samedi 20 juin 2015

Austin, Houston, le Capitole, des lois, des armes et des morts...


Pour la première fois nous sommes allés visiter LA capitale du Texas, Austin.
Pour moi Austin, quand j'étais petite, c'était le nom de famille de Steve, le cosmonaute borgne un peu bling bling des années 80. Quelle découverte donc d'apprendre qu'il s'agit surtout de la capitale du Texas.
Comme tu le sais depuis que j'ai potassé l'Histoire du Texas, je suis intarissable sur le sujet, et en plus je suis bavarde.
Tu as ma permission pour sauter directement au prochain paragraphe si tu ne veux vraiment pas te cultiver un peu et briller en société...

En 1836, le Texas proclame son indépendance suite à la guerre contre Santa Anna, que je t'ai déjà raconté . Le premier président élu est Sam Houston.

Sam

A la maison, on l'aime bien.
Sam a passé beaucoup de temps dans une tribu Cherokee dans le Tennessee, il a appris la langue et a même été adopté par le chef de la tribu.
Il est le seul gouverneur d'un futur état confédéré à rejeter la proposition de faire sécession.
Autre chose, Sam ne suce pas que des glaçons et ça n'a pas toujours joué en sa faveur...
Bref, il décide d'installer la capitale à Houston, (on n'est jamais si bien servi que par soi-même) alors que l'emplacement n'est pas très judicieux. La ville est près de la mer, et les moustiques pullulent dans les marais, et qui dit moustiques dit maladies...

Sam ne peut se présenter pour un 2 ème mandat, c'est Lamar qui prend sa place (celui-là a beaucoup moins nos faveurs) et ce dernier s'empresse de déplacer la capitale, Houston, vers Austin du nom de Stephen Austin, héros texan, le Père du Texas. Austin est situé près des territoires indiens et est difficile à réapprovisionner.
Ça devait aussi clairement lui arracher la bouche, à Lamar, de dire "Chérie, je vais à Houston pour le week end.". Sinon, sa politique concernant les Indiens est claire: au moins il y en a, au mieux il se porte...
En attendant, la dette du pays est colossale, les guerres enfoncent la petite République. Lamar, ne fait rien pour l'endiguer. Outre se débarrasser des Indiens, il soutient l'indépendance du Texas contre vents et marées et l'expansion du Texas vers l'Ouest...

Sam est finalement réélu après Lamar, il affirme que le Texas, noyé dans les dettes, ne peut pas s'en sortir seul et doit rallier les Etats-Unis.
Il va aussi bêtement tenter de ramener la capitale à Houston...
Les Comanches ont attaqué à plusieurs reprises Austin et les fervents défenseur de Houston pour capitale s'en servent pour stimuler l'opinion.
En 1842, après une brêve incursion des Mexicains en territoire Texan, Houston va saisir l'opportunité et faire charger toutes les archives dans des chariots pour les ramener à Houston, au nez du congrès qui a clairement statué contre!
Toutes les archives sont sur le départ, lorsqu' Angelina Eberly, une habitante d'Austin avec un tempérament de feu, sort de chez elle et se dirige vers un canon placé non loin de là et tire à plusieurs reprises sur les hommes de Sam, en train de déménager!
Les hommes de Houston s'enfuient et les archives sont installées définitivement à Austin...



Donc Austin, est la capitale du Texas, et aujourd'hui, crois-moi, on peut y aller pour le week end, sereins et décontractés, la seule chose qui puisse t'arriver, c'est un coup de soleil!

La façade du Capitole orné des 6 drapeaux ayant flotté sur le Texas




L'Histoire du Texas en sculpture

Vu d'en haut, sous la coupole, les 6 drapeaux, tu les reconnais tous?
La France (les fleurs de lys), l'Espagne. la République du Texas, les Etats Confédérés d'Amérique et les Etats Unis.

Le capitole est superbe et mérite le détour. On l'a visité un dimanche et surprise!





