans les rues, des enfants faisaient du vélo, des chiens aboyaient. Tellement différent du Texas!!! Nous n'étions pas étouffés par cette invraisemblable impression d'avoir emménagé dans une ville fantôme...
Cette ambiance chaleureuse nous ravissait au plus haut point et nous donnait envie de partir à la découverte de la ville. Nous nous sommes donc dirigés vers le Glen Canyon Dam, le barrage situé à la sortie de Page:






C'est le 4ème plus grand barrage des Etats-Unis, il approvisionne en eau les villes de Denver, Las Vegas, Los Angeles... Le Lake Powell est le 2ème plus grand lac artificiel d'Amérique du Nord. Juste pour le plaisir et puis parce que j'aime Norman Rockwell, (et surtout, parce que son interprétation se passe de commentaire...) voici le Glen Canyon Dam de N. Rockwell:



Bref, maintenant que j'ai bien plombé l'atmosphère, je ne vais pas en rajouter en t'expliquant que le fleuve Colorado n'est plus le fringant jeune fleuve qu'il était et, que même si ses crues subites font trembler tout le monde, qu'il traverse le Grand Canyon en star de cinéma et qu'il peut revendiquer la paternité des plus beaux paysages de l'Ouest, il ne ressemble plus qu'à une pissette, arrivé chez nos voisins du Mexique...

Non, non, je ne t'en parlerai pas, par contre, je vais te raconter notre "sortie" au Horseshoe Bend, le méandre du fer à cheval.

"Ne prenez pas vos chapeaux, avec ce vent ils vont s'envoler!" a crié l'Homme au moment où nous nous éloignions de la voiture, en tongs...
Tu sais qu'en te racontant cette histoire, je risque mon mariage? Remarque, il a survécu à Las Vegas, il devrait survivre à ça... (sois patient j't'ai dit...)
Alors sois attentif, je vais pas raconter 20 fois...

Pour organiser ce voyage, je me suis bien documentée, guides, cartes, avis et conseils glanés de ci de là... et puis pas mal inspirée de blogs de voyageurs avisés... Notamment un, dans lequel la visite du Horseshoe Bend, puisque c'est bien de lui qu'il s'agit, était décrite comme une petite promenade de santé vers un point de vue extraordinaire, 800m aller sur du quasi plat, faisable en tongs...
En effet, vue du parking, la petite montée est ridiculement courte et gérable, et l'on distingue quelques personnes, au sommet, fort probablement en train de prendre des photos à l'ombre sous l'abri...
Je n'en doute pas une seconde, car comme je l'ai déjà expliqué, les américains sont les rois de l'entertainment: tourisme? spectacle? Avec eux, pas de surprises, TOUT est toujours au point:
-tu as soif, tiens, une fontaine!
-un petit pipi? des toilettes!
-une photo souvenir? un rocher est installé face au point de vue pour poser l'appareil!

Et le summum: où que tu ailles, homme valide, sache que le moins valide te suivra...
Et là où tu mettras 3h à grimper, en bus, 2 minutes je mettrai.


Je ne doute donc pas une seconde que l'abri au sommet est LE point de vue...

Mais, arrivée en haut:


 Je n'allais quand même pas faire demi-tour, même si, au fur et à mesure que l'on avance, mes pieds glissent dans le sable, mes genoux craquent, le sable me fouette les cuisses, la sueur commence à ruisseler dans mon dos, et surtout, je croise des gens exténués, qui ont la mine anormalement violacée...

A l'arrivée, le point de vue est exceptionnel, à plus de 300m en contrebas coulent les eaux émeraudes du Colorado...
Aucun garde-fou pour empêcher les visiteurs de faire le grand saut... les enfants rampent sur les rochers avec nous pour s'approcher et contempler la vue...







On s'esbaudie un moment, mais la perspective de devoir repartir à la voiture nous fait un peu peur...
Nous commençons donc la remontée, c'est dur ... il fait chaud ... on doit atteindre allègrement les 40°C, les pieds glissent maintenant en arrière, le sable est bouillant, je suis liquide et mon mari, pour me motiver, déclare qu'il a clairement entendu un serpent à sonnettes dans les buissons...