Les sénateurs étaient en pleine session, accompagnés pour certains de leurs rejetons endimanchés en train de dessiner ou pianoter sur leurs tablettes.
La question débattue va te faire dresser les cheveux sur la tête puisqu'ils discutaient de passer une loi permettant de porter des armes sur les campus.
Les panneaux d'affichage sur les côtés portent le nom des sénateurs et permettent le comptage des votes.
Tu seras enchanté d'apprendre que la majorité a voté oui et que dorénavant, les élèves et les profs pourront se rendre en cours, armés, pour pouvoir se défendre au cas ou un fou dangereux ferait irruption. Evidemment, il est tout à fait improbable et ridicule d'imaginer qu'un prof en plein burn out, un élève revanchard mal noté ou le coeur brisé par sa chérie en profite pour décharger son arme automatique en plein cours...

Il y a deux jours, un fou a ouvert le feu dans une église de Charleston, une jolie ville de Caroline du sud, que nous avons visité l'année dernière.

Selon Charles Cotton de la NRA, la faute en incombe au pasteur qui refusait le port d'armes dans son église. "Ces innocents sont morts à cause de sa prise de position dans un problème politique".
"Eight of his church members who might be alive if he had expressly allowed members to carry handguns in church are dead. Innocent people died because of his position on a political issue.”

Obama a pris la parole, déplorant qu'il devait le faire bien trop souvent à son goût pour ce genre de raisons.

"At some point, we as a country will have to reckon with the fact that this type of mass violence does not happen in other advanced countries. It doesn’t happen in other places with this kind of frequency. And it is in our power to do something about it.”

Comme aurait dit Hamlet, "il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark"


Un peu d'histoire (suite)


C'est en visitant l'Ouest que l'histoire du Texas nous a sauté aux yeux. Certaines villes et certains paysages sont fixés dans le temps.

Le diner de Fort Davis, très années 50.

La banque de Fort Davis, sur la rue principale.

Un moulin à vent ici, une vieille banque là, on a visité un vieux fort, le Fort Davis, dont il ne reste pratiquement rien aujourd'hui, mais on a appris l'origine des Buffalo Soldiers, et oui, ceux que célébrait Bob Marley!
Il s'agit des régiments uniquement composés de Noirs qui construisaient les forts, les avant-postes, les routes, utilisés par les familles qui partaient vers l'Ouest.
Suite à la guerre de Sécession, le gouvernement autorise la création de régiments, uniquement composés d'Afro-Américains, des régiments de cavalerie et d'infanterie.
Ce surnom leur a été donné par les indiens en rapport avec leur chevelure noire comme la fourrure des bisons mais aussi pour leur courage et leur ténacité dans la bataille. Souvent menés par des officiers blancs, ils ont gagné leur liberté en combattant pendant les guerres indiennes...
Quelle époque délicieuse!
Quand je te disais que l'Histoire du Texas valait bien la sauvagerie de notre propre Histoire.



Puis on a visité des maisons où vivaient des familles de pionniers, qui quittaient l'Est du pays et décidaient de gagner ces terres où ils avaient l'impression que tout était  possible.
En plein désert de rocailles aux pieds des Guadalupe Mountains, je me suis demandée plus d'une fois comment les femmes survivaient: elles élevaient leurs enfants loin de tout, dans des températures extrêmes, loin de la ville, sans eau courante, sans voisinage.
Pas de place pour la faiblesse.
Dans ce décor, une famille s'y est établie et une fois par semaine, les parents et les enfants cheminaient toute la nuit pour aller vendre leurs produits sur le marché.


Evidemment, on peut se dire qu'en France, certains paysans en faisaient tout autant.
La grosse différence, ce sont les températures texanes, le danger de rencontrer serpents, renards et coyotes et/ou indiens agressifs.
Perso, je n'aurais pas tenu une minute.T'as gagné, Darwin! Je n'aurais pas survécu là-bas: Un bébé malade en plein centre ville et je paniquais, alors au fin fond du Texas...