Nous croisons alors, à mi-chemin de la falaise, un groupe de japonais, qui descend au pas de charge; les femmes sont couvertes de chaussettes de bras, de masques anti-UV Vadorien et coiffées de voiles opaques: et ils ne sont pas en tongs, eux...

Arrivée sous l'abri, je me jette sur le banc à l'ombre, que je dois partager avec un autre français, jeune, cuit, qui m'explique en haletant bruyamment qu'il n'aurait pas dû boire de bières à midi, et qu'il a l'impression qu'il va crever là...
Nous nous réconfortons mutuellement, et je commence à m'inquiéter sérieusement de mon avenir, ou plutôt de l'existence d'un avenir, quand je vois mon mari, (sûrement pris de remords, à cause du chapeau...) partir en courant dans la descente et remonter avec une bouteille d'eau et m'arroser nerveusement avec...

La dernière partie du trajet s'effectue sans encombres: je dévalle la pente les pieds ensablés, une tong à la main, mes tempes cognent aussi vite que mon coeur et je ne transpire même plus, j'ai plus d'quoi...

Un coup d'oeil dans le rétroviseur me renseigne sur mon compte:
Je suis pourpre.
Les japonais, eux, sont déjà de retour, l'appareil photo en bandoulière, en file indienne, en train de remonter dans le bus...

Il nous a fallu un petit moment pour retrouver nos esprits dans la fraîcheur de la climatisation de la voiture... Le temps de décider ce qui pourrait soutenir la comparaison après cette sortie. On n'a pas cherché longtemps:





Page, surnommée The Hub of the Grand Circle, le Centre du Grand Cercle, est située au centre d'un cercle imaginaire de 800kms de diamètre incluant Bryce, Zion, Le Grand Canyon, Arches, Canyonlands et encore bien d'autres merveilles naturelles...



samedi 7 septembre 2013

Wild Wild West

J'ai hésité longuement avant de te raconter mes fantastiques vacances, je ne voulais pas paraître désagréable et étaler le bonheur complet de ces incroyables 3 semaines sur les immenses routes de l'Ouest americain, alors que toi tu as zoné entre un Var surpeuplé et des Bouches du Rhône polluées, quand tu n'as pas eu a arpenter une Vallée du Rhône congestionnée...

Alors, oui, parlons de moi, tu vas voir, ca va te réchauffer, parce que je sais que tu as sorti ta petite laine ces derniers jours et que tu as commencé à regarder la couette (que tu avais rangée à la fin de l'hiver, le 15 juin...) d'un air de bravade...

Installe-toi dans ton fauteuil, avec ton plaid et ta tisane, je vais te faire rêver un peu...


Tout a commencé au mois de juin...

On a decidé de mettre la barre à l'Ouest, vers les grands espaces, vers les grands parcs, les longues routes au milieu du désert et les splendides paysages sauvages à perte de vue...
On partait de Dallas avec le Toy, le veau à 8 places, avec dans la ligne de mire, Las Vegas, pour le plus grand plaisir de tous (oui oui, c'est ironique, sois patient, on va y revenir)...




Nous étions prêts, ou nous croyions l'être jusqu'à ce qu'une amie américaine habituée de ce genre de périple, me demande à l'oreille d'un air entendu: "Vous avez une arme!"
Lui avouant que non, je notais en mon for intérieur, sur la liste des trucs à ne pas oublier, entre le dentifrice et le doliprane: "acheter une arme".
Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai fait une croix définitive sur le camping sauvage, surtout quand elle a rajouté en montrant du doigt sur la carte: "Ici et ici, c'est pourri de serpents à sonnettes"...

Nous avons donc levé l'ancre au petit matin, en direction d'Albuquerque, au Nouveau Mexique; après 12 heures de route, nous avons débarqué dans un camping balayé par un vent brûlant, où le ciel était obscurci par la fumée des incendies, où le sable et la poussière se disputaient pour tourbillonner dans les allées, et où une piscine tiède recouverte d'une nappe d'huile nous tendait les bras...

Pour une première halte, c'était parfait: nous n'avons même pas déplié la tente et nous sommes partis à l'aube, pour ma part en me promettant de ne jamais remettre les pieds dans cet endroit, quoiqu'il nous ait offert la première rencontre sauvage de notre périple:



un roadrunner, ou géocoucou, Bip-Bip quoi!!!


A midi, nous sommes entrés dans Gallup, petite ville traversée par la Route 66, bordée de motels et de diners et dont l'intérêt principal est de centraliser la vente des bijoux indiens... et de voir passer tous les 10 minutes des convois de centaines de wagons sur la voie ferrée qui longent la rue principale...



Ca m'ennuie un peu de l'avouer mais on a un peu visité le Canyon de Chelly au pas de charge... je m'explique: j'avais organisé le programme des vacances et le coucher du soleil m'attendait pour le soir même au-dessus de... Monument Valley... et je l'attendais avec une grande impatience...
Et puis mes 3 premières photos sont quand même pas terribles, et tu vas finir par te lasser et aller te coucher avec les pieds froids.
Alors, bon, le Canyon de Chelly, tu prononces "di chay" pour montrer que oui, tu l'as vu et tu as lu le panneau:







 Dans mon esprit ne pourra JAMAIS rivaliser avec CA:





Le top du coucher de soleil, tellement grandiose, que tu te demandes si ce n'est pas un décor posé là derrière toi... ben, non, tu y es, c'est toi qui es rentré dans le décor, celui des vieux westerns que tu regardais le mardi soir avec Eddy sur fr3...

C'est tellement beau et tellement imposant et inattendu, que nous sommes restés jusqu'au dernier moment... jusqu'à ce que la pénombre nous déloge...

Je crois que c'est le moment opportun pour un intermède culturel malgré ton attention vacillante. Alors, du coup je vais tenter de la faire courte parce qu'il faut bien expliquer pourquoi l'Ouest américain est si riche de paysages hors du commun.
Il y a fort longtemps, genre super longtemps, avant Grey's Anatomy, tout cet immense plateau du Colorado:


qui représente environ 400 000 km2 et court sous 4 états (Utah, Colorado, Nouveau Mexique et Arizona) étaient submergés par les eaux. Au cours du temps, tu te doutes que ça s'est pas fait en 3 jours, le plateau s'est soulevé, et l'eau a modifié le relief en créant des fleuves, des lacs et en creusant des canyons...
Mon explication est simpliste mais d'un autre côté je ne crois pas que mon blog soit la ressource principale des géologues et j'ai un lectorat à tenir en haleine, moi...
Car mon histoire de Monument Valley pourrait s'arrêter là mais, je vais tenter un cliffhanger (si tu regardes des séries, comme moi, ce qui explique aussi que tu ne sois pas géologue, tu sais que le cliffhanger, c'est retenir le spectateur dans un suspense insoutenable jusqu'au prochain épisode...).

Regarder le coucher de soleil était très-très enthousiasmant, mais on commençait à avoir un peu faim, et moi quand j'ai faim je deviens rapidement chonchon...
On a donc attrapé la Bible des causes perdues, le Routard, et découvert que pour le coup, c'était sacrément mal engagé:
Pas un troquet ouvert après 9h à Kayenta, le patelin en question.
Tout était en effet fermé, sauf un horrible bouge dont je taierai le nom... sauf que c'est un film des années 80 et que Lambert et Adjani s'y promènent dans le métro... (oups! en aurais-je trop dit?)
Bref, nous avons poussé la porte et là, j'ai cru que la guerre bactériologique avait éclaté en notre absence...On a tenté de se substenter avec quelques chips, on avait quand même 2h de route pour rallier notre motel. Si tu nous connais bien, tu sais qu'un trajet de 2h nous en prend 4, parce qu'on aime bien regarder les lapins qui détalent sur les bords de route, prendre des photos de la flore et aussi j'ai une vessie grosse comme un sachet de thé et on a 2 enfants...
J'ai donc peu mangé et bien m'en a pris, car en plein désert d'Arizona, par un soir sans Lune, sans éclairage public, et pas de patelin à traverser... sur une route dont on ne devinait que ce qui se présentait dans la lumière des phares, c'est à dire pas grand chose, mon estomac faisait littéralement des noeuds.
Tu veux savoir si nous nous en sommes sortis? et où nous sommes arrivés?
Ca ne tient qu'à toi de le découvrir...