Le manque d'eau est aussi un problème dans ces contrées reculées. On a souvent croisé ces petits moulins à vent:

Ils sont appelés "windmills", donc la traduction littérale de nos bons vieux moulins à vent, sauf qu'ici, ils sont petits, sont pourvus d'une "tail", le petit gouvernail qui s'oriente selon le vent, et surtout ils servent à pomper l'eau du sous-sol. Un bon moyen d'irriguer son champ et de créer des abreuvoirs pour son troupeau qui se promène sur des hectares de terre.

D'ailleurs, ces grosses bêtes profitent de l'espace qui leur est offert et ont tendance à se mélanger avec les vaches du voisin...
C'est à cette époque que le fil de fer barbelé fait son apparition, permettant aux ranchers de délimiter leurs terres, de protéger leurs bêtes, de protéger leurs champs.
Facile à installer, efficace: inventé en 1867, il révolutionne l'Ouest.

Un ranch à quelques minutes de Bedford

Encore aujourd'hui, lorsqu'on visite le Texas, on découvre ses ranchs immenses, protégés par du barbelé, des champs à perte de vue et des entrées de ranchs imposantes.










mercredi 17 juin 2015

Un peu d'histoire...

Coucher de Soleil sur l'Ouest du Texas entre Alpine et Marfa...

Il fait chaud dehors, la clim et le chat ronronnent, c'est une bonne journée pour discuter un peu. Je vais essayer d'être claire et concise. Je vais essayer de suivre le conseil de John Wayne:  "Talk low, talk slow and don't say too much". (parle bas, parle doucement et n'en dis pas trop)

En 7ème grade, la 5ème en France, le cours d'histoire porte intégralement sur l'Histoire du Texas. Au début, évidemment, franchouillarde, j'ai râlé, trouvant que c'était un peu restrictif.
Comment ça? Les enfants vont se voir épargner les longues listes de rois sadiques et sournois dont les règnes ont jalonné l'histoire de France?
Et bien, finalement, le Texas a aussi son lot de joyeusetés historiques, massacres et trahisons, tu seras ravi de l'apprendre.

Tout a commencé au Texas dans ces immenses plaines où les couchers de soleil te révèlent chaque soir une nouvelle nuance de pourpre...
Les bisons y vivaient, bonnards, sur une chouette superficie qui ferait baver d'envie quelques agents immobiliers, qui s'étendait du Canada au Sud du Texas. Principale source de subsistance des tribus indiennes, ce petit monde se trouva bouleverser quand l'Homme blanc, notre ancêtre à tous, décida de faire main basse sur ces terres.
D'abord en chassant les bisons... jusqu'à l'extinction.

Un bon chasseur pouvait tuer plus de 60 bêtes en 2 heures.
Le gouvernement encourageait le massacre des bisons, persuadé que si la nourriture principale des indiens venaient à manquer, ces derniers finiraient par rejoindre les réserves. Le choix était simple, résister et mourir de faim ou plier et rejoindre les réserves...
Inutile de préciser qu'en quelques années, le "problème indien" a été réglé et les bisons sont devenus une espèce en voie de disparition.

Une fois, la menace indienne écartée, la place était faite pour que les nouveaux arrivants viennent s'installer et commencent l'élevage des vaches.
Pourquoi les vaches précisément vas-tu me dire?

Parce que le terrain s'y prêtait bien.
Le climat et la géographie du Texas étaient propices à l'élevage, et les pâturages semblaient s'étendre à l'infini.
Les ranchers Texans ont subi 2 influences, d'abord les ranchers venant des Etats Unis ont apporté avec eux les techniques des anglais: des troupeaux plus petits, derrière des barrières, et des gars à pied.
Petits joueurs les British...
Puis, influence espagnole en passant par le Mexique: des ranchers à cheval, qui travaillent avec des troupeaux en liberté, et des lassos...

Les Texans ont allié le meilleur des deux et créé leur style propre... le style sexy.